L'Escale a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes 2013. Il s'agit du premier long métrage documentaire de Kaveh Bakhtiari.
En plus de sa participation à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, L'Escale était également en compétition pour les festivals de la Rochelle, Namur, Montréal, Rotterdam et Londres.
Le projet de L’Escale est survenu alors que Kaveh Bakhtiari se trouvait en Grèce pour la présentation de son court métrage La Valise. Lors d’un festival, une connaissance lui a fait savoir qu’un membre de sa famille venait de quitter l’Iran. "Depuis la Turquie, et sans se noyer, il avait réussi à rallier illégalement l’île de Samos où il avait finalement été cueilli par les douaniers grecs et incarcéré à Athènes", déclare le réalisateur, en poursuivant : "Moi, on m’invitait dans un hôtel pour parler de mon film, alors que lui, qui voulait juste transiter par la Grèce pour aller plus loin en Europe, était sous les verrous. Je l’ai finalement rejoint à sa sortie de prison. Il m’emmena alors dans son "lieu de vie" dans la banlieue d’Athènes, une buanderie aménagée en petit appartement où d’autres clandestins se terraient en attendant de trouver le moyen de quitter la Grèce. C’est ainsi que je me suis immergé dans la clandestinité, ou plutôt dans l’univers des clandestins, des destins suspendus et des passeurs."
Kaveh Bakhtiari est resté en compagnie de ces immigrés près d’un an pour les besoins de L’Escale. "J’aurais pu m’installer à l’hôtel, dans un endroit plus confortable qu’une vieille buanderie d’où l’on avait vue sur le trottoir en grimpant sur un tabouret (…). Mais j’aurais eu l’impression d’être un voleur si j’avais débarqué ponctuellement avec ma caméra pour capter des pans de leur vie. Je ne voulais pas non plus m’immerger dans leur univers comme un corps étranger, mais tout simplement parcourir avec eux un bout de chemin en alter ego, en Iranien comme eux", révèle le cinéaste.
En décidant de filmer des clandestins, Kaveh Bakhtiari s’est mis dans une situation compliquée à gérer puisqu’il est lui-même devenu un cinéaste hors-la-loi. "ll fallait être là, fonctionner à l’instinct et faire semblant d’avoir les nerfs solides : à chaque instant, tout pouvait s’arrêter. Il suffisait que la police débarque et il n’y avait plus rien. Chaque soir, je pensais que je venais de tourner mon dernier plan", se rappelle-t-il.
Avec l’aggravation de la crise grecque et la montée en force d’une extrême droite néo-nazie, la situation des clandestins est devenue encore pire aujourd'hui, trois ans après le tournage de L’Escale : "Les migrants, fustigés par l’extrême droite, sont devenus les boucs émissaires des malheurs de la Grèce. Maintenant, ils sont pourchassés, tabassés ou tués par les gros bras d’Aube Dorée, un parti ouvertement xénophobe. Afin d’échapper aux agressions, beaucoup ont quitté Athènes pour se cacher dans les forêts. Mais il reste évidemment des Grecs qui font de leur mieux pour les aider, bien que maintenant certains pensent aussi à quitter leur pays…", explique le réalisateur.