Annabelle est, forcément, un spin-off qui porte une charge considérable. En prenant la relève du déjà culte "Conjuring : Les Dossiers Warren", ce film se confronte à une critique plus tranchée et exigeante, la faute à la réputation de son aîné. On pouvait donc en attendre beaucoup, voire trop de ce dernier rejeton du cinéma d'horreur : et, en effet, le film laisse un goût amer à la sortie de la salle de cinoche.
Annabelle est plutôt flippant, mais se repose beaucoup trop sur la mécanique d'un certain James Wan : on retrouve la patte musicale de JW (glaçante dans Conjuring) et des scènes proches du style cinématographique de JW : le seul souci, c'est que Mr. Wan n'est pas le réalisateur de ce film, et le résultat est donc bien différent de Conjuring. John R. Leonetti ne démérite pas, mais on ressent un écart entre les deux réalisateurs qui joue directement sur la qualité finale du film. Enfin, passons sur cette perpétuelle comparaison entre Conjuring et Annabelle pour mieux nous atteler sur les atouts et faiblesses de notre joyeux luron.
Annabelle est un film intéressant, qui se démarque sur plusieurs points : d'abord, l'univers propre à Anabelle est parfaitement respecté, et on remarque de nombreux clins d'oeil tout au long du film à son grand frère : la poupée n'inspire pas confiance, et elle préserve un sentiment d'oppression pendant l'intégralité de l'heure et demi
(bien qu'on ne la voit pas autant qu'on le voudrait...)
. On peut également retenir deux-trois scènes intéressantes du point de vue "horreur",
dont celle du sous-sol, qui n'a rien à envier aux modèles du genre.
Sinon, de mon point de vue, qui est purement subjectif, les acteurs ne sont pas suffisamment au rendez-vous ; on retiendra toutefois la prestation plus que correcte d'Annabelle Wallis, qui souligne l'anxiété et la paranoïa installées par l'arrivée de la poupée. Après, pour le reste... On déplore le manque de risques pris par le spin-off (c'était prévisible) par rapport au style de Wan, Leonetti ne parvient pas à apporter un véritable style à son oeuvre, et cela pose évidemment problème. L'autre point faible du film, ce sont les jumps-scare : autant un ou deux dans un film, ca passe, mais là franchement... Je ne suis pas contre ce procédé, mais il est appliqué maladroitement au sein de scènes téléphonées : on attend juste de se prendre un truc en pleine face à certains moments, sans aucune exagération !
Le véritable problème de ce film, c'est son inconstance : alors que certains moments se révèlent intéressants, d'autres n'ont pas d'importance dans le film ou sont totalement WTF
(mention spéciale à la fin).
Pourtant, Annabelle est un film intéressant, et il semble sévère de le critiquer à tort et à travers : nous avons tous des apriori par rapport à Conjuring (pour ceux qui ont vu ce film), qui est pour l'instant inatteignable. On prend du plaisir à voir les débuts et l'évolution de la poupée de cire, dans une ambiance glauque à souhait. Annabelle ne restera pas au panthéon du cinéma d'horreur, mais elle s'est défendue avec ses armes, et c'est ça qui compte.