C'est le mariage d'Angélique Litzenburger qui a donné aux réalisateurs l'idée d'axer le scénario de leur premier long-métrage autour de son personnage. Ils expliquent : "Le point de départ, c’est un évènement qui a véritablement eu lieu. Le mariage atypique qu’a fait Angélique il y a quelques années. A presque soixante ans, cette union posait question. C’était comme le bilan d’une vie, celle d’une femme qui n’a connu que le milieu de la nuit et qui s’est résolue tardivement à se ranger. Il y avait là une situation de cinéma formidable à nos yeux."
Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, les trois coréalisateurs, se sont connus à la Fémis où ils ont étudié le scénario et le montage. Après plusieurs courts métrages (Forbach, C'est gratuit pour les filles, "Demolition Party"), ils passent au long avec Party Girl.
Party Girl s’inspire librement du parcours d’Angélique, la mère de Samuel Theis, coréalisateur et coscénariste du film, et met en scène sa véritable famille. Chaque membre y joue son propre rôle. Le reste de la distribution, quant à elle, est composée d’acteurs non-professionnels : "Nous sommes partis du contexte autobiographique (…) Il fallait ensuite fictionnaliser les événements, les organiser pour en faire une histoire de cinéma. Avec ses enfants, nous sommes donc partis des vrais rapports. Sur ce terrain-là, on n’invente rien. C’est suffisamment fort, c’est la base. Nous avions décidé que le mariage était le fil conducteur qu’on allait tirer tout au long du film. Et en partant de ces éléments réels, il fallait ensuite trouver au personnage d’Angélique une trajectoire forte (…) C’était donc un travail d’équilibristes : nous marchions sur un fil tendu entre la fiction et la réalité."
Tout comme une majorité du casting, Angélique Litzenburger signe ses débuts au cinéma avec Party Girl. Auparavant, l’actrice principale était danseuse de cabaret. D’abord hésitante à l’idée de mettre sa vie en scène, la mère du réalisateur a accepté de se lancer dans l’aventure, convaincue par son fils qui a su trouver les mots justes.
Au départ, il était prévu que le film s'intitule "Angélique", nom du personnage principal, mais le trio de réalisateurs a finalement préféré le titre "Party Girl".
Le projet a bénéficié de l'avance sur recettes, une aide financière apportée par le Centre national du cinéma et de l'image animée, à des longs-métrages de nationalité française.
Si la structure de Party Girl répondait à un scénario précis, les acteurs, eux, étaient libres de leurs propos, l'histoire étant la leur. A de nombreux moments, ils se sont permis quelques improvisations : "Les acteurs connaissaient l’histoire, mais on ne leur donnait pas de texte à apprendre. Ils arrivaient sur le plateau et on leur expliquait la séquence au moment où on la tournait. Nous partions des scènes écrites, de la trajectoire d’Angélique, pour pouvoir les faire improviser et attraper des moments de vie à la volée. On leur donnait le contexte, la situation, le conflit. On les laissait jouer, puis on recadrait au fur et à mesure. C’est pourquoi le scénario était fondamental, il fallait que nous soyons bien préparés. Les acteurs rejouaient les séquences plusieurs fois, jusqu’à ce qu’on obtienne ce dont on avait besoin."
En faisant tourner des acteurs non-professionnels, jouant leur propre rôle, dans une fiction autobiographique, Party Girl se rapproche du concept cinéma-vérité. Les réalisateurs confient néanmoins ne pas se réclamer de ce mouvement. Ils précisent : "Si le cinéma‑vérité ou le néo-réalisme nous parlent, nous inspirent et nous intéressent, on ne s’en réclame pas. Cassavetes, Pasolini ou Pialat, entre autres, sont aussi des références pour nous. Pour Party Girl, on a beaucoup regardé Mama Roma, Une femme sous influence, Wanda, qui sont des films portrait, de femmes libres et hors norme."
Party Girl a été présenté au Festival de Cannes de 2014, en ouverture de la section Un Certain Regard, et y a remporté la Caméra d'or et le Prix d'ensemble.
Le film reçoit le Prix du Public du Festival Paris Cinéma 2014.