Indéniablement, Tobias Lindholm a le sens du réalisme et des détails, comme en témoigne de la plus belle des manières « Hijacking ». Très dense, toujours solide et sans fausses notes, ce récit d'une prise d'otages sur mer suivie de la longue négociation nécessaire aux deux partis pour se comprendre fait à plusieurs reprises froid dans le dos, d'autant plus que l'on comprend avec beaucoup de précision les réactions des uns et des autres. Ainsi, ce qui aurait pu apparaître monstrueux en apparence devient ici presque naturelle, chacun défendant ses intérêts tout en essayant de trouver un compromis, (petit) pas par (petit) pas. La démonstration est souvent glaçante, parfois implacable, et l'on aimerait en aucun cas être à la place du PDG de la compagnie et ses associés. Mais alors pourquoi seulement trois étoiles ? Et bien parce qu'à force de vouloir réaliser le film parfait, de vouloir être irréprochable à tout point de vue, l'œuvre manque en définitive un peu d'émotion, et on a beau compatir un minimum avec ces pauvres otages, on ne s'intéresse pas plus que cela à eux, si ce n'est à l'exception d'une ou deux séquences réussies et poignantes. Toutefois, ne faisons pas la fine bouche, car si je n'ai pas été aussi bouleversé que j'aurais souhaité l'être, cela reste du vrai bon cinéma, intelligent, précis, subtil, où l'humain garde une place tant qu'il ne coûte pas trop d'argent : un discours hélas on ne peut plus d'actualité...