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    Paterson
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    Soren.K
    Soren.K

    45 abonnés 28 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 mai 2017
    Sublime. Voici l'un des rares films où l'on pourrait croire qu'il ne se passe rien, alors qu'en fait il se passe l'essence d'une vie, un quotidien.
    Une répétition incessante de matière, comme un vide que l'on comblerait sans cesse : voilà ce qu'est la poésie. Une manière d'aborder notre vie, en lui conférant un sens nouveau, un émerveillement banal, épuré, tranquille.
    Et quelle beauté de cinéma. Des plans exceptionnels de simplicité, de profondeur, une bande son envoûtante d'à propos, des acteurs dont on dirait qu'ils découvrent eux-mêmes une manière de se représenter les choses, de ressentir, et une réalisation lente, errante, qui est un décor au temps qui passe, une scène d'infini.

    Voici la vie. Dans ses routines, sa simplicité, son utilité, sa délimitation temporelle et sensorielle. Il y a un couple, sans problèmes, unique et singulier comme tous, qui se lève le matin et se couche le soir, et entre temps occupe sa journée à préparer celle du lendemain, par le travail, le mouvement, la pensée...
    Chaque jour la même chose, à une différence près : celle de l'esprit. Paterson est poète. Il écrit. Il nous raconte ses journées, sous un angle toujours plus imprévu, inédit, alors que pourtant tout se ressemble.
    Mais une boîte d'allumette peut évoquer des choses, tout comme les événements monotones d'une ville, toujours nouveaux. La création est à portée de la main.
    Ainsi, tout se répète, le film entier est une duplication, à l'image de la présence nombreuse de jumeaux, à l'image de William Carlos Williams. Tout est duplicité, liberté ,enchaînement, lien. Et le film avance, comme si au montage on avait remis la même scène encore et encore. Pourtant, le film avance, inexorablement vers la fin, vers ce qu'il tend à être : Poésie.

    Qu'est-ce que l'existence ? Une répétition perpétuelle d'actions ayant pour but une survie matérielle, ou au contraire l'apparition soudaine, d'une fleur qui éclot, d'une pensée qui émerge, sensiblement, au milieu d'un cycle perdu : l'apparition d'une convergence, l'élévation d'une idée, d'une nouveauté, d'une action, d'un fait. Tel est le sens que Paterson nous propose. Au milieu de notre quotidien à l'apparence douteuse et ennuyante, que se passerait-il si l'on décidait de décaler notre journée d'une minute, de lui apporter un sens nouveau. Si l'on décidait de ne plus manger de simples céréales, de ne plus boire juste un café, de ne plus utiliser des "allumettes" mais de voir, goûter, sentir à la place des ces choses terriblement banales, une saveur particulière de la vie, admirer en elles l'écoulement du temps, la réalisation d'un moment sempiternel qui cache peut-être tant de choses, comme la définition de l'humanité ou de l'amour.
    Et si l'on décidait de regarder différemment le soleil lorsque l'on se lève, la lune lorsque l'on se couche, si l'on décidait d'insuffler à notre vie, une dimension d'inconnu, en plein coeur de cette répétition infernale ? Si l'on faisait de cette répétition, un art, une pièce, une histoire, dont chaque jour on formerait une particularité, si chaque jour s'écrivait d'une manière semblable, et pourtant unique, pour la simple et bonne raison que l'on pense, ou que l'on écrit, différemment, son histoire, dans notre tête et dans notre coeur ?
    Oui, respirons cet élan de sérénité, de calme, de placidité de l'instant, et voyons à travers Paterson ce que l'on ne peut voir en nous-mêmes, qui nous était peut-être fermé et qui nous ait maintenant certainement, ouvert pour toujours. Poésie, incomprise poésie, majestueuse poésie.

    Ce film est une éloge de la création poétique, une élégance de la manière de vivre, en harmonie avec la réalité qui nous entoure, dans la tranquillité et la tendresse des choses. Simple. Pur. Véritable. La source de la poésie est la première pensée que l'on porte sur chaque chose, que l'on accorde à nos mouvements, à notre vie, comme le goût du café ou de la bière qui reste présent toute la journée dans notre bouche, et que l'on oublie, mais qui reste là, pour nous rappeler que l'on a vécut aujourd'hui.

    Immense bravo à toute la réalisation et à Adam Driver pour ce moment d'honnêteté, poétique, vrai.
    Alice L
    Alice L

    169 abonnés 206 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 décembre 2016
    Le grand retour de Jarmusch!! Paterson est un film pleins de grâce et de poésie, Adam Driver et Golshifteh Farahani sont à la fois bouleversants, drôles et légers. C'est un film qui sublime le quotidien et donne envie de vivre, un chef d'oeuvre !!!
    Flaw 70
    Flaw 70

    262 abonnés 422 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Jim Jarmush est un cinéaste du calme et de l'introspection. Peut importe l'ampleur de ses sujets ou le genre de ses films, il préférera toujours l'onirisme d'un contexte que l'urgence de l'action. Ce qui le fascine, c'est le quotidien, celui qui régit la vie mais aussi celui qui est dicté par la mort et surtout l'amour. Ces contraintes qui façonnent un individu, modèlent une âme et construisent une vie. Avec Paterson, il arrive à l'apothéose de cette logique et offre une continuation logique à son Only Lovers Left Alive, qui voyait un couple d'immortel surmonter les contraintes de leurs quotidiens qui se voyait bouleversé à mis parcours. Ici, il cherchera à s'intéresser à l'éphémère. Ici le couple est prisonnier du temps qui passe (souvent montré à travers le défilement des jours mais aussi par les plans sur la montre du personnage principal) alors que dans son précédent film, les personnages étaient victimes d'un temps qui n'a plus d'emprise sur eux.

    Paterson a en ça quelque chose de plus concret, plus proche de son spectateur. Le quotidien subit par ses personnages est le nôtre. Il est autant une contrainte qu'il est une forme de sécurité, le couple trouvant une forme de stabilité à travers lui, le danger viendra seulement quand leur structure du jour le jour commencera à être menacé et à évoluer. Car sans repères, qui l'on est ? Qu'est ce qui nous définit ? Pour Paterson, le personnage principal, ses repères viennent de ses influences que ce soit les gens qu'il côtoie, des lieux qu'il fréquente ou des poèmes qu'il lit. Il devient un personnage méta, rien que par le prénom qu'il porte car Paterson est aussi le nom de la ville dans laquelle il vit mais c'est aussi le nom d'un poème de William Carlos Williams, le poète favori du personnage. L'homme, la ville et l'oeuvre vont finir par se confondre et se répondre sans cesse pour apparaître comme une seule et même entité, un phénomène du quotidien. Les trois sont ancrée dans le passé, l'oeuvre est un vieux poème, la ville est en pleine perdition et vit à travers sa gloire d'antan tandis que le personnage refuse d'aller de l'avant. Il ne veut pas se plier au technologie en refusant d'avoir un téléphone portable et le récit s'enclenche à la suite d'un rêve raconté par sa femme. Première scène du film où elle lui parle de son rêve où elle et lui avaient des jumeaux. Paterson croisera beaucoup de jumeaux durant la semaine où on le suit, interrogeant sa peur d'être père mais aussi sa peur de transmettre.

    Sa créativité est intériorisé, ses poèmes sont avant tout pour lui. Un moyen d'affronter son quotidien et de communiquer par lui-même et pour lui-même car en dehors de ça, Paterson est un homme de peu de mots. Contrairement à sa femme, beaucoup plus extravertie et qui fait de son art un moyen de partage parfois proche de la lubie. Sa manière de repeindre toujours les choses, de constamment créer de nouvelles choses ou encore de multiplier les rêves comme vendre des cupcakes ou devenir chanteuse de country. Rêves dont elle se donne les moyens de les accomplir. D'où la peur de Paterson quand elle lui parle de son rêve d'avoir des enfants. Les deux personnages sont l'opposé de l'autre, Paterson est quelqu'un au goût simple, qui ne veut pas faire de vagues alors que Laura est plus soucieuse de ce qui l'entoure et veut pleinement laisser s'exprimer sa créativité. Ils sont différents mais complémentaires ce qui en fait un couple qui fonctionne si bien. Un couple simple, loin des grandes déclarations et qui vit à travers le quotidien et il est admirablement servi par la lumineuse Golshifteh Farahani, toujours très juste, et le formidable Adam Driver. L'acteur dégage un charisme de dingue et une sensibilité impressionnante pour faire véhiculer tout les maux de son personnage. Habitué aux rôles de grands énervés, il trouve un rôle plus à sa mesure ici, Jarmush à compris son acteur et lui offre son plus beau rôle.

    Car Paterson est un personnage qui est défini avec beaucoup de subtilité et il y a une osmose parfaite entre la mise en scène, l'interprétation et l'écriture pour aboutir à cela. Le principal frein qui régit la vie de Paterson est son syndrome post-traumatique. Il suffira que d'un plan sur une photo, la structure presque militaire du quotidien du personnage et la performance meurtri de Driver lors d'une confrontation en fin de film pour comprendre cela. Le film ne cherche pas à en faire trop, ce qui le rend d'autant plus fort et tangible. Comme lorsqu'il parle de la poésie, nourrit des vers libres de Ron Padgett, et de l'art en général. Au fil de ses rencontres, souvent amusantes par ailleurs le film sachant se montrer très drôle et toujours très symboliques, le personnage se rend compte qu'il n'y a rien de particulier à sa poésie. Il est doué mais d'autres sont aussi doué que lui et il ne s'impose jamais comme un génie dans son domaine. Mais à travers ça, le film offre une bonne leçon. Le poète n'est pas un métier ni affaire de talent mais c'est une question de passion. L'artiste n'est pas défini par son art mais par son cœur, son envie de créer malgré l'échec et que le talent est subjectif, il est beau à travers notre vécu, notre quotidien.

    Par ce concept simple, Jim Jarmusch vient de résumer toute l'essence de son cinéma et fait de ce Paterson son oeuvre la plus intime mais aussi la plus profonde. Beaucoup pourraient y voir un film mineur car au final il ne s'y passe pas grand chose alors que tout ce qui fait le cinéaste est dedans. Il atteint ici l'apothéose de son style et offre une oeuvre quasi-parfaite, on déplorera peut être une scène un peu trop grossière en fin de film, celle qui pourrait faire office de "moment de tension". En dehors de ça, Jim Jarmusch offre une mise en scène harmonieuse qui sublime le quotidien de ses personnages, les scènes se ressemblent mais aucune n'est pareille et il arrive avec ingéniosité à transmettre la passion à travers une routine très mécanique. Il transcende son sujet et parvient à construire son film comme un poème, l'onirisme emballe le tout avec une musique enivrante et magnifiquement utilisée. Les jours sont des proses, et les répliques les vers qui les composent. Surtout que Jarmusch à un sens du timing incroyable, ses scènes ne sont ni trop longues, ni trop courtes. Elles s'achèvent et commencent toujours au bon moment se qui rend justice à l'impact qu'elles transmettent. En ça, la conclusion est brillante offrant un sentiment de plénitude agréable tout en nous laissant rêveur sur ce que l'on vient de voir.

    Paterson s'impose très clairement comme un grand petit film. Jim Jarmusch transmet toute sa passion dans son film et parle directement aux spectateurs sur son art mais aussi sur l'art de chacun. Il ne prend jamais de haut et trouve beaucoup de justesse dans cette oeuvre où il y met toute son âme. Une belle déclaration d'amour à l'art en général mais aussi à la vie, qui malgré les contraintes et les redondances reste un halo de douceur et de passion. Servit par un couple attachant et joué par de grands acteurs, Paterson est un film admirablement écrit et mis en scène qui fait indéniablement chaud au cœur sans jamais tombé dans la naïveté tout en trouvant une subtilité et une justesse assez rare sur son sujet qui est en plus assez dense. Formidable réussite et une des meilleures œuvres de l'année.
    BabsyDriver
    BabsyDriver

    84 abonnés 818 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 17 novembre 2016
    Il ne se passe rien, et c'est magnifique ! Avec une simplicité à ne pas confondre avec de la paresse (la mise en scène sait sublimer les détails), Jim Jarmush réalise un chef-d'oeuvre poétique avec PATERSON, nom de la ville qui semble aussi être le centre poétique du monde.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    704 abonnés 3 055 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 mai 2020
    Au commencement il y a les mots. Ceux que l’on agence, ceux que l’on écrit, ceux que l’on raconte et répète à celle qui préférait l’ami à l’amant. Ces mots qui redoublent le réel, qui s’organisent sur la page blanche selon des exigences autres, rien qu’à eux, et que métaphorisent ces couples de jumeaux qui parcourent Paterson, film et ville, identité individuelle et collective qui s’allume sur les autobus ou s’efface sur les murs de brique. Tout est double, et le monde devient une somme de signes à déchiffrer, à interpréter. Les rideaux se remplissent de cercles noirs, le tissu noir se charge de points blancs, les cupcakes affichent fièrement les vaguelettes sucrées sur leur corps chocolaté. Paterson n’est pas une œuvre sur la poésie, sa naissance, sa finalité ; Paterson est poésie en mots, en images, en mouvements et en sons. Paterson n’illustre pas, non Paterson incarne. Et le visage d’Adam Driver, son corps tout entier, sont les réceptacles banaux d’une réalité extraordinaire : « une page vide présente plus de possibilité(s) », indique l’inconnu venu du Japon. La marche du personnage principal aimante des avatars, comme cette jeune fille aux cheveux longs qui écrit sur une chute d’eau. Water Falls, en deux mots. Comme ce Japonais qui demande à s’asseoir et partage la vue, la même chute d’eau que Paterson a, chez lui, encadrée. Tout est double. Deux William dans William Carlos Williams, le fameux poète de la ville. Deux époux : le chauffeur de bus et le chien jaloux. Le personnage de Laura est une touche-à-tout qui rêve de country music en cuisinant des gâteaux, qui ne cesse de couvrir la surface habitable de ses motifs peints en noir, comme le poète griffonne des mots dans son carnet secret avant de prendre la route. Jim Jarmusch signe avec Paterson une œuvre fluide et tranquille, dont le calme paraît constamment sur le point de disparaître – les voleurs de chien, la panne du bus, le pistolet, la destruction du carnet – mais comme retenu, sauvé in extremis par l’écriture, par l’expression d’une sensibilité sur un monde sinon insignifiant et inhabitable. Car qu’est-ce que la poésie, sinon la recherche, à chaque vers rejouée, à chaque page tournée, de l’essentiel dans le transitoire, de ce qui permettra à l’homme d’habiter le monde, un jour après l’autre ?
    colombe P.
    colombe P.

    134 abonnés 695 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Les films de Jim Jarmusch ont une ambiance particulière et s'avèrent toujours excellents.
    Ce film là le confirme.
    Cette histoire est délicate, poétique, très agréable.
    Et aussi mention spéciale au chien que j'ai adoré !
    Didier L
    Didier L

    35 abonnés 222 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 10 janvier 2017
    Premier film de 2017 et premier choc. Certes, le film est sorti fin décembre et aurait dû figurer dans mon best of 2016. Mais je vais lui réserver une place spéciale : celle du coeur et de l'amour de la vie. Jim Jarmush réussit l'impossible : faire émerger la plus totale poésie d'une vie qui pourrait paraître de la plus totale vacuité, faite de rituels répétitifs, de gestes routiniers, des petits riens du quotidien dont on dit pourtant qu'elle tue le couple. On se surprend à attendre désespérément qu'il se passe quelque chose mais, au final, on est terriblement heureux que rien n'advienne n'étaient ce les échanges de regards, les rencontres, les mots, les gestes qui illuminent nos vies. Une merveille absolue d'une délicatesse radieuse.
    Aston L
    Aston L

    34 abonnés 91 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 décembre 2016
    Paterson est un film qui rend heureux, Jarmusch réussit à sublimer le quotidien de manière hypnotique et très émouvante. Adam Driver et Golshifteh Farahani (sans oublier Marvin!) sont incroyablement attachants. Un chef d'oeuvre!!
    dominique P.
    dominique P.

    844 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Les films de Jim Jarmusch ont une ambiance particulière, reposante, agréable, délicate.
    "Paterson" confirme cette ambiance.
    Nous suivons un monsieur trentenaire qui vit à Paterson, s'appelle Paterson, il habite une petite maison avec sa copine et ils ont un chien, un bouledogue anglais qui s'appelle Marvin.
    Tous les trois sont heureux, tranquilles et sereins dans leur quotidien.
    Lui est conducteur de bus mais surtout il écrit chaque jour des poèmes dans un carnet.
    On va suivre ces personnes sur une durée précise de 8 jours.
    Chaque jour passe et les mêmes choses ont lieu : Paterson se lève le matin, va à son travail et conduit son bus, il rentre le soir et va promener le chien et s'arrête boire un coup dans un bar.
    Chaque jour c'est un peu différent quand même : on assiste aux conversations des passagers du bus, on assiste aux conversations entre Paterson et sa copine chez eux ou dehors, et on assiste aux conversations des clients du bar le soir.
    Ce film montre tout simplement une tranche de vie d'un monsieur dans son quotidien pendant une semaine.
    C'est une tranche de vie, tranquille, heureuse, calme, sereine avec malgré tout de temps en temps des petits incidents mineurs.
    Tout le sel de ce film c'est le côté heureux et tranquille de ce monsieur dans son quotidien.
    Il est toujours impassible, de bonne humeur, et il profite de la vie de tous les jours.
    Son travail, sa copine et son chien le satisfont pleinement, il ne cherche pas à changer de vie, c'est un homme qui aime la tranquillité, la stabilité d'un quotidien bien réglé.
    Pour moi ce fut un plaisir de regarder cette tranche de vie.
    Aussi le chien Marvin est mignon, sympa et marrant.
    Bref voici un film qui représente une bulle reposante et bienfaisante que j'ai dégustée !
    toxicbo!
    toxicbo!

    18 abonnés 320 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Qu'aurait été cette fin d'année ciné sans "Paterson"? Quelques films-pépites, mais l'esprit d'un grand poète en moins...
    Paterson, la trentaine se réveille tous les matins au côté de sa femme lumineuse, prend tous les jours de la semaine son service de chauffeur de bus, écoute chaque fin de journée son épouse lui raconter ses journées créatives et part chaque soir, promener son bouledogue et errer dans le bar de sa ville de Paterson, dans le New Jersey (New York). Tout cela avec la tête pleine de poésie et un cahier jamais très loin de lui, pour poser sa plume.
    Utilisant la routine de personnages ordinaires, le temps d'une semaine "type" de leur vie, Jim Jarmusch décline le portrait d'une génération 80´s qui n'a pas connu la guerre, mais qui plutôt désenchantée, rêve éperdument de pouvoir se réaliser, à travers l'art qui circule dans ses veines. Cette tranche de vie anodine est exaltée par le réalisateur, qui voit en chaque instant de la vie, une manière de devenir quelqu'un d'extraordinaire.
    Car qui ose dire que la vie simple d'un homme est banale? N'est-ce pas exceptionnel de voir un homme étreindre sa femme un beau matin, un homme au volant de son bus écouter les anecdotes des passagers et s'en amuser, un homme marcher et écrire dans sa tête ou écouter une jeune fille lui réciter son poème le regard médusé, ou bien tout simplement refaire le monde, posé à un bar...
    Ce film est un vibrant hommage à l'artiste qui vibre en nous et qui sublime notre quotidien monotone.
    Pour incarner ces êtres qui ressemblent aux artistes du quotidien, le réalisateur a cru en un couple cinématographique à part: Adam Driver, fascinant rêveur et Golshifeth Farahani, épouse enthousiaste et passionnée. Ce couple décalé, au jeu enlevé dépose son empreinte avec relief, dans un film où la mise en scène atmosphérique invite à l'incursion dans la réalité de l'homme, pour le contempler au plus près.
    En somme, on assiste à la déclaration d'amour d'un réalisateur pour les ressources artistiques de l'homme. C'est beau et si proche de l'homme. Pas le pragmatique, l'autre, moi ...
    jean l.
    jean l.

    161 abonnés 232 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 décembre 2016
    poésie et humour dans cette chronique émouvante , avec une mention spéciale pour Marvin, le bouledogue, vainqueur de la palme Dog à Cannes cette année
    Jim Jarmusch réussi un chef d'oeuvre
    Charles R
    Charles R

    52 abonnés 424 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 décembre 2016
    Si vous aimez plus que tout l'action et le spectaculaire, alors non, les films de Jim Jarmusch ne sont pas faits pour vous. Mais si vous êtes sensibles à la poésie du quotidien, à la lenteur des choses, à la réflexion en images et en mots, alors oui, il vous faut rapidement découvrir ce film qui est une pure merveille. Oh ! rien que de très simple en apparence pour évoquer le quotidien d'un couple américain qui vit en totale harmonie, lui, Paterson, conducteur de bus dans la ville de... Paterson, elle, Laura, femme au foyer mais passionnée de décoration et d'innovations gastronomiques : Jim Jarmusch adopte un découpage en chapitres, chaque chapitre correspondant à un jour de la semaine. Mais c'est sur le personnage de Paterson que va porter l'essentiel du scénario. Car Paterson est un amoureux de poésie : il vit dans une ville non loin de New York où l'on honore de grands poètes qui y ont vécu, dont William Carlos Williams, l'un des chantres du modernisme poétique américain. Et Paterson ne cesse lui-même de composer de petits poèmes dès qu'il en a l'occasion. A l'image du film, les poèmes n'offrent rien de grandiloquent, rien que du vécu, du quotidien, de petites choses qui sont le produit de sensations ou d'impressions diverses. Mais chemin faisant - car outre son travail de conducteur de bus, il lui arrive de sortir de chez lui, ne serait-ce que pour promener le soir son bouledogue, un certain Marvin, qui aura son importance dans l'histoire - il rencontre des êtres étonnants comme on en rencontre chez Jim Jarmusch, des êtres parfois pitoyables, parfois aussi pleins d'un humour plus ou moins involontaire. Et c'est un plaisir pour le spectateur que d'assister à de telles rencontres où Paterson se comporte un peu comme un personnage à la Tati, une espèce de maladroit qui demeure cependant en harmonie avec les gens qu'il rencontre. Le casting est en parfaite adéquation avec les personnages mis en scène : Adam Driver qui délaisse provisoirement les films à succès pour interpréter avec beaucoup de finesse le rôle de Paterson et Golshifteh Farahani, la belle actrice iranienne qui trouve ici un rôle d'amoureuse en même temps que d'extravertie tout à l'opposé de son époux qui n'en finit pas d'interroger sa vie intérieure. Oui, vraiment si vous aimez la poésie et l'humour, courez voir ce film de Jim Jarmusch : c'est un hommage à la vie poétique en même temps qu'à l'un des plus grands poètes américains, William Carlos Williams.
    Corbett
    Corbett

    34 abonnés 109 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 décembre 2016
    Ouaah quel film !. C'est beau, émouvant, drôle, poétique, attachant. Un couple hype sexy et un Jarmusch aussi bon que dans ces premiers films. J'avoue ne pas avoir aimé ces 2 derniers films et là je retrouve ce que j'avais adoré dans Ghost Dog, Stranger than Paradise ou Mystery train.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 23 décembre 2016
    Ce film fait du bien. C'est un écrin d'amour et de tendresse, une ode à la simplicité du quotidien et aux petits efforts que l'on fait pour les autres. On en ressort plus léger ! Mon coup de cœur de l'année ! Merci Jarmusch !
    Christian Wacrenier
    Christian Wacrenier

    18 abonnés 33 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Paterson est poète, c'est à dire qu'il porte sur le monde un regard capable de l'enchanter, de capter son mystère et sa beauté. Il "respire" la poésie. Sa vie peut paraître monotone : conduire des bus sur le même trajet chaque jour, rentrer dans une petite maison banale, vivre dans une ville qui peut paraître triste avec ses murs de briques et ses entrepôts... Mais on ne peut empêcher le poète de "respirer" et l'air est là, partout où il passe. Il est dans la ville où ont vécu de grands poètes américains, il est dans la maison où l'attend Laura. Paterson n'est pas le seul poète, Laura l'est aussi. Elle l'est non pas avec des mots mais avec cette aptitude à saisir chaque minute qui passe pour en faire un temps de création, pour changer son décor. Elle peint en noir et blanc, comme dans un film muet, les rideaux, les vêtements, les coussins. Elle lance des stries, des zébrures sur l'uniformité des tissus. Elle peint des portraits de son chien, Marvin le boulet qui ne se laisse pas promener par Paterson mais qui le mène par le bout de la laisse. Paterson et Laura sont amoureux, d'un amour à la fois passionné et doux. Ils sont tous les deux capables de transformer la réalité, de l'enchanter. Ils s'admirent et s'aiment. En 1968, un slogans rappelait que sous les pavés il y avait la plage. Dans la vie des deux amoureux, sous les habitudes, sous la routine, il y a l'émerveillement. Imagination et douceur vont de pair chez eux. Pas de violence, pas d'énervement. Quand Laura prépare une tarte au cheddar et aux choux de Bruxelles, Paterson ne fait pas la grimace, il en avale quelques bouchées. C'est qu'il voit dans cette tarte, l'enthousiasme de Laura à avoir voulu innover pour lui, à avoir créé une nouvelle recette. Un très beau passage du film nous montre la rencontre de Patterson avec une écolière qui lui lit un poème. Entre eux deux toutes les distances s'abolissent parce qu'ils savent que la pluie qui tombe à verse est comme la chevelure sur les épaules d'une jeune fille. Une des dernières scènes du film est aussi une rencontre. Paterson découragé d'avoir perdu son carnet de poèmes qui a été dévoré par Marvin, vient s'asseoir devant une cascade. Un Japonais très poli, venu dans la ville pour y voir les lieux où ont vécu des poètes qu'il aime, entame avec lui une conversation et lui demande s'il est poète; Patterson dit que non, il est conducteur de bus. Avant de le quitter, le Japonais qui a compris ce que cachait Paterson, lui offre un carnet vierge. L'instinct de poète peut revenir en force et la créativité reprendre. Cette créativité c'est la vie même, celle qui reprend après les échecs et les déprimes. Les images de Jarmusch sont comme les mots des poèmes, elles sont bienveillantes et douces à la fois, sans aspérité, sans esbroufe. Le carnet vierge, il l'offre à tous les spectateurs pour qu'ils aient envie d'enchanter leur vie, eux aussi.
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