C'est toujours difficile de voir un auteur qu'on respecte se planter. Je suis donc triste de dire que le dernier opus de Kiyoshi Kurosawa est vraiment très mauvais.
Le réalisateur japonais rejoint la longue liste des réalisateurs étrangers dont le talent semble s'affadir irrésistiblement quand ils viennent tourner dans des productions françaises, avec des acteurs français (Kieslowski, Kiarostami, Hou Hsiao Hsien, Farhadi, etc).
Certes, la mise en scène de Kurosawa reste d'une fluidité et d'une élégance souveraine. On le constate dès les premiers plans, d'une grande beauté. Mais malheureusement, le film se gâte progressivement, par l'effet conjugué de ses deux défauts principaux : des erreurs de casting majeures et un scénario approximatif.
En terme de casting, je vais être clair. Tahar Rahim est nul, confiné une fois de plus dans ce rôle de petite frappe limitée et un peu sotte, dont il ne sait (peut ?) pas sortir. Olivier Gourmet est moins bon que d'habitude. Il semble très mal dirigé, à l'image de cette scène où il joue un état d'ivresse avec beaucoup d'approximations. Constance Rousseau est transparente à force d'être diaphane.
Le scénario, quant à lui, semble écrit à la truelle. Rien ne tient, tout est critiquable. L'évolution psychologique des personnages est hautement improbable et les histoires de fantômes ne répondent à aucune logique (vu la fin du film, il faudra qu'on m'explique la scène du début durant laquelle Marie rencontre un recruteur au Jardin Botanique).
Ajoutez à tout cela des effets indignes de Kurosawa (portes qui grincent, parquets qui craquent, chuchotement des morts qui flottent dans l'espace) et vous aurez bel et bien le pire opus du maître japonais.
Avec son rythme lent, son atmosphère prégnante, et son histoire mystérieuse, "Le secret de la chambre noire" est très intrigant. J'apprécie ces films à tiroirs où l'imagination du spectateur doit relier les fils, mais il faut reconnaitre que le réalisateur ne livre que peu de clés à son intrigue tortueuse, d'où une impression bien confuse au final... Reste une mise en scène ultra précise, jamais mis en défaut.
Une catastrophe que ce film prétentieux dont l'intrigue est fumeuse et incohérente. Rien ne s'en dégage : ni magie ni malaise ni envoûtement ni poésie. Le vide intersidéral ! Que sont venus faire dans cette galère Olivier Gourmet et plus encore Tahar Rahim qui est transformé de façon ridicule pour le faire passer pour un jeune paumé ?
Le cinéma japonais excelle dans l'art des fantômes. Mais cette fois, Kurosawa nous transporte dans un Japon tout autant européanisé qu'hors champs. On reconnaît pourtant notre vieil RER filmé du toit, les rues escarpées et bordées de maisons bourgeoises dans la banlieue Ouest, puis soudain, une sorte de manoir immense, totalement déconnecté du monde, hors réalité et hors temps, où un photographe s'amuse à prendre des modèles avec des appareils de début de siècle. "Le secret de la chambre noir" est un conte étrange, envoutant, où les fantômes du passé côtoient ceux de l'amour, où les morts errent et surtout où les plantes rares se perdent au détour du ruissellement des pollutions de mercure. Kurosawa a fabriqué une sorte de film hybride où le genre fantastique habite le genre sentimental et psychologique, où la cause écologique se confronte à la question de la mémoire et de l'histoire. Bref, il s'agit du coup d'un objet assez hétéroclite, hélas trop long, parfois à la limite de l'endormissement. Le spectateur regarde les personnages évoluer sans grande conviction. Pourtant les acteurs sont irréprochables. Ils pleurent quand il le faut, ils crient, ils deviennent fous. Mais tout cela manque sans doute d'unité, de rythme en tous les cas. On est loin du magnifique "Tokyo Sonata" du même Kurosawa où cette fois, le réalisateur préfère le baroque à la profondeur de ses personnages.
Tahar Rahim et Olivier Gourmet côte à cote dans un long-métrage franco-belgo-japonais ? Ca a de quoi intriguer, non ? D’ailleurs, c’est sans doute parce que nous apprécions véritablement le duo de comédiens qui nous attendions tant de ce film. A-t-il été à la hauteur de nos espoirs ? Pas totalement. Avec son atmosphère proche du film « Les Autres », « Le secret de la chambre noire » suggère les choses plus qu’il ne les montre, plante une atmosphère particulière où l’on se perd, dans un premier temps, avec délice. Sauf qu’au contraire du célèbre film d’Amenabar, la surprise n’a pas vraiment lieu tant on la voit venir… Son manque de suspense et son histoire convenue gâchent une bonne partie du plaisir cinématographique. Par contre, le savoir-faire du metteur en scène Kiyoshi Kurosawa et l’exploitation qu’il fait de la photographie nous laissent bouche bée. La lumière est très étudiée, le clair-obscur formidablement amené
Kyoshi Kurosawa, cinéaste mineur, mais dont le savoir faire de la mise en scène lui a permis de réaliser plusieurs bons films, d'effrois ou dramatiques, réalise ici une oeuvre assez décevante, longue, dont on attend vraiment quelque chose qui ne vient pas. Refusé lors de la sélection du dernier festival de Cannes, le cinéaste a cru bon diminuer la durée du film. Il en reste un scénario bancal (la relation Gourmet/Tahar Rahim), une actrice fade et mal dirigée). Dommage, car le film n'est pas nul, la musique est belle, la photographie soignée (beaux cadres, maison inquiétante à souhait) mais l'histoire ne s'envole réellement jamais. La fin est prévisible. Seules surnagent quelques très belles scènes inquiétantes et poétiques qui ont fait le talent du cinéaste (un passage au bord d'un fleuve, une scène de photographie et surtout la plus belle du Secret de la chambre noire, une apparition fantomatique à faire frémir et enivrer). On reste sur sa faim, d'autant plus que le cinéaste, en sortant de ses frontières, a voulu prendre un risque, à moitié réussi.
Après des films remarquables tels que Cure, Vers l’autre rive ou Shokuzai, nous avions envie de voir ce que ferait Kiyoshi Kurosawa avec des comédiens français. L'idée du film est venue au cinéaste après avoir assisté à une exposition au Japon sur les débuts de la photographie. Le Secret de la chambre noire raconte l’arrivée du personnage de Tahar Rahim dans une belle propriété pour assister un grand photographe de mode, Olivier Gourmet, qui vit reclus avec sa fille, Constance Rousseau, sa désormais unique modèle. Cette dernière paraît prisonnière de son père et le film oscille entre le drame et le film fantastique. Mais cette étrange partie semble non maîtrisée et nous n’aurons aucune honte à ressentir l’ennui. Le Secret de la chambre noire fait planer un sentiment dubitatif qui ne sera malheureusement jamais mis en lumière. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Les histoires de fantômes, au cinéma, sont assez souvent décevantes, soit parce que, par souci de véracité, elles manquent de mystère, soit, au contraire, parce qu'elles en regorgent au point de paraître grotesques. D'une manière générale, ce genre sied davantage aux britanniques qu'aux français (réputés trop cartésiens comme chacun le sait) ! Il s'agit pourtant ici d'un film français, mais réalisé par un japonais qui, pour la première fois de sa carrière, est venu planter sa caméra chez nous. Kiyoshi Kurosawa a déjà prouvé maintes fois qu'il excelle dans le genre du film fantastique. Il sait parfaitement doser ses films en y mettant juste ce qu'il faut d'étrangeté, ni trop ni trop peu. Pour « Le secret de la chambre noire », il a choisi un cadre qui nous est des plus familiers, celui d'une cité de la banlieue parisienne, mais c'est pour le détourner aussitôt en y dénichant une vieille maison bourgeoise qu'on ne s'attend peut-être pas à trouver là. L'homme qui s'y présente se prénomme Jean (Tahar Rahim) et il est à la recherche d'un emploi. Stéphane (Olivier Gourmet), le maître de la maison, l'engage. C'est un photographe, mais dont les recherches et les idéaux échappent totalement à la banalité. Ce que découvre Jean, dans le cabinet de curiosités de l'artiste, c'est un appareil rescapé d'un autre siècle, l'ancêtre de l'appareil photographique, une machine à faire des daguerréotypes. Les portraits qu'on capture par ce moyen paraissent précisément fantomatiques, évanescents, comme s'ils avaient capturé non seulement l'image corporelle mais l'âme du modèle. Pour les obtenir, il n'y a pas d'autre moyen que rester totalement immobile face à l'objectif pendant de longues minutes, ce qui exige d'être fixé à une armature évoquant un chevalet de torture. Or c'est Marie (Constance Rousseau), la propre fille du photographe, qui doit se plier à cette terrible exigence. L'épreuve est telle qu'elle en ressort parfois comme morte. La maison tout entière donne d'ailleurs une impression d'irréalité, impression d'autant plus forte que la demeure est habitée non seulement par le souvenir mais par la présence errante de l'épouse défunte de Stéphane. Quelle est la limite entre la réalité et l'illusion ? Qu'est-ce qui est réel ? Ce sont les questions qui viennent aux lèvres de Marie dans une de ses discussions avec Jean ? Dommage que le réalisateur ait cru bon de rajouter au film une histoire de tractation immobilière qui ne lui apporte pas grand chose. Le meilleur de ce long-métrage, c'est Constance Rousseau qui le donne : elle est dotée d'une beauté et d'une apparente fragilité qui conviennent à merveille à son personnage et elle donne une âme à cette histoire, oui, bien plus qu'en étant un simple modèle de daguerréotypes. 7,5/10
Pour son premier film français, Kiyoshi Kurosawa signe une œuvre assez envoutante mélangeant drame familial et cinéma fantastique. Il arrive à introduire à un film au style purement français un univers fantomatique propre à la culture japonaise sans que le tout perde de cohérence. Un film intrigant.
Un grand film ou l'on a plaisir à retrouver Olivier Gourmet et Tahar Rahim dans une maison ou ils photographient la jeune fille de la maison pendant des heures et le personnage Olivier Gourmet à des visions qui surgissent à certains moments ou il croit revoir son épouse décédée jusqu'à en devenir fou et suicidaire à voir
Un suspense qui n'en est pas un, une intrigue où l'on oscille entre le fantomatique et l'hallucinatoire. La précarité psychique de l'un déteint-elle sur l'autre ? Quel est donc ce photographe de génie, qui manie encore le daguerréotype ? Olivier Gourmet est toujours aussi talentueux, Tahar Rahim également. Quant à Constance Rousseau, elle a une beauté troublante et s'incarne dans une présence/absence troublante. Ce que l'on voit est-il un relent du passé ? Une perception de la réalité ? Une vision hallucinatoire ? Où commence le délire ? Qui est délirant ? Kiyoshi Kurosawa nous tient en haleine jusqu'au bout, mais avec une sensation de devinement de la tournure que vont prendre les événements.
Je ne suis pas un grand fan de Kiyoshi Kurosawa déjà parce que je ne connais pas toute sa filmographie et que le peu de films que j'ai vus ne m'ont pas spécialement emballé même si je dois reconnaître qu'il a un vrai univers et une capacité à créer une bonne ambiance. Par contre, j'avais adoré son précédent film "Creepy" qui malgré sa simplicité prenait vraiment aux tripes grâce à une excellente ambiance et tension. Comme dans "Real" et "Kairo", il y a une bonne base, mais l'évolution de l'histoire s'avère vraiment décevante et pas à la hauteur des attentes. La première partie est pas mal, elle est intrigante avec l'histoire qui peut évoluer vers quelque chose de rationnel ou de surnaturel, car le réalisateur a toujours eu cette fascination pour les esprits et c'est un élément que l'on retrouve et qui semble hanter cet artiste. Après, il faut le dire vite, car les indices sont quand même gros et qu'il est facile de deviner le fond de cette histoire finalement très prévisible qui manque de subtilité. À cause de ça, la deuxième heure est particulièrement poussive, interminable et ennuyeuse... Je ne vais pas trop parler de cette conclusion vraiment mauvaise pour ne pas dire pire ou de la mise en scène qui est tout d'abord élégante avant de frôler le ridicule. Olivier Gourmet et Tahar Rahim font le job malgré des rôles stricts par contre Constance Rousseau passe complètement à côté et ne dégage rien. Bref, c'est vraiment un film décevant et fade qui manque de vie, de passion et d'émotion.
Vers quoi mènent les couloirs sombres de ce cabinet des curiosités ? Vers le romanesque, émouvant et inattendu, incarné aux côtés de Rousseau par le décidément toujours parfait Tahar Rahim. Ce secret-là est beau, précieux et envoûtant.
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0,5
Publiée le 5 juin 2020
Comme dans tant de cas de coproduction internationale ou de réalisateur hissé hors de sa propre zone, le résultat est un gâchis. Les valeurs de production sont élevées mais rien n'a de sens. Il n'y a pas de Secret de la chambre noire comme dans le titre français. Les fans de l'histoire de la caméra (qui sont nombreux) seront induits en erreur par ce titre et déçus par l'échec du scénario à utiliser une histoire fascinante. Cela ressemble à une mini-série T.V.. Les acteurs se frayent un chemin à travers ce film, aucun ne se connectant avec les autres tous ayant l'air aussi confus à propos de ce qui se passe que le public. Sinon, le fantôme est complètement inintéressant. Les costumes et la décoration sont-ils impeccables ? Sans doute, mais pour quel résultat ? La caméra glisse sans fin mais sans effet...