"Wild" de Jean-Marc Vallée, à qui l’on doit également le récompensé aux Oscars de 2014 "Dallas Buyers Club" ! Alors pour faire court sur cette introduction, je n’ai entendu parler de ce film il y a à peine deux jours avec les nominations pour les Oscars de cette année, et la première raison qui m’ont poussé à voir ce film est le nom du réalisateur puisqu’il a beaucoup fait parler de lui l’année dernière avec un très bon film sur le sida mené par un très bon Matthew McConaughey récompensé pour son interprétation dans ce film.
Mais pour ma part, j’ai trouvé le sujet trop classique pour être pleinement pris dedans et j’avais reproché le fait qu’on n’avait pas suffisamment de scène intimiste pour apprendre à connaître le passé du personnage de Ron Woodroof (on se calme, ne spammez pas encore le pouce rouge s’il vous plaît). Seulement, comme son nouveau film fait l’objet d’une nomination aux Oscars avec, encore une fois, l’acteur... ou plutôt l’actrice principale cette fois, je m’y suis vite intéressé et le sujet m’a rendu curieux au point d’aller le voir en VO pour une fois.
Est-ce que "Wild" est un bon concurrent pour ses deux nominations dans ses différentes catégories ? Voyons ça tout de suite avec l’actrice principale Reese Witherspoon nominée dans la catégorie meilleure actrice, et pour l’avoir vu à le film dans la langue originale je peux dire sans mal qu’elle n’a pas volé sa nomination dans cette catégorie. Sachant que la vrai Cheryl Straped avait entre la trentaine ans lorsqu’elle a entrepris sa randonnée en solitaire, on pouvait craindre que l’actrice un peu plus âgée n’ait pas le profil pour jouer le personnage puisqu’elle n’est pas loin des quarante ans quand même. Mais au bout de quelques minutes, on oublie très rapidement la différence d’âge tant elle est naturelle durant cette traversée dans le grand Ouest américain. Witherspoon se contente simplement de faire comme si elle faisait une vraie randonnée avec son propre matériel de survie et de campement et on y croit jusqu’au bout, elle n’en fait jamais trop lors des scènes d’émotions et convainc entièrement du début à la fin. J’ai beau soutenir Rosamund Pike pour l’Oscar de la meilleure actrice, Reese Witherspoon n’a pas volé sa nomination pour ce prix et sera une rude concurrente.
Pour le prix de la meilleure actrice dans un second rôle, Laura Dern fait elle aussi un très bon travail. Elle n’avait pas spécialement brillé dans "Nos étoiles contraires" malgré un personnage sympa et une interprétation plus que correct, mais là difficile de soulever des défauts dans son jeu. Très touchante dans son interprétation et dans ses expressions sans aller dans l’exagération également, et ne l’ayant vu que dans trois films auparavant (Jurassic Park, Un monde Parfait et Nos étoiles contraires), elle gagne davantage en intérêt à mes yeux et elle ne démériterait pas le prix de la meilleur actrice dans un second rôle, un très bon travail encore une fois. Thomas Sadoski fait bien le boulot pour ses quelques apparitions, Kevin Rankin n’apparaît que trop peu pour être vraiment jugé mais ça passait sans problème, le reste des acteurs font bien le travail mais on se concentre principalement sur l’aventure autour de Cheryl et ses souvenirs auprès de sa mère.
Au niveau de la réalisation, Jean-Marc Vallée n’offre rien de nouveau ou d’exceptionnel, mais on voit qu’il filme la traversée de la randonneuse avec intérêt. A vrai dire, le but de la mise en scène ici, c’était de suivre Cheryl durant sa traversée de l’Amérique de l’Ouest à travers plusieurs paysages, et le réalisateur offre plusieurs plans agréables à regarder qui donnent envie d’aller randonner en pleine nature, que ce soit en forêt, dans les hautes montagnes ou à travers les plaines, moi qui aime la randonnée j’ai bien envie d’aller là-bas pour faire ce parcours moi aussi (enfin, une partie en tout cas), donc visuellement parlant j’ai eu ce que j’attendais. Et les flash-back de Cheryl sont en général bien amenés même si quelque fois ça tombe d’un seul coup assez violemment, mais en général ça passe bien.
Je ne vais pas m’attarder sur la musique du film, puisqu’on n’entend que des titres américains des années 1990 même si certains ont des paroles qui s’imbriquent très bien avec l’histoire que l’on suit. D’ailleurs, parlons-en : le scénario de Wild, écrit par Nick Hornby. Quand j’ai vu les premières images avec Cheryl qui arrivait au sommet d’une montagne avec les ongles abîmées, je m’attendais à voir une histoire à la même sauce que "Into The Wild" de Sean Penn, un autre bon film avec pas mal de similitude (et vraiment excellent d’ailleurs) car on y retrouve trois points communs, le personnage qui abandonne la civilisation pour être en contact avec la nature pendant un bon bout de temps, le fait qu’il avait une vie qui a très mal tourné avant de partir pour se remettre en question ou vivre en communion avec la nature et enfin, l’adaptation d’une histoire vraie rédigée par le personnage principal dans les deux cas qui a vraiment existé (et qui existe toujours dans le cas de Cheryl).
Mais après, on part sur quelque chose qui se différencie très clairement d’Into The Wild. Car, le but ici : c’est de suivre une femme tourmentée, dont la vie a pris une tournure très fâcheuse après plusieurs accumulations de problèmes, qui veut se refaire après avoir chuté au fond du trou. En gros, on suit ses aventures en tant que randonneuse pendant une heure et cinquante minutes… ouais bon d’accord, dit comme ça, le film a l’air d’une bonne blague et d’être dénué ennuyeux à mourir, sauf qu’entre temps on apprend l’origine de ses tourments
à travers les flash-back et en général ces dernières donnent souvent un sens à tel ou tel scène.
Pour moi, ça n’a rien d’ennuyeux, suivre une femme sans préparation pour une randonnée de 1700 km avec ses rencontres, ses difficultés et apprendre à la connaître, ça m’a plu parce qu’il y avait des choses à raconter. Et si ça arrive à capter mon attention pendant une heure cinquante de long-métrage, et bien tant mieux, c’est ce que je demande et on se plaît à voir ça à l’écran.
"Wild" n’est donc pas un chef d’œuvre du genre mais pour ce qu’il nous montre, il le fait plus que très bien, le tout mené par une actrice principale plein de talent, des plans très jolis sur le grand ouest américain, une quête de reconstruction qui ne me laisse pas indifférent, une très bonne surprise de la part d’un film dont je n’attendais pas grand-chose au départ. Je suis maintenant de curieux de voir ce que le réalisateur offrira avec son prochain film.