Fawcett, vous dites ? Oui, Farah, bien sûr. Non, Percy, un explorateur de la première partie du XXe siècle. Inconnu au bataillon, enfin disons qu'il ne fait pas partie des aventuriers les plus connus. Sa singulière destinée et son rêve d'Amazonie, qui a tourné à l'obsession, sont racontés par James Gray dans The lost City of Z qui cette fois laisse loin derrière lui les paysages urbains qui constituaient jusqu'alors sa principale inspiration. Un changement de registre qui est aussi perceptible dans une tonalité différente : plus question de récit dense et intense, son film revisite le film d'aventures vu comme une sorte de quête d'absolu, quasi mystique, avec une conviction forte mais douce en même temps. Surprenant. Les premières minutes dans la jungle sont les plus déconcertantes, rien d'épique ni de spectaculaire, comme si Fawcett trouvait son Amazone de confort, malgré les serpents, les piranhas et les indiens hostiles. On ne s'ennuie pas dans cet univers ouaté mais il faut prendre ses marques et se résoudre à accompagner notre héros dans cette odyssée avec son regard bienveillant et sa volonté inébranlable (Gray l'a paré d'un certain nombre de qualités qui ne correspondent peut-être pas à la réalité mais qu'importe puisque c'est sa vision et qu'elle lui permet de livrer un certain nombre de messages qui lui tiennent à coeur). Devant la caméra de James Gray, Fawcett devient un explorateur "responsable" et engagé qui n'est pas loin de s'ériger en défenseur de l'environnement. Tout aussi intéressant, sinon plus, est son rôle de chef de famille, souvent absent, mais dont les liens familiaux restent le ciment avec notamment sa femme, lumineuse, incarnée avec perfection par Sienna Miller. Charlie Hunman, lui, impose son charisme viril au côté d'un Robert Pattinson, trop peu employé et méconnaissable. Les dernières minutes de The lost City of Z apportent une émotion dont le film est relativement chiche par ailleurs. Le film n'est certainement pas un chef d'oeuvre, il rappelle parfois le mésestimé Aux sources du Nil, de l'excellent Bob Rafelson, mais sa facture originale marque une étape intéressante dans la carrière de James Gray, l'un des deux ou trois cinéastes américains les plus passionnants de sa génération.