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    Une Histoire de Fou
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Une Histoire de Fou" et de son tournage !

    Naissance du projet

    A la base, raconter uniquement le génocide arménien qui s'est déroulé il y a cent ans n'intéressait pas Robert Guédiguian plus que ça. Ce qu'il voulait c'était se pencher sur cent ans d'histoire, autrement dit le génocide et ses conséquences, ce qu'il a produit sur plusieurs générations. C'est suite à sa rencontre avec l'écrivain Jose Antonio Gurriaran, à l'occasion de la présentation de son livre "La Bombe" qui raconte son histoire, que le cinéaste a décidé de faire le film. Le livre se centre sur le parcours d’un jeune journaliste espagnol qui, en 1981 à Madrid, a sauté sur une bombe posée par des militants de l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie :

    "Il a réchappé de cet attentat à moitié paralysé. Et alors qu’il ne savait absolument rien de la question arménienne, et pour s’en sortir, il va vouloir comprendre. Il se met à travailler sur le génocide et sa négation, il lit, il se renseigne, il se documente… Et au bout de ce processus, convaincu que la cause arménienne est juste, il décide de rencontrer les responsables de l’attentat. Après beaucoup d’échecs, parce que ses différents interlocuteurs ont peur, bien sûr, qu’il soit manipulé par les services secrets turcs ou par Interpol… il reçoit un coup de fil : rendez-vous à Beyrouth tel jour à telle heure. Il s’y rend avec un photographe et passe une journée entière à discuter avec deux dirigeants de l’ASALA, qui vont ensuite l’emmener dans un camp de la Bekaa où il rencontrera ceux qui ont posé la bombe…"

    Cette histoire a ainsi donné à Robert Guédiguian un angle pour son film.

    Une responsabilité

    Une histoire de fou est centré autour du génocide arménien et ses conséquences. De ce fait, il aborde des thèmes faisant écho à l'histoire personnelle de Robert Guédiguian. Cependant, le film vient tard dans sa filmographie du fait de deux raisons : d'abord parce que, pendant longtemps, le cinéaste qui était communiste voyait ces questions liées aux identités importantes mais secondaires. Ensuite parce que cette thématique de l'identité n'est devenue prégnante que depuis les années 1990 et c'est en rapport avec cette évolution que Robert Guédiguian s'est petit à petit senti obligé, en tant qu'Arménien, de la traiter via un film.

    Génocide arménien

    Robert Guédiguian explique que le génocide arménien est le plus ancien des génocides et c'est en partie pour cette raison que la mémoire de ces évènements nous est si rarement rappelée : "Tous les génocides, et celui-ci en fait partie, ont les mêmes caractéristiques : il faut bien déporter les gens, donc les regrouper, les exiler, les mettre dans des camps de concentration, trouver des manières pour les tuer… Mais les génocides ont tous, également, une unicité. Celle du génocide arménien, c’est sa négation. Une négation d’Etat, la Turquie, avec toutes les armes d’un État en termes économiques, médiatiques, diplomatiques, commerciaux, juridiques. Un État qui mobilise des moyens énormes pour faire campagne depuis cent ans pour nier le génocide partout et de manière directe, organisée et financée."

    Le choix de la fiction

    C'est par le biais de la fiction que Robert Guédiguian a choisi de traiter ce sujet et non par le documentaire. Le réalisateur a opté pour la fiction parce qu'il dit ne pas maîtriser le genre documentaire même s'il en a produit plusieurs. De plus, la fiction permet d’universaliser le propos auprès des gens. Elle possède ainsi un pouvoir d'impact plus fort (si elle est réussie bien sûr).

    Cannes 2015

    Le film a été présenté en Séances spéciales, Hors compétition du Festival de Cannes 2015. Robert Guédiguian est un habitué du festival puisqu'il a été récompensé par le prix Un certain regard pour son film culte Marius et Jeannette en 1997. Les Neiges du Kilimandjaro, L'Armée du crime et Marie-Jo et ses deux amours ont aussi été sélectionnés au célèbre festival.

    Portée universelle

    Pour conférer à l'ensemble une dimension universelle de l'ordre de la tragédie, Robert Guédiguian ne s'est pas limité à parler du génocide et ses conséquences. Dans cette optique, Une histoire de fou est également une histoire de famille, de diaspora, de culture déracinée sur tout un siècle.

    Authenticité

    Robert Guédiguian a tourné à Marseille, en Arménie et à Beyrouth, autrement dit dans des lieux authentiques, le cinéaste cherchant à tout prix à éviter toute reconstitution : "Je voulais les lieux mais aussi les langues, les accents, les lumières, la morphologie de la ville. Même si, dans un cas comme celui-ci, le piège serait de filmer les décors avant la narration car on a très envie de tout filmer. Mais je me retiens ! Il faut être vigilant et toujours s’en tenir à un principe : mettre le récit au premier plan."

    Signification du titre

    La signification du titre est à chercher dans la folie des génocides mais surtout au niveau de l’Histoire des Arméniens au fil du XXe siècle dans tout ce qu'il y a d'admirable et miraculeux par rapport à ce qu’ils sont parvenus à faire.

    Un film engagé

    Une histoire de fou comporte bien évidemment une visée idéologique pour la reconnaissance du génocide arménien, qui est malheureusement encore trop souvent ignoré dans plusieurs pays, comme en témoignent les propos du cinéaste : "Je pense qu’il faut continuer l’encerclement diplomatique ! C’est-à-dire la pression sur tous les pays du monde. Beaucoup ne l’ont pas encore reconnu, les Etats-Unis par exemple (à l’exception de la Californie). Parallèlement, il faut continuer la démarche de rapprochement avec la société civile turque. (...) Je pense que peu à peu, grâce notamment à internet, la vérité peut se répandre. J’ai rencontré des intellectuels turcs de ma génération qui, et cela peut paraître incroyable, n’ont jamais entendu parler du génocide avant d’être adultes ! Je crois aussi que la reconnaissance du génocide arménien ferait énormément de bien à la Turquie parce que c’est la mère de tous les tabous. Beaucoup de ce qui ne va pas en Turquie, me semble-t-il, procède de ce déni originel." 

    Retrouvailles

    Avec Une histoire de fou, Robert Guédiguian fait une fois de plus tourner sa femme et actrice fétiche Ariane Ascaride dans l'un de ses films. Ils se sont rencontrés dans les années 1970 et en 1980 le réalisateur l'avait fait jouer dans son premier long métrage Dernier Eté. Depuis, Ariane Ascaride a été à l'affiche de la quasi-totalité des films de son époux.

    L'Arménie au cinéma

    Plusieurs films se sont déjà centrés sur le génocide arménien : c'est le cas par exemple de The Cut de Fatih Akin, Ararat de Atom Egoyan et bien sûr Le Voyage en Arménie de Robert Guédiguian qui est son premier film à prendre comme sujet central l'Arménie. L'idée du film lui est venue suite à une visite de lui et Ariane Ascaride à Everan à l'occasion d'une rétrospective qui lui était consacrée. Les Arméniens sur place lui réclamaient un film sur leur pays parce qu'ils avaient "besoin d'être visibles, d'exister". Robert Guédiguian n'a lancé son projet qu'après qu'Ariane Ascaride lui ait offert l'idée d'une histoire autour d'un père et de sa fille qui ne s'entendent pas.

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