Les "Hunger Games" se sont peut-être achevés mais la collaboration entre Francis Lawrence et Jennifer Lawrence n'a pas encore dit son dernier mot (avoir le même nom doit créer une certaine proximité). Le réalisateur retrouve cette fois l'actrice pour un thriller d'espionnage post-Guerre Froide adapté du premier roman de Jason Matthews, "Moineau Rouge".
Dès l'introduction mêlant une séquence de danse au Bolchoï à une rencontre entre agents secrets qui tourne mal, le ton est donné, "Red Sparrow" tape dans l'imagerie classique pure et dure du film d'espionnage et ne la quittera jamais avec une intrigue se fixant sur la construction d'une vengeance personnelle dans ce milieu tout en amenant son lot de missions d'infiltration, de manipulations, de tortures et de trahisons.
Mais, là où "Red Sparrow" tend à se différencier c'est grâce à son ton particulièrement cru véhiculé par le statut de Moineau (agent/prostituée du gouvernement russe) de l'héroïne qu'elle acquiert au sein d'une école spéciale dirigée par une Charlotte Rampling aussi glaciale qu'un hiver sibérien. Par la suite, tout le récit tournera autour de sa revanche pour retrouver sa liberté (ouvrir sa cage de Moineau, subtilité quand tu nous tiens...) et se venger de son oncle incarnée par Matthias Schoenaerts (ou Vladimir Poutine, on ne sait plus trop vu que les deux hommes sont physiquement identiques) en se servant des sentiments d'un agent américain (Joel Edgerton) à son égard, le tout grâce à un plan dont des flashbacks finaux voudront à tout prix nous démontrer qu'il tient du génie à l'état pur.
Au final, pourquoi pas après tout ? Si "Red Sparrow" s'en était tenu à ça, le résultat aurait été certes classique mais le ton induit par le caractère de son héroïne aurait pu à lui seul faire la différence. Le problème c'est que le film dure beaucoup, beaucoup, (x10) trop longtemps, se perdant complètement en cours de route dans une sous-intrigue faisant intervenir un "Cygne" américain (oui, les espions sont vraiment tous dingos d'ornithologie apparemment) prêts à vendre des disquettes (en 2018 mais bien sûr !) compromettantes aux Russes. Alors, certes, cette opération est déterminante pour celle menée dans l'ombre par le personnage de Jennifer Lawrence mais pourquoi diable l'avoir fait autant s'éterniser vu qu'elle ne représente qu'une étape vers quelque chose de bien plus important. Pendant l'ensemble du film, comme à peu près tout le monde se cache des choses, les personnages passent leur temps à réexpliquer leurs faits et gestes à ceux qui n'étaient pas présents précédemment, ça a beau apporté un côté plus réaliste, le spectateur, lui, qui sait déjà tout ça commence sérieusement à regarder sa montre, gagné par un irrépressible ennui devant un spectacle qui donne sérieusement l'impression de tourner en rond...
Resserré d'au moins une bonne demi-heure, on aurait été sans doute plus indulgent avec ce "Red Sparrow" mais, en l'état, impossible de faire l'impasse sur sa durée beaucoup, beaucoup (x10) longue pour ce qu'il a à raconter.