Un long film tout en simplicité, où ça parle avec des mots du quotidien, avec des gens simples, humains et une adolescente puissante, rebelle, tendre, attachée foncièrement à sa famille d'accueil. La consigne des services sociaux, qui a confié ces deux enfants de 3 mois et un an, il y a bien longtemps, à cette famille d'accueil, c'était "Ne vous attachez pas" ! Comment peut-on proférer de telles énormités ? Ils ont tenu bon à ne pas se prendre pour les parents, à ne pas usurper une place. Yasmeen ne l'entend pas ainsi : "Adoptez-moi !" "Je veux vous appeler papa et maman !" De sa mère biologique "sa génitrice" comme elle la désigne, elle ne veut pas/plus avoir affaire à elle. Sa soeur ainée est plus ambivalente. Nous suivons cette histoire palpitante, où cette jeune fille ne fait pas de mauvaises rencontres (on a peur pour elle tout le temps), elle rencontre l'ennui, le désespoir, l'absentéisme scolaire, la révolte, mais son point d'ancrage solide, c'est sa famille d'accueil, ses frères et soeurs d'adoption. C'est une très belle histoire presque naïve, mais qui nous entraine dans l'espoir, dans la simplicité des belles personnes. Oui, le cinéma offre parfois cette part de rêve si précieuse pour exister. Se reconnaitre dans un patronyme, dans un prénom, qui nous porte à accomplir ce à quoi nous nous destinons, ne pas céder sur son désir, voilà ce qui sous-tend le propos de ce film. Point de condamnation des méchants. Ici, celle ou celui qui n'a plus sa place disparait de l'écran, quitte l'histoire sans qu'il soit nécessaire d'en passer par la jubilatoire exclusion. Faire crédit à chacun.e de donner sens à sa vie, tel est le vecteur de "La fille publique". Bravo !