La précédente réalisation de Hubert Sauper, Le Cauchemar de Darwin, traitait déjà d'un thème qui touche à l'Afrique : le trafic d'armes.
Lors d'une scène, on peut brièvement apercevoir sur un téléviseur un passage culte de Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir où C-3PO et R2-D2 atterrissent sur Tatooine.
"L’idée, pour Nous venons en amis, était de faire un film sur l’esprit du colonialisme, sur la pathologie de la domination, cette envie de vouloir posséder, neutraliser « l’autre »… en lui volant ses terres, ses femmes et enfants, sa culture, son identité, son avenir.... J’ai voulu rappeler qu’un élément central du colonialisme, c’est son auto célébration, le récit qui survit est toujours celui du gagnant, du colon, de l’Église, du pouvoir économique… bref, d’une interprétation impérialiste de l’Histoire", explique le réalisateur autrichien Hubert Sauper.
Pour pouvoir traverser l’Afrique et transporter tout le matériel nécessaire, le réalisateur Hubert Sauper a dessiné et construit avec son équipe un petit avion baptisé "Sputnik" comme le premier satellite russe mis en orbite dans l’espace. Hubert Sauper raconte : "C’était la clé du projet. C’est une sorte de boîte de conserve volante qui ressemble aux avions des années 20. De fait, il n’est pas très rapide et paraît ridicule une fois au sol. Cet élément clownesque et vulnérable a été une manière astucieuse d’entrer dans des endroits où nous n’étions pas forcement invités, ni attendus, comme les camps militaires soudanais, au milieu du désert, ou chez les pétroliers chinois qui travaillent sur les gisements au cœur de l’Afrique."
Pour le documentariste Hubert Sauper, les avions comportent une série de symboles à la fois merveilleux et atroces. "Ils peuvent tout aussi bien représenter la liberté que la guerre et la domination. Ça largue des bombes, mines, substances mortelles chimiques ou même radioactives. D’ailleurs, la première fois qu’un avion a bombardé des êtres humains, c’était en Afrique, en Lybie, en 1911. (…) Pourtant, l’avion contient la métaphore de l’oiseau blanc qui apporte la paix. L’ONU utilise le symbole de la colombe blanche…", insiste bien Sauper.
Lorsqu’Hubert Sauper atterrissait dans une zone de guerre ou un complexe militaire, les locaux lui demandaient avec une certaine hostilité : "Qu’est-ce que vous foutez ici ?" Sauper et son copilote étaient alors déguisés en pilotes militaires avec un uniforme comportant des galons aux épaules. Ils pouvaient ainsi prétendre être des officiers et rentrer dans des zones réputées inaccessibles. Le réalisateur autrichien aimait souvent ajouter : "Nous venons en amis."
Le périple d’Hubert Sauper a commencé dans le jardin de sa petite ferme en Bourgogne. C’est là qu’il a décollé avec son avion dénommé Sputnik. Il a ensuite traversé les Alpes en plein hiver, puis la Sicile et la Méditerranée. Une fois arrivé en Tunisie dans une ville fantôme près de Tozeur qui fut l’un des sites de tournage de Star Wars, le réalisateur a pris un mois entier pour traverser la Lybie car il a été constamment arrêté, questionné et menacé dans les aéroports militaires. Il a fini son épopée en arrivant au Sud Soudan avant l’indépendance de cette région. C’est en tout huit nations que le documentariste autrichien a traversées, dont quatre dictatures militaires : la Tunisie (avec Ben Ali), la Lybie (avec Khadafi), l’Egypte (avec Moubarak) et le Soudan de Béchir.
Nous venons en amis a été présenté dans de nombreux festivals et a été primé à la Berlinale, au festival de Venise, de Sundance, celui de Vienne et d'autres encore.