Situé au début de la Guerre Froide, Le Pont des Espions est inspiré de l'histoire vraie de James Donovan (incarné ici par Tom Hanks), un avocat spécialisé dans les assurances qui s'est fait engager par le gouvernement américain pour défendre un espion russe, Rudolf Abel (Mark Rylance). Alors que Donovan était réticent à accepter ce travail, de peur de devenir une cible en ces temps de paranoïa, il a fini par prendre la défense d'Abel par fidélité pour ses principes. Pendant le procès, Donovan et Abel ont développé un lien inattendu basé sur le respect mutuel et l'engagement pour leurs idéaux. Steven Spielberg a souhaité rester au plus proche de leur histoire.
Le Pont des Espions marque la première collaboration entre Steven Spielberg, derrière la caméra, et Joel et Ethan Coen, au scénario. Néanmoins, le réalisateur avait été producteur délégué sur True Grit en 2011. Au niveau de l'écriture, les Coen ont retravaillé un premier jet écrit par Matt Charman, en se focalisant sur les dialogues et la narration. Pour l’anecdote, les deux frères ont déjà travaillé avec Tom Hanks sur Ladykillers en 2004.
Un premier projet d'adaptation a failli voir le jour en 1965, entraîné par l'enthousiasme de Gregory Peck qui devait interpréter James Donovan. En face, Alec Guinness avait accepté le rôle de Rudolf Abel sous la plume de Stirling Silliphant, auteur entre autres de l'Aventure du Poséidon original. C'est MGM qui mit un terme au projet, soucieux de ne pas envenimer une tension renforcée alors par la crise des missiles cubains et le débarquement de la Baie des Cochons.
Le précédent long-métrage de Steven Spielberg, Lincoln, s'intéressait au combat du 16ème président des Etats-Unis contre l'esclavage. Selon lui, James Donovan, avocat affrontant seul une guerre de l'invisible et protagoniste du Pont des Espions, présente un courage similaire à celui de l'ex-président. Un rapprochement qui a poussé le réalisateur à accepter le projet.
Le mythique réalisateur retrouve pour une quatrième fois Tom Hanks, son acteur fétiche, après Il faut sauver le soldat Ryan (1998), Arrête-moi si tu peux (2002) et Le Terminal (2004). Côté petit écran, les deux géants du cinéma ont collaboré sur les mini-séries Frères d'armes et Band of Brothers: L'Enfer du Pacific. Ils se sont croisés pour la première fois sur Une Baraque à tout casser, en 1986, où Steven Spielberg officiait en qualité de producteur exécutif.
Le titre provisoire du film pendant le tournage était "St. James place". Le nouveau titre fait directement référence à un vrai pont situé à Berlin, le Glienicke. Avant la réunification, il reliait le secteur américain de Berlin-Ouest et le secteur soviétique qui formait la RDA.
Exit John Williams. Pour la première fois depuis La Couleur Pourpre en 1985, le célèbre compositeur ne signe pas la bande originale du film de Steven Spielberg. Si Williams était initialement rattaché au projet, des problèmes de santé l'ont contraint à laisser sa place à Thomas Newman.
Le père de Steven Spielberg a participé à un échange pendant la Guerre Froide. Il est parti en tant qu'ingénieur en URSS, juste après que Francis Gary Powers soit tué, alors que la tension entre les deux nations était au plus haut. Il a profondément ressenti l'hostilité envers les Américains. Son récit a inspiré le réalisateur.
Le tournage du Pont des espions a débuté en septembre 2014 et a duré près de 12 semaines dans divers pays tels que les Etats-Unis, l'Allemagne, et la Pologne. L'équipe du film a souhaité se rendre là où les évènements historiques ont vraiment eu lieu. La production européenne a démarré à Berlin, à l'endroit où l'échange des prisonniers Abel et Powers s'est produit, sur le célèbre pont de Glienicke. Pour filmer les séquences du mur de Berlin, la production s'est également rendue à Wrocław en Pologne qui ressemble plus à Berlin Est en 1961 que Berlin elle-même en raison de son état de délabrement économique. Une partie du film a également été tournée dans la base aérienne de Beale, en Californie.
Une des séquences montre Rudolf Abel traqué par le FBI dans le métro. La production intégra les sous-terrains de Brooklyn et put obtenir de véritables wagons des années 60. Autorisée à tourner en seulement une matinée à la station Broad Street, la production dut retirer les affiches publicitaires, changer l'éclairage et modifier les lieux du sol au plafond pour apporter le maximum de crédibilité à l'image. En quelques heures, le tournage fut achevé et l'équipe a fait machine arrière en quatrième vitesse, afin d'accueillir à temps les voyageurs quotidiens.
Kasia Walicka-Maimone, chef costumière, a porté une attention toute particulière à la reconstitution du Pont des Espions, à cheval entre les années 50 et les années 60. Les 300 figurants furent équipés de couleurs bien précises (vert, bordeaux et jaune pour les femmes et marron, gris et bleu marine pour les hommes lors du passage à New York) et de costumes sur mesure.
Francis Gary Powers Jr, le fils du personnage campé par Tom Hanks, également fondateur du Musée de la Guerre Froide, a participé au film en tant que consultant et fait même un petit caméo.
Tom Hanks et la Guerre Froide ? Cette combinaison n'est pas une première. En effet, La Guerre selon Charlie Wilson, le film de Mike Nichols sorti en 2008, proposait déjà une analyse géopolitique du conflit qui opposa la Russie aux Etats-Unis.
Le Pont des Espions ne comporte aucune musique durant les vingt premières minutes. Un choix que Steven Spielberg a pris après être tombé amoureux de New York et de la symphonie de bruits qui s'en dégage. Il prit alors la décision de ne travailler que les sons.
Steven Spielberg a choisi d'utiliser des lentilles anamorphiques pour tourner ce drame historique, ce qu'il n'avait pas fait depuis Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal en 2008 et Hook ou la revanche du Capitaine Crochet en 1991.
Steven Spielberg a confié au magazine Entertainment Weekly qu'il aurait choisi William Holden pour le rôle de James Donovan, si il lui avait été possible de réaliser une adaptation de l'histoire 50 ans plus tôt. Tom Hanks de son côté aurait plutôt vu James Stewart dans le rôle, acteur souvent caractérisé par sa qualité de monsieur tout le monde attachant et courageux.
Le cinéma américain a vu refleurir le genre de l'espionnage cinématographique en cette année 2015. Bien que produit en 2014, Kingsman : Services Secrets a ouvert le bal français en début d'année, bientôt suivi par Spy, Mission: Impossible - Rogue Nation, Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E et même Charlie Mortdecai, comédie où les services secrets rôdent. A la fin de l'année, le légendaire James Bond donne un clap de fin d'année au genre avec 007 Spectre.