Thriller d’action emmenant le personnage de Chris Hemsworth jusqu’en Asie, Hacker a été tourné entre Los Angeles, Hong Kong, Kuala Lumpur et Jakarta.
Le titre américain du film est "Blackhat", ce qui signifie "chapeau noir". Ce nom désignant les hackers criminels vient des westerns américains où les méchants portent tous des chapeaux noirs. Dans le monde de la cybercriminalité, un "Blackhat" est un hacker qui commet ses crimes pour semer le trouble et pour son profit personnel.
Pour le personnage de Nicholas Hathaway incarné par Chris Hemsworth, Michael Mann s’est inspiré du célèbre hacker Stephen Watt qui, après son incarcération, élabora des systèmes pour protéger les boites mails de tout piratage.
L’histoire de Hacker s’inspire directement de faits réels. En effet, il y a quelques années, un logiciel malveillant fut à l’origine d’une grave dégradation au sein d’une usine d’enrichissement en uranium en Iran. Ce type de logiciel inédit et parfaitement élaboré avait pénétré un système informatique très bien protégé et avait pris le contrôle total des opérations jusqu’à l’endommagement de l’usine. Après cet incident, les hackers furent accusés par certains d’avoir également provoqué les incidents de Fukushima.
Fidèle à sa ligne de conduite, Michael Mann s’attelle à nouveau avec Hacker à décrypter des mondes parallèles et leurs mystérieux fonctionnements. En effet, après avoir étudié le monde des criminels (Le Solitaire, Collateral, Heat), celui des tueurs en série (Le Sixième Sens) ou encore des lobbys (Révélations), le metteur en scène s’intéresse ici à l’univers des codeurs et à leur toute-puissance dans notre époque interconnectée.
Michael Mann a eu deux prises de conscience durant la mise en projet de Hacker. La première concernait la vulnérabilité de nos systèmes informatiques face à des codeurs de plus en plus expérimentés. Ensuite, le cinéaste s’est rendu compte de la facilité avec laquelle ces gens pouvaient se former à n’importe quel endroit de la planète. Enfin, le cinéaste s’est interrogé sur leurs motivations et sur la satisfaction qu’ils tirent de leurs activités.
Pour les besoins du film, Michael Mann a rencontré différents experts en sécurité informatique qui travaillent aussi bien dans le privé que pour des agences gouvernementales. Le cinéaste a également échangé avec Mike Rogers, membre d’une commission du Sénat qui protège les renseignements américains. Ce dernier a été un pionnier en matière de protection des industries et des technologies liées à la défense.
Si le scénario de Hacker s’inspire de fait réels, Michael Mann et son scénariste Morgan Davis Foehl ne voulaient pas baser le film sur une histoire préétablie. Le réalisateur déclare : "Pour moi, ce serait une imposture de partir d’une histoire préconçue, au lieu de s’immerger dans le milieu, de découvrir de quelle sorte de gens il s’agit, comment ils pensent, marchent, parlent et s’habillent. En procédant ainsi, des personnages émergent, s’offrent à vous."
Pour garantir l’authenticité des dialogues et des situations, Michael Panico, un ancien agent spécial du FBI luttant auparavant contre la cybercriminalité, fut recruté. Il analyse la situation actuelle : "On est passé des virus, qui n’ont pour réelle fonction que de prouver l’intelligence de leurs auteurs, aux usurpations d’identités, qui ont des répercussions financières énormes, et à une peur réelle et généralisée en termes de sécurité."
Le scénariste Morgan Davis Foehl dévoile également s’être inspiré d’un livre pour écrire le script de Hacker. Ecrit par l’ancien hacker Kevin Poulsen, Kingpin : How One Hacker Took Over The Billion-Dollar Cybercrime Underground relate sa propre histoire quand il fit tomber Max Butler, un génie de l’informatique qui déroba les informations de plus d’1,8 million de cartes de crédit.
Le rôle de Dawai Chen, ancien camarade de classe de Nick Hathaway à MIT et qui obtient son sursis de prison, est interprété par le sino-américain Lee-Hom Wang. Inconnu dans le monde occidental, Wang est une véritable star de la chanson en Asie et a notamment joué dans Lust, Caution d’Ang Lee.
Michael Mann dit voir des liens entre la brillante ingénieure Lien Chen dans le film et son interprète Wei Tang : "Il y a beaucoup de similarités entre Lien et Wei, son mode de vie, détachée des contraintes familiales et matérielles, et une forme de candeur. C’est sans doute la raison pour laquelle elle m’a tout de suite convaincu", analyse le cinéaste.
Les acteurs Lee-Hom Wang et Wei Tang, frère et sœur dans Hacker, sont amis de longue date dans la vie. Ils avaient déjà collaboré sur le drame Lust, Caution d’Ang Lee, film qui a révélé l’actrice Wei Tang aux yeux du public et fait d’elle une star en Chine.
Comme les acteurs principaux de la plupart des autres films de Michael Mann, Chris Hemsworth a passé plusieurs mois à étudier son personnage et à s’imprégner de son milieu : "Ce passé va faire écho à l’histoire qu’on raconte, va influencer la façon d’être du personnage dans le présent de la narration", explique le metteur en scène, qui a par ailleurs imaginé au personnage un père métallurgiste et une enfance dans la banlieue ouvrière de Chicago. Ainsi, Michael Mann et Chris Hemsworth se sont rendus dans une usine métallurgique dans la banlieue de Chicago et ont rencontré les ouvriers qui y travaillaient.
Pour sa préparation, Chris Hemsworth a rencontré plusieurs hackers qui se sont retrouvés derrière les barreaux après avoir commis des crimes informatiques. Ils le guidèrent dans leur univers et l’introduisirent à ce monde si particulier. L’acteur s’est également entraîné à la boxe pour acquérir certaines capacités physiques supplémentaires. A noter que Michael Mann est un grand passionné de boxe et qu’il a réalisé Ali, biopic du légendaire boxeur Mohammed Ali.
Hacker est la production de Michael Mann la plus ambitieuse à ce jour. Le film a nécessité 66 jours de tournage dans plus de 74 décors à travers 4 pays.
Une partie du long-métrage a été tournée à Jakarta en Indonésie, et c’est à cet endroit que Hacker atteint son apogée visuelle. Jamais un film d’une telle ampleur n’avait été tourné dans la capitale indonésienne. Les difficultés évidentes de tournage, du fait du manque d’infrastructures adaptées, furent surmontées par Michael Mann qui noua plusieurs relations avec des entreprises publiques et privés.
La scène du film la plus difficile à tourner et la plus imposante visuellement est la première rencontre de Nick Hathaway avec le mystérieux Sadak au beau milieu d’une cérémonie réunissant plus de 3 000 figurants vêtus de costumes traditionnels. Cet affrontement entre les deux protagonistes est aussi "l’affrontement du monde numérique avec le monde traditionnel", selon l’acteur Chris Hemsworth.
Avec un budget estimé à 70 millions de dollars, Hacker est sorti aux Etats-Unis le 16 janvier 2015 et n'a pour l'instant rapporté que 7 petits millions de dollars sur le sol américain. Il s'agit du plus gros flop de l'histoire de la carrière de Michael Mann.
La bande originale a été composée par Harry Gregson-Williams et Atticus Ross. Néanmoins, le premier a posté, après la sortie de Hacker, que quasiment aucune de ses compositions n'avait été utilisée dans le film. D'après le compositeur, il s'agit d'une habitude de Michael Mann. Le cinéaste a répondu n'avoir aucun regret et que c'était la manière dont il travaillait.
Dans le film, Viola Davis joue un personnage ayant perdu un proche dans les attentats du 11 septembre. A noter que la comédienne avait un petit rôle dans World Trade Center d'Oliver Stone.
Le comédien John Ortiz collabore pour la troisième fois avec Michael Mann après Public Enemies (2009) et Miami vice - Deux flics à Miami (2005).