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conrad7893
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3,5
Publiée le 6 janvier 2015
un film choc, qui nous dresse un portrait glaçant et effrayant de la police russe (j'espère que c'est une fiction) car ce film nous montre les abus de pouvoirs, les manipulations, la dérive d'être humains Un film lent à la photo et à la lumière blanches Très bonne interprétation des acteurs
La distinction entre la милиция & la полиция n’est pl— Hein ? Ah, pardon. La distinction entre la milice & la police n’est plus pertinente en Russie depuis 2011, quand le deuxième terme a officiellement remplacé le premier (théoriquement obsolète depuis la chute de l’URSS) mais l’usage le conservait en 2013 en plus des uniformes affichant toujours ”milice” comme un affront & une contradiction envers le commissariat qui annonce ”police”.
Placer la distinction morale précisément sur ce point qui sert de creuset scénaristique, c’est bien dans le goût général de Le Major, dont l’histoire va jouer à la navette entre les extrêmes avec ce semblant de jubilation sardonique type Baba Yaga.
Iouri Bykov est réalisateur-scénariste-acteur-compositeur-monteur : pour lui, un film doit être un tout & c’est comme à contrecœur qu’il laisse le reste du casting prendre une place. Son personnage l’écrase d’ailleurs, tout comme son ancrage puissant dans le terreau du bien & du mal. C’est en effet l’objectif de Bykov de recommencer depuis les bases ; la vocation de son œuvre n’est de toute façon pas assez substantielle pour prétendre aller plus loin que l’enracinement puriste dans un crime qui sera le crédo brut.
La milice-police devient une sorte de mafia quand il s’agit de camoufler le crime du Major, un système qui, en fait de protéger & servir le citoyen (motto capitaliste, m’voyez), se sert & se protège lui-même comme si c’était lui qui était menacé. Premier retournement donc : la police est criminelle. Mais elle est aussi isolée, & il est facile de dissimuler les preuves quand personne n’est motivé pour aller les chercher.
Chez Bykov, la justice est bafouée mais on sent son besoin viscéral frapper à la porte de sa conscience, alors les personnages l’intellectualisent pendant que le réalisateur atteint tranquillement le pinâcle du film psychologique : est-on capable de garder son masque quand il ne faut pas perdre… la face ? Est-on à la hauteur d’un quitte ou double pervers où l’omission devient mensonge, le mensonge manipulation, la manipulation chantage, puis meurtre & folie ? Le Russe est-il insensible ou bien le produit d’un tempérament froid qui prend des décisions à chaud ?
Franc dans la parole et discret à l’image, le film cultive des doutes superbement placés. On en vient alors à questionner si cette torsion morale n’est pas savourée par les protagonistes. Ce qui est génial, c’est qu’on ne sait plus si on est censé l’apprécier nous-mêmes.
Le Major, en tant que personne, va alors être poussé dans la machine infernale d’une injustice indéfectible qui s’ébranle, & le personnage moral, pur comme un embryon de justesse, va jaillir de lui avec autant d’humilité qu’il aura de promptitude à reprendre son arme en situation de crise – le milicien (ou policien, j’ai perdu le fil) reprend le dessus & active un nouveau renversement.
L’égoïsme justicier du Major va-t-il mettre fin à la dictature d’un oblast avec force raffut ? En tout cas, il essaiera toujours dans l’ambiance d’une déliquescence magnifique de tout bon sens qui met en exergue le genre de réussites complètes qu’on atteint parfois en refusant de déléguer les tâches de cinéaste.
En peu de temps, de mots et d’images Yuri Bykov pose les données d’un problème politique et social que l’Histoire se contente encore aujourd’hui de regarder avec une indifférence notable. A travers la vie d’un commissariat russe, il nous parle de l’état soviétique où les armes s’enraient, les soldats n’ont pas d’ordre. La mort accidentelle d’un enfant par un officier de la police locale peut-il inverser le cours des choses ? Ou le conforter dans les certitudes d’un establishment qui ne tient sa légitimité que dans la violence. Ici la réalité est mise à nue, moment d’une grande et incroyable intensité, dans les regards, les échanges, les silences, pesant comme la mort qui rode depuis toujours. Le réalisateur joue très bien le rôle du copain du flic responsable de la mort du garçonnet. Il s’appelle Denis Shevod et mérite lui aussi sa part du gâteau.
Avis bonus Le dvd est livré avec une interview très complète du réalisateur Pour en savoir plus
Excellent début, très bonne réalisation un peu long sur la fin... donne une image de la police russe malheureusement très proche de la réalité certainement....
(...) The Major (2013) n’est que le second long métrage de Yury Bykov. Ce fait est déjà remarquable à lui seul, quand on constate la maîtrise dont le jeune réalisateur fait preuve pour développer son histoire. Que dire alors, lorsqu'on apprend qu’il en est également le scénariste, le monteur, le compositeur et qu’il y tient l’un des rôles principaux ? (...) l’Homme est toujours rattrapé par sa conscience. Pour Sobolev, sera-ce au point de trahir l’omerta ? Ses camarades ? S’il se ravise, ne sera-t-il pas trop tard ? Mieux vaut tsar que jamais après tout, n’est-ce pas ? Dans tous les cas, pas de simple lutte du bien contre le mal ici, dans The Major il n’est pas forcément question de justice. La descente aux enfers aura bien lieu, mais pour qui ? Le pessimisme, à l’image du climat, est de rigueur. Bykov nous dépeint une société morne et grise, tout au long d’un film noir sur fond blanc. Le rythme est à la fois lent, presque contemplatif, et nerveux. Des plans larges, surlignant la petitesse de la nature humaine fuyant ses responsabilités, des gros plans, pour bien mettre en avant le courage d’une famille devant une rude épreuve. Par cet aspect froid, implacable et ce nihilisme ambiants, il nous renvoie à un certain The Thing de Carpenter. (...) A l’aide d’un budget modeste, Bykov parvient à tenir en haleine, grâce à un montage extrêmement habile. De très nombreux plans-séquence souvent filmés à l’épaule confèrent une grande intensité à l’action, sans nuire à la lisibilité. Un travail minutieux sur la lumière, le contraste intérieurs glauques/extérieurs immaculés, renforce l’immersion. (...) The Major frappe fort et dénonce de manière percutante les abus de ceux qui ont le pouvoir face à une population impuissante. La corruption politique et celle des forces censées représenter l’ordre du pays. Des gradés tout puissants, du moins en apparence… The Major est un polar polaire glaçant sans concessions (...)
Cette police corrompue, ce decors polaire, cette ville russe industrielle... Il y a de quoi être effrayé ! Que le film s'inspire ou pas d'éléments réels cela ne donne pas envie d'être un jour confronté aux hommes de lois russes. Même si le réalisateur tient son propos de bout en bout, passé une heure c'est la monotonie qui s'installe et les enjeux s'évaporent peu à peu.
La grande période du cinéma soviétique est morte et enterrée. Toutefois, depuis la Russie, l'Ukraine ou d'autres pays issus de l'ex-URSS, il nous arrive de temps des films qui prouvent que ces pays abritent toujours des réalisateurs de talent. Très probablement, ces réalisateurs ont beaucoup de mal à réunir le budget nécessaire pour la réalisation de leurs rêves et, quand ils y parviennent, c'est le plus souvent grâce aux divers Festivals de cinéma qu'ils arrivent à pénétrer dans notre monde de cinéphiles. Ce fut le cas récemment pour "My Joy" et "Dans la brume", les 2 excellents films de l'ukrainien Sergei Loznitsa. Ce sera le cas le 20 novembre avec "La maison à la tourelle" de l'ukrainienne Eva Neymann, non moins excellent. Alors que ces 3 films ont la beauté formelle des grands films de l'ex-URSS, "The Major", le deuxième film du russe Yury Bykov (le premier n'est jamais sorti en France), penche davantage vers le cinéma américain des années 70. C'est la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2013 qui a permis à ce film d'entrer sur notre territoire. Film qui raconte les conséquences de la "machine infernale" mise en branle par des policiers pour couvrir la responsabilité d'un des leurs dans un accident, "The Major" est avant tout un film sur la corruption et sur la conscience des individus. Après avoir vu "The Major", on suivra la carrière de Yury Bykov avec attention : il n'a que 32 ans et, dans ce qui n'est que son 2ème film, il fait déjà preuve d'une maîtrise certaine même si on peut y trouver quelques défauts, en particulier au niveau du scénario.
Film brutal et fataliste comme les films russes peuvent l'être, il nous dépeint les cas de conscience de policiers pris dans la tourmente de leur propre système véreux suite à un accident atroce. SI vous n'avez pas peur de la tristesse et du froid, de la violence physique et verbale, ce film est pour vous.
Polar coup de poing dénonçant la corruption et la violence sévissant au sein de la police russe, "The Major" est une escalade vers le pire. Nihiliste et désespéré, on ne peut qu'être effaré devant cette histoire haletante, aux quelques respirations vaporeuses. La narration et le montage nerveux se révèlent être sans fioriture, allant à l'essentiel de ce drame. Dommage que la mise en scène soit trop juste, et le jeu d'acteurs (exceptée la mère, qui s'en sort bien) peu convaincant. Les décors enneigés sont sommaires, comme si la poésie et la beauté ne pouvaient survivre à ce monde. Algide.
En lançant le film, je ne m'attendais pas à en voir un si bon. Au contraire, je me demandais ce que c'était et dans quelle énième navet je me retrouvais. Et bien non, pas du tout. Très bonne surprise qu'est ce film. Les dix premières minutes tragiques passées, et nous voulons en savoir plus. Bienvenue dans l'univers des ripoux russes. Une police qui protège ses policiers pour ne pas salir sa réputation, quitte à détruire une famille, faire culpabiliser une maman de la mort tragique de son enfant de sept ans, abattre son mari tout ça pour maquiller un accident à tort en un accident à raison. Horrible pauvre femme qui perd tout et qui dans l'histoire est coupable. Une police corrompue sans aucune pitié. Telle est sans doute certaines mafias qui polluent notre terre. Une fin d'autant plus tragique que le début, un flic qui revient à la raison. La mort est finalement une échappatoire pour certaines personnes qui, mortes de l'intérieur, renaissent dans la mort. Bon moment de cinéma.
Un film qui fait froid dans le dos et qui reprend une des lignes directrices du cinéma russe contemporain. Pas de réel espoir de se sortir de cette société enchaînée par la précarité, la violence et la corruption.