Isabelle, en 4 tableaux de saison. De l'été au bord de la mer où elle perd sans élan sa virginité (pourtant avec un bel Allemand, un peu plus âgé qu'elle) et fête ses 17 ans, au printemps suivant. Allons-nous suivre son année scolaire (elle semble être en terminale - à Henri IV) ? Non pas. Nous allons suivre ses premiers pas dans la prostitution (grâce à une proposition "indécente" au sortir de classe, et ensuite au net), d'hôtel haut de gamme à presque crapoteux (et même dans une voiture garée dans un parking). Les clients sont en général gentils, et pas compliqués. La passe commence à 300 euros. Uniquement en semaine, en 5 à 7. La jeune personne a en effet une vie rangée par ailleurs, habitant les beaux quartiers avec sa mère divorcée, son jeune frère Victor et un beau-père, Patrick (Frédéric Pierrot). Automne. Puis vient l'hiver. Elle a ses habitués, et entasse les billets, sans rien en faire apparemment. Georges, un très vieux monsieur de ses fidèles, décède en plein coït (cardiaque, il abusait du viagra). La police saura la localiser. Sa mère, atterrée, la confie à un psy (un vrai joue ce rôle - Serge Hefez). Elle promet d'arrêter, se range vraiment, et prend un amant de son âge, un copain de lycée, Alex (ce qui rassure tellement Sylvie, sa mère - Géraldine Pailhas - qu'elle peut l'accueillir officiellement dans sa chambre). Puis arrive le printemps. Sortie d'Alex. Isabelle est-elle vraiment "guérie" ? Rencontre avec Alice (Charlotte Rampling) et amorce de quelque chose qui pourrait (enfin) avoir quelque intérêt, mais arrive ex abrupto la fin du film. 4 saisons, à chacune sa rengaine par Françoise Hardy (très prisée de nombreux cinéastes - voir par exemple Wes Anderson, dans "Moonrise Kingdom"). Portrait d'une ado à la vie dorée sur tranches qui se lance à corps perdu dans la prostitution - on pense, mutatis mutandis, à une "Belle de Jour" 2013 (même si "Séverine" est jeune mariée chez Bunuel - en 1967). Mais Ozon ne réussit pas un instant à se hisser au niveau du maître espagnol, et nous livre un film assez réussi sur le plan de la forme (quand même), mais plat, sans intérêt aucun (seuls les amateurs de tendron aux appas maigrichons - Marine Vatch, qui joue comme un pied - y trouveront sans doute leur compte : nombreuses scènes complaisantes). "On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans" (lecture du poème et vagues commentaires des condisciples d'Isabelle, lors de la seule scène du film consacrée à sa scolarité - fort loin du passionnant "Dans la Maison"). "Jeune et Jolie" est une bien pauvre Défense et Illustration rimbaldienne. On ne saura rien du pourquoi, on tournera en rond, une heure 34 durant (qui m'a semblé interminable). Un mauvais cru Ozon, pour moi, où rien ne séduit, ni fantaisie, ni malice, ni audace, ni intelligence.