Loin d'être clivant, loin d'être audacieux dans son propos, lointaine l'ambition de s'aligner aux côtés des grands films de SF qui ont toujours portés en eux un message fort sur notre monde et sur la vie, non, au contraire, "Passengers" est volontairement rassembleur, il est volontairement lisse dans son propos, et si l'on adhère d'emblée à cet état de fait, on pourra l'apprécier pour ce qu'il est : une belle histoire d'amour dans l'espace. Ce n'est pas plus compliqué et cela ne nous est jamais caché. Alors, partant de cette acceptation, je dois dire que "Passengers" réussit quand-même à rendre son histoire plus captivante que l'on ne l'aurait imaginé. Certes, le réalisateur tend des pièges scénaristiques en amorçant des sujets sur lesquels il ne reviendra plus (la surpopulation et la surexploitation de la Terre, la compagnie qui organise ce voyage interstellaire,...), l'histoire de ces deux âmes étant le principal sujet. Le charme sans accrocs des deux acteur principaux est une belle réussite et l'on adhère à leur histoire ; on en sourit, on s’en émeut, on en a peur,..., d'autant plus que la bande-annonce a la bonne idée de ne pas dévoiler un fait de film majeur qui nous donne une toute autre vision de cette histoire comparé à ce que l'on attendait. L’originalité du postulat de départ : deux passagers se réveillant 90 ans trop tôt et condamnés à vivre sur un vaisseau défaillant, d'où naîtra une romance et une histoire de survie, ne s'encombre pas d'autres effets, et même si cela reste simple, le résultat est un succès. Bien-sûr, on peut mettre en doute sérieusement la raison pour laquelle le vaisseau devient défaillant, on peut regretter le dénouement si attendu, mais il reste que le film est plaisant. Plaisant aussi grâce à l’esthétique fabuleuse qui nous est proposée. Le design de l'Avalon est splendide et la manière de le filmer est adroite, les plans spatiaux sont un délice (on commence à avoir l'habitude) et l'on sent des influences visuelles diverses et tous azimuts de la part du réalisateur, avec évidemment "2001", ou encore "Interstellar", "Sunshine", et même "Shining". Jennifer Lawrence est encore éblouissante, Chris Pratt trouve un beau rôle mais je dois dire que Michael Sheen est génial en barman robotique. Toutes les scènes avec lui sont un régal. D'ailleurs, certaines scènes sont époustouflantes et méritent le détour (les scènes dans l'espace, le survol de la planète rouge, l’apesanteur dans la piscine,...) Certes, il ne s'agit que de l'enveloppe, et l'on dira que c'est bien creux à l'intérieur, mais le plaisir l'emporte sur le reste parce que Morten Tyldum mène habilement sa barque et parvient à nous faire voyager, nous aussi spectateurs, à bort du Starship Avalon. En somme, ce huis-clos ne révolutionne rien car il n'en a jamais eu l'ambition mais nous propose une romance séduisante dans un cadre original et plein de dangers. On ne boudera pas son plaisir.