Vous avez rêvé d'odyssée? L'anglais Garth Davis vous en offre une, les bras ouverts de générosité.
Pour son premier film et dans un classicisme académique, Davis filme organiquement, le "vrai" parcours du combattant d'un enfant perdu et vaillant, puis celui d'un adulte déterminé et tourmenté, à l'incroyable mémoire.
Il en profite pour nous faire pénétrer hors des sentiers battus de l'Inde, d'un Kanhdal sauvage et pauvre à l'ouest, au délabrement d'un Calcutta à 1600 km, surpeuplé et pollué. Tout cela, bien avant de nous convier à la beauté insulaire de la Tasmanie (île australienne). Le dépaysement est total et le biopic s'installe, à la lisière du film social ...
Avec ses vues du ciel somptueuses, ce bijou photogénique, porté par une musique majestueuse, émerveille autant qu'il bouleverse.
Après avoir suivi pendant près d'1 heure les détresses chronologiques d'un enfant à l'incroyable magnétisme, interprété par Sunny (5 ans), le réalisateur choisit l'ellipse et passe à l'âge adulte, en défragmentant son récit.
C'est alors que moments passés et présents se répondent constamment et s'emboîtent. Des flash-backs anecdotiques certes, qui permettent pourtant au spectateur de se rapprocher chaque fois plus du personnage principal, de donner de l'envergure au présent et de porter ainsi, davantage la peine du personnage. C'est justement le montage audacieux, qui donne terriblement de relief et d'épaisseur à l'affect dramatique du film, dans sa seconde partie.
L'autre intérêt du film est le regard plein d'attention que pose le réalisateur sur ses acteurs, désireux de suspendre le temps plusieurs fois, pour laisser les protagonistes s'exprimer à coeurs ouverts. En ressort quelques fulgurances scéniques, comme l'échange clé entre l'acteur Dev Patel et sa mère adoptive, interprétée par l'exceptionnelle Nicole Kidman, où on atteint des sommets d'interprétations.
"Lion" est donc l'authentique odyssée d'un humain qui se bat, pour renouer avec son passé, mais pas seulement!
Ce film est aussi le combat contre l'oubli de Dev Patel, acteur qu'on avait laissé ado-roi dans "Slumdog Millionaire" et qui revient ici, par surprise, vigoureux et fort, adulte et habité par le rôle. Pour avoir autant pris la lumière et l'avoir si bien fait rejaillir sur nous, l'acteur à l'incroyable capital sympathie, devrait repartir dimanche, avec l'Oscar du meilleur second rôle masculin. De quoi "rugir" de plaisir ...