Enthousiasmé par le projet de Jalil Lespert et surtout par la performance de Pierre Niney, Pierre Bergé, le compagnon du défunt Yves Saint Laurent, a autorisé les équipes du film à tourner dans les lieux qui faisaient l’intimité du couple : l’appartement des deux hommes au 5 avenue Marceau, l’atelier du styliste ou encore le Jardin Majorelle à Marrakech où Saint-Laurent imaginait ses collections. "Sans l’accord de Pierre, je n’aurais pas fait ce film (…) J’avais besoin de sentir la présence de Pierre, d’avoir accès à des informations précises que lui seul pouvait me donner", indique le réalisateur.
Pour les besoins du tournage, Pierre Niney a eu l’honneur de porter plus qu’une copie des lunettes d’Yves Saint Laurent. L’acteur a, en effet, chaussé la monture que le célèbre couturier portait de son vivant.
Signe qui ne trompe pas sur la ressemblance entre Pierre Niney et Yves Saint Laurent, quand l’acteur pénétrait dans la pièce où le styliste dessinait, le chien de ce dernier (Moujik) venait à chaque fois s’allonger sous les pieds du jeune homme comme s’il était son maître.
Très peu présent lors de la réalisation du film, Pierre Bergé n’a pu retenir ses larmes quand il se rendit sur le plateau en voyant la prestation de Pierre Niney. Il aurait ainsi supplié que l’on conserve la première prise de la scène où Yves Saint Laurent présente le défilé des "Ballets russes", assurant qu’il venait de revivre exactement ce qui lui était arrivé une trentaine d’années auparavant.
Le choix de Pierre Niney pour camper Yves Saint Laurent n’est pas dû qu’à son physique proche du couturier. Sa trajectoire apparaît similaire. A 21 ans, l’un devient le plus jeune pensionnaire de la Comédie Française (et a déjà écrit sa première pièce de théâtre) quand l’autre devenait directeur artistique de Dior. L’année d’après, Niney recevait sa première nomination aux César. Au même âge, Saint Laurent présentait, lui, sa première collection "Trapèze". Un parallèle troublant entre deux hommes pressés.
Accepter un rôle signifie être prêt à faire des efforts considérables. Si un Christian Bale n’a pas hésité à perdre de nombreux kilos pour jouer Dicky Eklund dans Fighter, Pierre Niney a commencé à fumer pour se glisser dans la peau d’Yves Saint Laurent !
Pour incarner Pierre Bergé, Guillaume Gallienne a avoué s’être directement inspiré de son père, qui partageait avec Bergé ce côté self made man de province.
Ce film est déjà le cinquième long-métrage à s’intéresser à la vie et la carrière d’Yves Saint Laurent, le premier ayant été l’œuvre de Jérôme de Missolz en 1994 avec "Tout terriblement".
Yves Saint Laurent est placé sous le signe de Canal+. En effet, une grande partie du casting du film a travaillé ou travaille encore sur les antennes de la chaîne cryptée. Le réalisateur Jalil Lespert a ainsi eu un rôle dans la création originale de Canal, Pigalle, la Nuit en 2009. La même année, Aline Nolasco faisait une brève apparition dans le non moins éphémère Canal Presque, avec Virginie Efira. En 2010, c’était au tour de Ruben Alves et Anne Alvaro d’intégrer une création originale de la chaîne cryptée. Le premier, vu dans La Cage Dorée, jouait un policier dans Maison Close quand la seconde pointait son nez dans Engrenages. Autre membre du casting à avoir fait partie de la famille Canal+ : Charlotte Le Bon, miss météo en 2010 et 2011 dans Le Grand Journal. Pierre Niney est le dernier arrivé sur la chaîne. Cette dernière lui a acheté les droits de sa mini-série Casting(s) et lui a commandé une saison 2. Partenaire à l’écran du jeune acteur, Guillaume Gallienne était le premier de la bande sur Canal où il se produisait dans "Les bonus de Guillaume", diffusé pendant Le Grand Journal entre 2008 et 2010.
Alors qu’il forme le couple Yves Saint Laurent-Pierre Bergé à l’écran, Pierre Niney et Guillaume Gallienne partagent le fait d’être tous les deux sociétaires de la Comédie Française, depuis 2010 pour le premier et 2005 pour le second.
Jalil Lespert a dû respecter certaines exigences de la part de la fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent. Cette dernière a ainsi interdit catégoriquement à la costumière du film de faire des copies des pièces imaginées par le couturier. En contrepartie, elle a mis à disposition les vêtements originaux dont certains n’auraient même pas pu être reproduits puisque les tissus n’existent plus.
Avoir accès aux costumes originaux conservés par la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent fut un luxe et une contrainte considérable pour les équipes du film. Ces pièces étant fragiles, il était impossible de les utiliser toute la journée pour le tournage. "Les filles ne pouvaient porter les robes que deux heures d’affilée, puis elles devaient les enlever, à cause des problèmes liés au frottement ou à la transpiration", révèle Jalil Lespert.
Afin de coller au mieux au personnage d’Yves Saint Laurent, Pierre Niney s’est littéralement imprégné de l’homme, intégrant des vidéos et des interviews du couturier dans son ipod afin de se familiariser avec sa voix jusqu’à l’adopter. Niney a même appris à dessiner comme Saint Laurent grâce au concours d’Audrey Secnazi qui a travaillé avec le créateur.
Un scénario est souvent amené à évoluer au cours du tournage d’un film. Concernant Yves Saint Laurent, pas moins de 11 moutures ont été couchées sur le papier avant d’obtenir le texte final.
Peu avant le tournage, Pierre Bergé a pris Guillaume Gallienne sous son aile et lui a demandé personnellement de lire des extraits des lettres qu’il (Bergé) avait écrites à l’adresse d’Yves Saint Laurent, à l’occasion de l’hommage rendu au couturier à l’Opéra Bastille. Quelques temps auparavant déjà, Gallienne et Bergé avaient partagé du temps ensemble en allant voir Pierre Niney au théâtre dans Phèdre.
Pour son 6ème film, Charlotte Le Bon a dû relever un immense challenge. L’ancienne présentatrice de la météo sur Canal+ a carrément réappris à marcher dans l’optique de coller à la gestuelle et à la démarche des mannequins de l’époque et plus particulièrement de Victoire, son personnage. Elle également gommé son accent avec Jean-Edouard Bodziak, qui incarne Buffet dans le film.
Faire le mannequin a été l’épreuve la plus compliquée pour Charlotte Le Bon. "C’est un métier que j’ai déjà exercé et que j’ai détesté. Poser et faire la potiche, ce n’est pas très intéressant. Les défilés sont difficiles car ils font peser une réelle tension sur les mannequins : on est exposé au regard de tous et on est jugé sur le moindre faux pas qu’on peut faire…", se remémore l’actrice.