L’action débute aujourd’hui dans un palace décati perdu dans les montagnes d’Europe centrale et s’enclenche sur un flash back dans les années 30. A cette époque, l’hôtel est à son apogée et représente un must pour les vacances d’hiver d’une clientèle huppée. Le pays n’est volontairement pas défini mais on pense à la Hongrie ou à la Tchécoslovaquie, dans un décor de rêve très kitsch. Les deux personnages principaux sont le gérant de l’hôtel (Ralph Fiennes) qui collectionne les aventures avec ses clientes âgées et richissimes, et un jeune lobby boy (groom ou garçon) qui va faire son apprentissage avec ce majordome en chef exigeant professionnellement et toujours impeccable. On va suivre leur vie, les voir se lier et suivre leurs vies chamboulées à la suite d’une affaire de legs d’une cliente de l’hôte et d’un règlement de compte violent, ainsi que de l’idylle du Lobby boy avec une jeune pâtissière. La montée des dictatures puis la deuxième guerre mondiale et le rideau de fer vont multiplier les péripéties et bouleverser le destin de ces deux personnages.
Baroque, plein de fureur, d’humour et d’émotion, The Grand Budapest Hôtel est construit sur un scénario au départ classique qui développe ensuite surprises en rebondissements dans un style plein d’humour second degré, élégant et décalé.
Le casting est tout simplement époustouflant à telle enseigné qu'outre les trois rôles principaux, Ralph Fiennes, Francis Murray Abraham et le jeune et brillant Tony Revolori, on a peine à recenser tous les acteurs qui se succèdent tous avec le même brio dans des rôles parfois brefs (Jef Goldblum, Adrian Brody, Willem Defoe, Edward Norton, Bill Murray Mathieu Amalric, Jude Law, Harvey Keitell, Tom Wilkinson, Saoirse Roman : à vous de trouver ceux que j’oublie...). Contrairement à beaucoup de films, il ne s’agit pas du tout d’un défilé de comédiens connus pour épater ou soutenir une intrigue trop conventionnelle: ils sont tous tout bonnement à leur place dans l’intrigue, formidables et credibles, le plus souvent dans dans des rôles très inattendus.
Mise en scène audacieuse et virtuose d’une histoire alternant violence, tendresse et un humour noir désabusé des plus réjouissants.
Des décors géniaux et pour clore une bande originale grandiose d’Alexandre Desplat.
Un chef d’œuvre et un des plus grands films des années 2010.