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    Real
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Real" et de son tournage !

    Retour aux sources

    Kiyoshi Kurosawa est un réalisateur atypique : ces films sont souvent parfois terrifiants, parfois étranges, mais deux thèmes y reviennent quasiment constamment. Il en va de même pour Real, qui explore la thématique de la mort, de la relation que l'homme entretient avec elle, ainsi que celle des frontières de notre perception du réel, changeantes et divergentes. Lors de l'avant première du film, celui-ci fut d'ailleurs comparé à Inception, de Christopher Nolan, bien que le cinéaste dise ne pas s'en être consciemment inspiré.

    Filmer l'irréel

    Parmi ses thématiques récurrentes, de la dissolution de l'esprit à la perte de l'identité et de la mémoire, Kiyoshi Kurosawa aime particulièrement se pencher sur la mise en scène de l'irréalité, paradoxe cinématographique des plus riches. C'est cet aspect de Real qu'il travailla le plus en profondeur, tant esthétiquement que narrativement. Le passage au numérique lui permit en outre de réintégrer un certain hors-champ dans l'image, celui que la caméra classique ne pouvait filmer du fait de sa limitation au présent et à la réalité.

    Cinématographie comateuse

    Dans Real, Kurosawa utilise le coma pour faire avancer son intrigue et se libérer des contraintes de la réalité. Procédé bien utile qu'il avait déjà utilisé dans son précédent film Shokuzai (2012) et dans License to live (Ningen gôkaku -1998-).

    Rien à voir

    Kiyoshi Kurosawa n'a aucun lien de parenté avec le génie du cinéma japonais, Akira Kurosawa. Ces deux derniers n'ont, de même, aucune relation de quelque sorte que ce soit avec Ai Kurosawa, mannequin et actrice pornographique japonaise.

    Homonymie : rien à voir (bis)

    Real, avant d'être le titre anglicisé du film de Kurosawa, est un film sur le Real Madrid réalisé en 2005 et produit par l'équipe de foot dont il est question. C'est également un film vidéo de Stephen Krist sorti en 2011, qui questionne le pourquoi de la vie humaine et de ses réalités.

    Adapté mais réécrit

    Kiyoshi Kurosawa a souvent écrit de base le scénario de nombre de ses films. Pour Real, il adapte cependant un roman préexistant, celui de Rokuro Inui, appelé "A Perfect Day for Plesiosaur". C'est d'ailleurs ainsi que la dernière réalisation du cinéaste aurait dû se nommer mais le titre fut changé alors que Kurosawa écrivait le scénario adapté. Il a modifié selon ses dires près de 70% de la nouvelle tout en conservant sa trame principale. Sa touche personnelle tient à l'importance donnée au plésiosaure alors qu'il s'agit avant tout d'une créature symbolique dans le roman.

    Idée empruntée

    Adapter l'oeuvre de Rokuro Inui au cinéma n'est pas une idée du réalisateur Kurosawa mais de son producteur. Le cinéaste, après avoir lu le roman, le trouvait touffu et confus, surtout en l'imaginant au format cinématographique. C'est le plongeon dans l'inconscient et les possibilités graphiques qui en découlent qui finirent par le séduire et le convaincre de porter "A Perfect Day for Plesiosaur" au cinéma.

    Un titre irréel

    Dans une interview, on fait remarquer à Kurosawa que son film a un rapport des plus complexes avec la réalité, en complète contradiction avec son titre Real qui laisse à penser qu'il n'y a qu'une seule réalité. Le cinéaste expliqua qu'il n'avait pas voulu garder le titre original du roman "A Perfect Day for Plesiosaur", pensant qu'il embrouillerait trop les spectateurs. Il voulait un titre clair et simple et avait d'abord pensé à "Unreal", mais il changea d'avis après le tournage : son film mettait plus en avant la possibilité que tout peut être réel, a contrario des apparences. "Unreal" devint alors Real.

    I'm back !

    Si l'on a pu voir des films de Kurosawa récemment au cinéma, ce ne sont pourtant pas des longs-métrages originellement destinés au grand écran. En effet, Real est le premier film de fiction pour salles obscures que réalise le cinéaste depuis Tokyo Sonata en 2008. Les deux volets de "Shokuzai", ses dernières productions, sont en réalité une seule et même série télévisée dont la qualité l'amena à être distribuée au cinéma. C'est donc la première fois depuis 5 ans que Kurosawa reprend sa place de réalisateur de cinéma.

    Acteurs prometteurs

    Takeru Sato et Haruka Ayase, qui incarnent le couple du film, sont deux jeunes acteurs encore inconnus du public occidental. Sato s'est fait connaître des spectateurs japonais au travers de la série "Rurôni Kenshin: Densetsu no Saigo-hen" et c'est la production qui a proposé à Kurosawa de le prendre pour le rôle principal. Ayase est une actrice de drama et de films japonais qui a fait ses débuts comme idole : elle est très appréciée du public nippon mais est encore majoritairement inconnu en Occident. Kurosawa a par ailleurs remercié ces deux comédiens pour leur patience vis-à-vis de la complexité de leur personnage et de l'univers dans lequel ils évoluaient.

    Les deux chouchous

    Jô Odagiri et Kyoko Koizumi, la muse des films de Kurosawa, sont de nouveau inscrits au générique d'un de ses films. On avait pu voir le premier dans Jellyfish, en 2003, alors que la seconde jouait dans les deux Shokuzai ainsi que dans Tokyo Sonata.

    L'amour selon Kurosawa

    "L’adaptation de ce roman a été pour moi une sorte de défi, car comment filmer à

    l’intérieur du coeur ?" a dit le réalisateur. Il tenait à traduire un amour fort entre les deux personnages mais surtout un amour mystérieux, qui était constamment à la frontière de l'irréel. Kurosawa dut remanier la structure du roman orignal pour pouvoir l'adapter au cinéma mais a tenté d'en garder le charme intrinsèque qui se dégageait de la relation amoureuse des deux protagonistes.

    Et joyeuse Saint Valentin !

    Alors que Kurosawa s'intéressait depuis une dizaine d'années à la figure de la famille au travers de ses films, il revient à celle du couple dans Real, comme il l'avait fait dans Kairo. Aussi, comme dans ce dernier, si l'homme se démène au départ, c'est finalement la femme qui le sortira de son enlisement pour aller vers un possible bonheur. Son personnage masculin est un pessimiste mais l'issue du film se veut positiviste.

    Manga VS cinéma

    Real fait du manga un thème central de l'intrigue, d'un point de vue narratif. Kurosawa lui a donné une telle importance après avoir rencontré plusieurs mangaka (dessinateurs de manga) qui voulaient leur dessin le plus réaliste possible et qui souhaitaient aussi faire du cinéma qu'ils considéraient comme une captation du réel. Cette idée interpella le réalisateur qui ne voyait pas dans le procédé cinématographique une extraction de la réalité : il voulut alors mettre en scène ces dessinateurs et leur production qui finissaient par confondre réel et irréel. Les dessins que l'on peut voir dans le film sont par ailleurs inspirés du manga "I'm a hero" de Kengo Hanazawa.

    Tourner nulle part

    Si la majorité des films de Kurosawa se déroule à Tokyo ou dans sa périphérie, ce n'est pas tant parce que le réalisateur tient à traduire cette jungle urbaine à l'écran, mais plus parce qu'il aime filmer des lieux neutres, sur lesquels nous n'aurions pas d'a priori et qui joueraient sur leur banalité. Cette volonté de filmer "nulle part" est devenue pour les producteurs filmer "n'importe où", ce qui revient souvent à rester à Tokyo. Seulement, pour Real, le cinéaste est parvenu à insérer une note de mystère sur la location de l'île qui revient à plusieurs reprises dans le film. Dans l'oeuvre originale, il s'agit d'Okinawa, mais Kurosawa a voulu un lieu moins reconnaissable, presque abstrait, sur lequel le public s'interrogerait. Les scènes de ruines censées se dérouler sur l'île sont ainsi en réalité tournées dans le sud de Fukushima, sur le site d'une usine détruite par le tsunami de 2011.

    Et le numérique ?

    Plus que dans ses précédents long-métrages, les effets spéciaux tiennent une place importante dans l'esthétisme du film. Le plésiosaure relevait même du défi, nécessitant une animation qui ne dénote pas avec les décors réels des personnages. Passionné par les nouvelles technologies numériques, Kurosawa aime à les tester dans ses réalisations. Le budget de Real et les besoins imposés par le scénario l'ont ici amené à se servir plus allègrement de techniques récentes et de meilleure qualité.

    Repéré mais boudé

    Si le festival de Cannes n'a pas voulu de Real dans sa sélection (il était malgré tout présent sur le Marché du Film) alors que Tokyo Sonata avait été présenté à Un Certain Regard, le film fut présenté au festival international du film de Toronto ainsi qu'à celui de New York.

    Roomi, le manga du film

    Atsumi, l'héroïne de Real, laisse, en tombant dans le coma, son manga, "Roomi", inachevé. Les premières planches de ce manga ont été spécialement éditées en France, dans une optique de communication trans-média. Cela permettra selon le distributeur Condor de prolonger le récit et de jouer avec le spectateur : il pourra chercher lui-même dans le manga les raisons de la tentative de suicide d'Astumi et découvrir ce que cachent ces quelques planches.

    Classement ambigu

    Les films de Kiyoshi Kurosawa sont inclassables : angoissants, parfois horrifiques mais aussi très réflexifs et profonds, ils ont de multiples facettes. Pour Real, le cinéaste ne cherchait surtout pas à faire un film d'horreur, afin de ne pas s'aliéner une partie du public, bien qu'il y règne une atmosphère parfois oppressante. Le traitement esthétique est moins sombre et stressant que dans certains de ses précédents films comme Cure ou Séance.

    L'irréalité de Real

    Lors de l'avant-première du film, il fut demandé au réalisateur s'il s'était inspiré du milieu du jeu vidéo pour mettre en scène certaines séquences de rêves. Etonné par la question, Kurosawa répondit que si c'était le cas, cela devait être totalement inconscient et venir de son expérience de joueur boulimique de jeux vidéo. A ses débuts, le cinéaste fut d'ailleurs, pendant un temps, critique de jeux vidéo pour un magazine spécialisé. Il en a gardé une passion pour les nouvelles technologies et tous les types de jeux possibles.

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