On va pas vous dire que, cinématographiquement parlant, c'est un très grand film. Le scénario, qui mêle histoire d'amour et histoire d'espionnage (qui est vraiment le traitre?) est un peu balourd, mais ça n'a pas d'importance: c'est un film passionnant, et si vous vous intéressez un tant soit peu à la politique, il faut y courir. Et puis, réaliser un film palestinien, ça doit être quelque chose! Hany Abu-Assad, c'est celui qui avait déjà réalisé le formidable Paradise Now. Il nous apprend plus sur la vie en Cisjordanie que dix heures de documentaire. Là, c'est la vie, de tous les jours, derrière ce mur -immense! on ne l'imaginait pas si grand! De l'autre côté du mur, les vexations, les humiliations, les persécutions quotidiennes.
Le film a eu le prix du Jury de la section "un certain regard" du festival de Cannes, et il ne l'a pas volé. Omar (le très beau Adam Bakri), le boulanger, est "résistant" avec ses deux amis d'enfance, Tarek (Eyad Hourani), {très beau aussi, ma parole, ils gardent les plus beaux pour eux! mettez la Marine, dont la vie privée animée montre qu'elle apprécie les hommes dans les bras d'Adam ou d'Eyad, et vous allez voir qu'elle va se mettre à chanter les mérites du métissage!} et Amjad (Samer Bisharat). Le groupe, où Tarek semble jouer le rôle du chef, est naturellement intégré dans une plus large structure, mais on a bien l'impression qu'ils font un peu ce qu'ils veulent, et sans grand discernement. Clairement, ce sont des amateurs.
Omar et Amjad sont tous les deux amoureux de la ravissante jeune sœur de Tarek, Nadia (Leem Lubany), laquelle a fait son choix. On la comprend.... Mon, Dieu, qu'ils sont touchants quand ils se rencontrent et se regardent, à peine un petit baiser sur des lèvres fermées, comme à l'école maternelle.... On est très loin des mœurs d'Adèle, les amis.
A la suite d'un attentat perpétré par le petit groupe, Omar est arrêté. Torturé, enfermé dans un cachot immonde en la seule compagnie de cafards. Et là, au bout d'un certain temps, l'agent Rami (Waleed Zuaiter) lui met le marché en main: ne jamais sortir de tôle, ne jamais revoir Nadia, et va savoir ce qui peut lui arriver -les services secrets israéliens connaissent tout, sur tout le monde, même sur les amours clandestines. Ou bien, retrouver la liberté, et permettre à Israël de mettre la main sur le chef du réseau. Omar finit par accepter, avec l'espoir qu'il va retourner la situation et piéger ses nouveaux "employeurs". Il a bien sous estimé la puissance des israéliens....
Il est coincé, il est suspect pour tout le monde -personne ne comprend qu'il soit sorti si vite de prison. On sait qu'il y a eu un traitre dans le réseau. Pourquoi pas lui? Même Nadia finit par douter de son amoureux.... Omar, personnage éminemment romanesque qui se cogne de tous les côtés avec l'impression qu'il va arriver à s'en sortir, et pouvoir, enfin, demander Nadia à son frère! Mais non.
Il y a pas mal de péripéties et de retournements que vous découvrirez -qui est donc le traitre? Et pourquoi? il y a des poursuites dans le dédale de ruelles de la petite ville, mais à pieds, on est loin de San Francisco..... mais vous vous doutez bien que tout cela ne peut que s'acheminer vers une fin tragique.