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    Toni Erdmann
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    EricDebarnot
    EricDebarnot

    205 abonnés 1 262 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 septembre 2016
    Qu'on aime ou pas "Toni Erdmann" - et au sortir de ces presque trois heures de cinéma singulier, on ne sait pas forcément très bien si on a aimé ou non -, impossible de nier que le film de Maren Ade va vous travailler, longtemps et souterrainement. Car cette sorte de fable atonale et terriblement désenchantée - qui se conclut magnifiquement et pertinement par le "Plainsong" de Cure - affronte sans baisser les yeux les maux les plus cruels de notre époque impitoyable : la barbarie du capitalisme qui broie ses esclaves mais asservit aussi ceux qui s'en croient les maîtres, le dessèchement des relations humaines (familiales, amoureuses, sexuelles, amicales) au point de les vider du moindre sens. Et face à l'horreur, Maren Ade imagine et filme les stratagèmes passablement idiots d'un père vieillissant, plaisantin absurde et limité, qui va interférer avec la vie de sa fille, combattante moderne depuis longtemps perdue pour lui, dans l'espoir de provoquer entre eux une sorte d'étincelle de vie. On rit beaucoup devant l'accumulation de scènes embarrassantes, pitoyables parfois, excellemment filmées par Maren Ade qui démontre un sens de la durée remarquable - sans doute la principale qualité du film, avec son interprétation : mais ce rire, un peu comme devant les strips de Pierre la Police auquel la scène de "la peluche bulgare" et de l'anniversaire nu fait clairement penser, est surtout l'expression de notre malaise, et, au final, de notre désespoir. Car la dernière scène de "Toni Erdman", la plus triste, nous murmure que nos minuscules victoires ne sont qu'éphémères.
    Hey Jude
    Hey Jude

    24 abonnés 14 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 août 2016
    Un film original aux trouvailles surprenantes porté par deux acteurs réellement attachants et touchants. C'est surtout une histoire sur le manque de communication d'une fille et de son père, la première enfermée dans son travail, le second ne s'exprimant qu'à travers des blagues et des déguisements. Au départ on se dit que c'est le père le plus fou des deux, et il est vrai qu'il ne manque pas de culot en inventant le personnage de Toni, ("coach" spécialité, heu, vie) qui s'immisce parmi les collègues d'Inès, allant jusqu'à se créer des cartes de visite et louer des limousines... Mais sa fille ne tarde pas à nous surprendre, notamment lors d'une fête d'anniversaire mémorable (un moment excellent de cinéma qui m'a laissée tantôt inconfortable, tantôt hilare, tantôt touchée par le mélange d'audace et fragilité d'Ines) et on ne sait plus vraiment qui est le plus fou... C'est un film sur les convenances sociales, aussi, sur l'humour. J'ai rarement vu un film avec autant de personnages gênés, parce qu'ils ne comprennent pas une blague, parce qu'ils ne comprennent pas que quelqu'un puisse faire quelque chose d'inattendu... Cela s'exprime beaucoup par le comique de situation (et quelles situations!), Le film est très théâtral. Mais réaliste car rien n'est attendu, il ne nous emmène jamais là où on s'imagine.
    Bernard D.
    Bernard D.

    111 abonnés 613 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 juillet 2016
    « Toni Ederman », le 3ème film de Maren Ade a reçu le Prix de la Critique internationale à Cannes. Il doit sortir mi-Août mais a été projeté en avant-première dans 3 villes françaises ce Dimanche.
    Pour ma part, le film ne ressemble pas du tout à l’affiche qui le présente comme une comédie hilarante « à hurler littéralement de rire » ou « l’un des plus beaux fous rires de Cannes » (sic) … C’est un film très grave qui confronte Winfried Conradi alias Toni Erdmann (Peter Simonischek) et sa fille Ines (Sandra Hüller). Le premier, artiste et écologiste arrivant au terme de sa vie et cardiaque, compense sa vision pessimiste du monde par des farces et attrapes, des déguisements et des reparties volontairement sans queue ni tête. Il regrette d’être loin – dans les deux sens du terme - de sa fille qui est une féroce femme d’affaires, conseil de gestion dans les sphères du pétrole en Roumanie.
    Suite au décès de son chien, Toni va à Bucarest et demande à sa fille « si sa vie a un sens ». Il va alors s’immiscer dans sa vie professionnelle et personnelle et progressivement via toute une série de situations cocasses, lui permettre de réfléchir et – après un « brunch » donné à l’occasion de son anniversaire, dans des conditions que je vous laisse découvrir –modifier sa vision du monde et de la vie. La dernière scène est émouvante : de retour en Allemagne suite au décès de la mère de Toni, Ines va « montrer » au vrai sens du terme la valeur du message de son père qui disparaît du champ de la caméra pour – je pense – aller rejoindre son chien suite à une crise cardiaque annoncée par un malaise à Bucarest.
    A côté de cette histoire d’amour entre un père et sa fille malgré des concepts de vie qui les opposent, le film nous montre également la dureté du monde des grandes entreprises capitalistes face à la réalité de la vie sur le terrain en Roumanie.
    Je ne dois pas avoir le même humour que les festivaliers de Cannes et pour moi ce film poignant n’a – à mon avis – qu’un seul défaut : sa longueur (2 h 42) mais il est à voir car les rires et sourires qui en émanent ont un goût amer mais réaliste sur le monde actuel.
     Kurosawa
    Kurosawa

    583 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 septembre 2016
    Acclamé à la quasi unanimité par la presse à Cannes, "Toni Erdmann" de la réalisatrice allemande Maren Ade arrive sur nos écrans en étant présenté comme une "comédie hilarante". S'il est vrai que le film est très drôle, surtout à partir du moment où Winfried Conradi se déguise et devient l'ambassadeur Erdmann, il est surtout traversé par une réflexion père-fille grave et touchante. Car sous ses airs de clown-farceur, Winfried apparaît comme un homme malheureux et seul qui tente de dérider sa fille absorbée par l'entreprise capitaliste dans laquelle elle travaille, triste reflet de notre monde économique actuel, mais le fait finalement moins dans l'idée de la sauver d'un environnement dont il ignore tout que dans l'espoir de retrouver en elle la petite fille qu'il a connue autrefois et qu'il ne reconnaît désormais plus. Ainsi, le film nuance sans cesse l'idée du bonheur en réfléchissant sur la perception que chacun en a tout en maintenant que le rire en est l'illustration la plus forte, un passage vers la dérision qui conduit à une mise à nue littéralement exprimée sur la fin, avec une "naked party" drôlissime et totalement imprévisible dans son déroulement. En plus de faire valoir une grande originalité dans son écriture, "Toni Erdmann" est aussi d'une grande précision dans sa mise en scène, déroutante par le fait que les scènes comiques sont filmées avec une austérité qui se rapprocherait plutôt d'un ton dramatique, un effet qui crée un décalage efficace et qui n'annule en aucun cas la proximité avec les personnages; au contraire, cette façon de filmer à l'inverse du scénario permet une projection inattendue du spectateur dans les diverses situations, toutes intéressantes sur la durée de 2 h 40 amplement justifiée. Film sur un père qui n'accepte pas de voir sa fille grandir et sur une fille qui comprend peu à peu l'amour paternel en rentrant dans le jeu que Winfried lui propose, "Toni Erdmann" se garde bien d'expliquer toutes les réactions de ses deux personnages principaux, les regards que l'on ne veut dérober et les sentiments indicibles, afin de mieux laisser le spectateur accomplir un processus d'identification ample et complexe devant cette proposition singulière sur le plan cinématographique mais universelle sur ses subtilités émotionnelles. Porté par deux immenses acteurs que sont Sandra Hüller et Peter Simonischek, "Toni Erdmann" est un bijou d'inventivité qui évite sans cesse le tire-larmes pour mieux être lucide sur les effets dévastateurs de la mondialisation et les rapports difficiles père-fille, s'achevant sur l'idée que chacun voudrait réaliser : celle de "retenir les instants", illusion magnifique qui permettrait un bonheur permanent, impossible remède au malheur qui clôt le film d'une manière pessimiste et bouleversante.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 067 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 août 2016
    Il fallait bien que j'aille voir au moins un bon film cet été au cinéma... et si je raterai sans doute rester vertical, autant voir Toni Erdmann...

    Je n'en attendais rien et pour tout dire j'étais un peu craintif, c'est super long, je ne connais pas la réalisatrice et je n'avais aucune idée de quoi ça pouvait bien parler et se fut une véritable surprise. C'est ce qu'on pourrait appeler le bon film qui fait du bien.

    J'ai lu le synopsis juste avant de partir au cinéma et j'avoue que j'ai encore plus pris peur, je sentais le récit sur la vie bien artificiel où une jeune femme se met à douter de manière bien lourdingue sur sa vie, avec des monologues et des pleurs surjoués... Mais il n'en est rien du tout.

    Toni Erdmann est un film simple et qui montre la vie, qui ne s'amuse à pas déformer, à être manichéen, à tricher... Le film prend son temps pour montrer les moments de malaise absolus causés par le père, il prend le temps de montrer la relation entre le père et la fille, toujours de manière subtile... sans jamais trop en faire... et surtout il montre des personnages qui existent, qui ont une consistance, se ne sont pas de simples artifices de cinéma.

    Et j'ai donc pris un grand plaisir à suivre ce père et cette fille, leur vie, leurs "aventures", leur rapprochement... et si au niveau de l'âge je suis plus proche de la fille (mais aussi sur le fait que je vis loin de mes parents et que d'une certaine façon je les abandonne), au niveau du caractère, des idéaux, je suis proche du père, ça me permet de prendre en empathie les deux personnages et de me projeter, moi, vieillissant, avec mon chien mourant à aller emmerder ma fille en Roumanie pour lui redonner le sourire et la joie de vivre.

    Toni, c'est un peu Amélie Poulain, en plus sobre, en plus réaliste et en plus vrai.

    On a plein de scènes magnifiques, notamment lorsque la fille lâche un peu prise et redevient la fille à son papa, la fille qui se souvient qu'elle a besoin d'un père.

    Je ne veux pas trop en dire, mais c'est un bon film pour sa simplicité, pour le fait qu'il n'en fait jamais trop, qu'il ose faire durer les scènes et surtout car il est très bien écrit, avec des personnages qui sont vrais... un petit bol d'air frais au cinéma.
    traversay1
    traversay1

    3 572 abonnés 4 861 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 16 août 2016
    Voici donc le film qui a fait se gondoler Cannes et dont l'absence au Palmarès a ému tus les festivaliers. Sa réputation n'est absolument pas usurpée avec une multitude de scènes délirantes qui ne sont pas loin de provoquer des fous rires irrépressibles. Mais Toni Erdmann est bien plus que cela et ses 2 heures 42, qui passent très vite, sont d'une très grande richesse thématique. Outre la mondialisation, et les rapports entre une puissance occidentale (l'Allemagne) et un pays émergent (la Roumanie), le film est d'une lucidité et d'une justesse impressionnantes lorsqu'il s'attaque à la vie en entreprise, et notamment dans les multinationales. Stress, sentiments "Corporate", défoulement, dérives, tout y est. Sur le plan émotionnel, Toni Erdmann s'impose avec un éclat tout particulier, dans une relation père-fille puissante et jamais convenue. Le film semble parfois improvisé comme si la réalisatrice Toni Erdmann avait laissé une grande latitude à ses interprètes, à moins que tout soit écrit, au cordeau. Les deux acteurs principaux sont éblouissants : Peter Simonischek et Sandra Hüller, dans des partitions variées et inspirées. Si le jury de Cannes, plutôt que de couronner un Ken Loach honnête mais attendu, avait voulu prendre des risques et souligner une écriture et une mise en scène brillantes et singulières, c'est Toni Erdmann qu'il aurait choisi sans hésiter.
    L'Info Tout Court
    L'Info Tout Court

    412 abonnés 1 025 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 août 2016
    La mise en scène de Maren Ade est l’incarnation de la sobriété. Elle enlève les barrières entre les personnages et le spectateur. Du rire au larmes, c’est par ce mélange des tons, mais aussi par la richesse de l’écriture et le talent des deux comédiens que Toni Erdmann réussit à marquer le cinéma de son empreinte.
    islander29
    islander29

    863 abonnés 2 354 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 7 septembre 2016
    J'ai beaucoup aimé ce film de toutes les ambiguïtés....Une jeune femme allemande est "harcelée" par son père qui se déguise plusieurs fois, pendant qu'elle fait un voyage d'affaires en Roumanie....On va dire qu'il y a un humour sous jacent à beaucoup de scènes, de l'autodérision des valeurs de la vie et de l'entreprise....
    La scène , la "naked party" vaut son pesant d'or, du comique , du pince sans rire, ainsi que la très belle chanson en anglais , qui hélas pour certains n'était pas sous titrée......C'est un film original sous beaucoup d'aspects, provocant aussi, un film presque fellinien dans l'esprit, et qui supporte assez bien ses 2h40, je conseille.....
    alain-92
    alain-92

    318 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 août 2016
    Si le film aurait gagné à être amputé de quelques minutes, il n'en reste pas moins un formidable moment de cinéma d'un genre tout à fait particulier, oscillant en permanence entre rires et émotions. Dans un Bucarest envahi par les multinationales, les carriéristes et la réussite à tout prix, une femme se veut être l'égale des hommes qui l'entourent. Entre hôtels au luxe clinquant, galerie marchande réservée aux fortunes étrangères, appartements design ou boîtes de nuit dans lesquelles le champagne coule à flot, un père s'imposera sous des accoutrements divers et variés pour partager l'univers de sa fille. Celle-ci s'est éloignée des valeurs dans lesquelles elle semble avoir été élevée. Le bonheur, ou une simple question "es-tu heureuse ?" se heurteront à son incompréhension totale. À la belle écriture du scénario s'ajoute à une mise en scène parfaitement maîtrisée. Un excellent casting à la tête duquel deux immenses comédiens que je découvre dans ce film, Peter Simonischek et Sandra Hüller. La réalisatrice a déclaré : "Mon film est moins un appel au lâcher prise qu'une injection à s'assumer pleinement." Elle y réussit pleinement en plongeant le spectateur dans un questionnement permanent. Ce film est à la fois perturbant et magnifique.
    Pauline_R
    Pauline_R

    176 abonnés 398 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 août 2016
    Un film étonnant, qui arrive à mêler humour, tendresse et critique de la société. Sous ses airs parfois potaches, le film se révèle d'une rare finesse sur les rapports et différences entre deux générations, entre deux façons de (conce)voir la vie, mais qui sont pourtant liées. Je craignais les 2h42 d'images mais ça passe bien, même très bien. Il y a bien une ou deux longueurs en primevère partie de film mais qui ne font pas "sortir" le spectateur du film, l'émotion (et le rire) montant crescendo. On sourit souvent, on a parfois la larme à l’œil... Et de mémoire de spectatrice, j'ai rarement eu un tel fou rire devant une des scènes appelée à devenir culte. Et que dire des deux acteurs principaux, Sandra Hüller et Peter Simonischek, tous deux époustouflants. Le cinéma outre-Rhin s'est trouvé Maren Ade une sacrée réalisatrice.
    Romain M
    Romain M

    10 abonnés 11 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 août 2016
    Attention ovni ! Burlesque, intimiste, social, psychologique... c'est drôle, triste, dur, réaliste, même si parfois inégal et un poil long. L'acteur principal est incroyable et sa fille s'en sort très bien. Meilleur costume ever :)
    alpha-pixel
    alpha-pixel

    28 abonnés 41 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 septembre 2016
    En Allemagne, de nos jours, une étrange famille… Le père, d’aspect peu reluisant, sorte d’ours mal léché et rentre-dedans. La mère abattue et le chien à piquer (ou l’inverse). La fille, executive woman d’une multinationale, sans cesse en partance.
    Le père un tantinet provocateur adore jouer avec son dentier postiche et avec les gens. La fille vit claustrée au moins à triple tour : dans l’obsession de ses négociations financières, dans la froideur psychorigide de sa solitude, dans une planète coupée des vrais gens...
    D’ailleurs, vit-elle ? C’est toute la question que veut lui poser son ours paternel. Pour cela, il va la poursuivre et la harceler de sa présence incongrue, l’encombrer jusque dans les étages dirigeants des entreprises, jusque dans les soirées et les cocktails, partout où il peut lui dire l’importance vitale des râpes à fromage, des coussins péteurs et des blagues à deux balles. À sa manière des plus farfelues, il démontre à sa fille la vacuité primaire de son univers entrepreneurial, de ce moderne travail, avec force champagne, cocaïne et limousines camouflant mal misère sexuelle et coups fourrés.
    Au début, elle évite son envahissant sdf de père, lui demandant s’il « veut l’achever, ou quoi ? ». Puis, peu à peu, l’insolite et absurde humour paternel va atteindre Inès (oui, elle a un prénom), lui faire comprendre que c’est sa facétieuse manière de la toucher, de se l’attacher, quitte à prendre de vraies menottes. Oui, Inès a une fragilité, et elle détient quelques larmes tout au fond d’elle-même ! Magnifique scène, où se tortillant et luttant contre une robe hyper ajustée et des talons aiguilles, elle finit par se rebeller, par se mettre à nu, rejetant résolument ces armures et sa servitude.
    « Comment retenir les instants ? » «On fait ceci, on fait cela, et pendant ce temps la vie passe », ce sont les questions posées par le père. Il finit aussi « à poils » dans son titanesque déguisement d’orang-outan bulgare, tirant une outrageuse langue au capitalisme décomplexé et à l’isolement mortifère qu’il engendre.
    Ewen Blake
    Ewen Blake

    155 abonnés 1 196 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 août 2016
    Toni Erdmann est laid et peu drôle. Cet ovni multifonctions est pourtant l'un des meilleurs films de 2016: inspiration pour les DG souhaitant renforcer le team building lors de leur staff day, source d'espoir pour les artistes à la voix faillible, innovation dans sa relecture de la recette des macarons et Carpe Diem unique au cinéma. La création de Maren Ade est une relecture de l'injonction à profiter de la vie d'Amélie Poulain, le merveilleux en moins, l'absurde en sus. Ce film rare nous donne sur le tard quelques clefs de ce qui vaut la peine d'être vécu même si le réalisateur via Winfried avoue la difficulté à savoir ce qui donne sens à la vie. Les relations humaine, la famille, l'amour, l'art, l'importance de conserver son âme d'enfant ces exemples peuvent paraître évidents mais le monde d'aujourd'hui nous prouve chaque jour qu'il n'est pas vain de se répéter. D'ailleurs je suis resté assez circonspect sur certains exemples proposés (la peinture des œufs, l'humour très primaire entre perruque et coussin péteur). Même si la réalisatrice ne s'y engage pas on peux aussi penser que des succès professionnels, des fêtes entre collègues (avec ou sans cocaïne) peuvent constituer de beaux moments de vie. Je n'ai pas non plus aimé la sensation d'être pris en otage au moment de l'anniversaire d'Ines. Si la scène est hallucinée elle s'étire sans raison jusqu'au sacrifice de sa crédibilité via le retournement de l'associé (Gerald). Les rires étaient éparses mais sonores et j'ai eu l'impression que si je ne riais pas c'était parce que je n'avais pas conservé mon âme d'enfant et ne savait profiter de la vie. Toni Erdmann compte quelques baisses de rythme mais j'ai eu du mal à croire que le film faisait près de 3H en en ressortant. On ne voit pas le temps passer. Il faut dire que la palette thématique est riche. A tout niveau. D'abord à l'échelle globale via la mondialisation. Ce film m'a rappelé et illustré cette étude qui nous indique que les valeurs partagées entre européens d'une même tranche d'âge sont plus proches que les ressortissants d'un même pays mais de génération différente. On aborde également la société et notamment ce monde du travail qui dévore la vie, les journées, les soirées, les nuits, les week-ends. Les temps au bureau bien sûr mais aussi ceux chez soi ou lors d'une sortie, d'un dîner. A tout moment le travail peut faire irruption dans le quotidien et à chaque fois, il est prioritaire sur le reste, sur la vie. On touche du doigt les relations humaines et notamment celle entre le père et sa fille et enfin le plus intime : la relation à soi et son corps. Je me suis forcément identifié à Ines. Cette acharnée de travail d'une rigueur et d'une froideur inhumaine (la scène de la rencontre avec Tony est incroyable). Son job de consultante est dépeint de manière relativement crédible même si elle n'échappe pas aux exagérations. Son métier est le point de départ de la perte de sens de son existence, de l'engrenage qui fait qu'elle puisse désormais ne goûter à la satisfaction que via un massage à 100€. Bien sûr les hôtels 5 étoiles, limousines et champagne en boite de nuit font rêver mais s'il faut pour cela sacrifier sa vie, en valent-ils la peine ? On vit ce film dans la continuelle inquiétude que le père embarrasse sa fille (et ruine sa carrière) pour s'apercevoir que l'objectif de l'auteur est justement de nous montrer qu'Ines doit changer de job. C'est beau mais tout le monde ne peut pas se payer le luxe de démissionner. D'ailleurs j'ai bien aimé que la fin évite le manichéisme en envoyant Ines élever des moutons dans le Vercors. Par contre je doute qu'elle puisse changer de rythme chez Mc Kinsey ou réellement profiter de la vie au grade d'associé dans un cabinet de conseil. La pression et les 60 heures semaines ne sont pas miscibles avec les réceptions naturistes. J'ai trouvé très touchant le lien père - fille et leur difficulté à communiquer, symbolisé par le silence gênant devant l'ascenseur. Le problème pour Ines est qu'elle est devenu un semi robot incapable de mettre de coté son travail 15 minutes d'affilé. Winfried quant à lui est dépassé par le rythme infernal de sa fille et cherche désespérément à la toucher à travers des gags auxquelles elle reste insensible. Devant cette difficulté il décide de devenir quelqu'un d'autre et d'opposer, même si c'est souvent avec maladresse, un humour absurde à un monde du conseil d'un cynisme et d'une froideur toute capitaliste. De la même façon père-fille sont tellement différents qu'ils vivent les vivent les scènes à l'opposé. Sur le champ de pétrole le père conseille à son hôte de garder son humour. Incompréhension d'Ines, l'homme va perdre son emploi. Mais elle fait erreur en sous entendant le cynisme de son père, celui-ci accorde simplement une valeur sincère et vitale à l'humour, peut-être davantage qu'au travail. Si on ne voit pas le temps passer c'est aussi parce que la réalisatrice ne nous laisse jamais dans notre zone de confort, elle joue avec nous (Toni suffoquant sous son masque qui s'écroule dans le parc) et comme Kechiche, enchaîne sans coupure des scènes que des mois séparent. Je n'ai pas eu la sensation de voir un chef d'oeuvre mais Maren Ade a créé un film riche, réussi et qui sonne parfois tellement vrai que je me suis surpris à vouloir applaudir à la fin de la chanson. En bref : "Faut faire ci faut faire ça et pendant ce temps la vie passe". Le conseil du jour est en Allemand et il est délivré avec plus de talent que les cabinets de conseil ne pourront jamais en déployer.
    SansCrierArt
    SansCrierArt

    54 abonnés 420 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 août 2016
    Ines est consultante en restructuration d'entreprise dans une société de conseil. En mission pour un gros client à Bucarest, elle voit son père débarquer d'Allemagne à l'improviste. Cette visite va chambouler sa vie et leurs certitudes.
    Plus qu'un conflit père-fille, Toni Erdmann oppose deux visions de la vie. Elle, toute en ambition, soucieuse du profit, implacable et rigide jusque dans sa physionomie, maigre et anguleuse, respectée pour son efficacité mais incapable de créer de la sympathie auprès de ses interlocuteurs. Lui, tout en rondeur, occupant toute la place tant physiquement que par ses élucubrations, provoquant plus souvent le rire et l'étonnement que l'exaspération, cherchant l'inattendu au quotidien, écolo-baba cool soucieux du bonheur. Tous les deux borderline mais ne naviguant pas sur les mêmes lignes. Si le pitch semble convenu et peut inquiéter, le savoir-faire de Maren Ade bouscule tous les a priori. Son récit est maîtrisé affichant 2h40 sans ennui, ménageant les surprises régulièrement avec des situations étonnantes, alternant les ambiances, burlesque, comédie, drame psychologique, politique... Car si on rit beaucoup, le malaise ne lâche jamais prise. Ainsi, la partition est complexe et demande de la précision dans l'interprétation. Peter Simonischek (assurément le cousin germain de Jacques Weber) et Sandra Hüller sont tous deux excellents notamment dans le jeu des corps et des regards, inquiets et rigolards pour lui et froids et désespérés pour elle.
    On ne comprend pas bien comment le jury de Cannes a pu passer à côté de ce bel ouvrage, original et finalement audacieux. Une occasion ratée de récompenser, auprès des grands, une jeune cinéaste.
    Acidus
    Acidus

    720 abonnés 3 709 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 août 2016
    Même s'il n'a pas remporté la Palme d'or au festivalde Cannes de 2016, "Toni Erdmann", le troisième long métrage de la cinéaste allemande Maren Ade, a été vivement remarqué et salué par la critique.
    Cette reconnaissance est justifiée puisque "Toni Erdmann" est un très bon film qui se veut à la fois touchant et drôle. Les 2h45 passent à une vitesse folle sans que l'on puisse s'ennuyer. Il y a bien deux/trois passages à vide mais ils sont courts et peu nombreux.
    Toute l'intrigue repose sur l'excellent duo Peter Simonischek/Sandra Hüller qui est en fait une transposition du duo circassien clown auguste/clown blanc. Ines (clown blanc) s'investit sérieusement dans sa carrière professionnelle que vient chambouler les pitreries de son père Winfried (clown auguste).
    Une comédie dramatique plus marrante que réellement triste qui vous fera un effet agréable.
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