Avec Her, Spike Jonze réalise son quatrième long métrage de fiction après Dans la peau de John Makovich (1999), Adaptation (2002) et Max et les maximonstres (2009). Le metteur en scène ne reste cependant pas inoccupé entre deux longs, puisqu'il a à son actif de nombreux clips musicaux et autres documentaires.
Avec Her, c'est la première fois que Spike Jonze officie en solo sur un scénario. Réalisateur, producteur et scénariste de son quatrième long-métrage, le touche-à-tout prête également sa voix à Alien Child, une créature de jeu vidéo particulièrement grossière.
Spike Jonze a contacté Joaquin Phoenix une semaine après avoir achevé le scénario de Her. Alors en tournage sur The Master de Paul Thomas Anderson, l’acteur s’est dit "fasciné" par l’histoire et a pris plaisir à "voir le projet prendre forme".
Carey Mulligan n'arrête pas d'enchaîner les gros projets en 2013. Entre les plateaux des films de Baz Luhrmann (pour Gatsby le Magnifique) ou des frères Joel et Ethan Coen (pour Inside Llewyn Davis), elle aurait pu intégrer le casting de Her. Mais pour des conflits de planning, le rôle initialement prévu pour elle - celui de Catherine, l'ex-femme de Theodore (Joaquin Phoenix) - a été confié à une autre actrice montante : Rooney Mara.
Her est nommé dans cinq catégories à la 86ème cérémonie des Oscars : Meilleur film, Meilleure musique, Meilleure chanson, Meilleur décor et Meilleur scénario original. Le quatrième long-métrage de Spike Jonze a déjà remporté le Golden Globes du Meilleur scénario.
Même si elle n'incarne "que" la voix du système dont Joaquin Phoenix tombe amoureux - un pendant de Siri, l’application de commande vocale d’Apple - Scarlett Johansson a remporté le Prix d'Interprétation Féminine au 8ème Festival International du Film de Rome, en novembre 2013.
Le comédien Chris Cooper aurait pu apparaître pour la troisième fois consécutive dans un film de Spike Jonze. Présent sur le tournage de Her, il a joué un petit rôle pour le metteur en scène qui lui avait déjà fait confiance sur Adaptation (2002) et Max et les maximonstres (2009). Cependant, sa scène a été coupée au montage final.
C’est la troisième collaboration entre l’actrice américaine Catherine Keener et le réalisateur Spike Jonze, après Dans la peau de John Malkovitch (1999), Adaptation (2003) et Max et les maximonstres (2009). Dans Her, son fidèle collaborateur lui offre une petite apparition et le nom de l'actrice figurera même dans les crédits du générique.
Alors qu’il tournait Her le jour, Spike Jonze travaillait la nuit sur la dernière réalisation des Jackass, Bad Grandpa, projet sur lequel il officiait en tant que scénariste et producteur. Le touche-à-tout a même failli être acteur dans cette comédie déjantée, puisqu'il a tourné des scènes où il jouait Gloria, une prostituée de 90 ans. Mais malheureusement, ses scènes seront coupées au montage.
A l’origine, ce n’est pas Scarlett Johansson qui devait prêter sa voix à l'intelligence artificielle dont Joaquin Phoenix tombe amoureux, mais Samantha Morton, qui a enregistré des scènes mais dont la voix sera remplacée après le tournage par manque d'alchimie entre les deux acteurs. L'actrice britannique sera néanmoins créditée dans le générique en tant que productrice associée.
Spike Jonze dédicace Her à quatre de ses collaborateurs et complices qui ont disparu : l’acteur James Gandolfini (qui a prêté sa voix à Carol dans Max et les maximonstres), Maurice Sendak (l'auteur du livre pour enfants "Max et les maximonstres"), le directeur de la photographie Harris Savides (qui a inspiré l'aura romantique de "Her") et le musicien et réalisateur Adam Yauch (ami et membre des Beastie Boys).
Ecrite par Karen O, la chanson originale du film "The Moon Song" est interprétée par Joaquin Phoenix et Scarlett Johansson à un moment crucial de leur relation puisque Theodore et Samantha vont se rapprocher l'un de l'autre durant leur excursion à la montagne. Karen O est la chanteuse du groupe Yeah Yeah Yeahs et avait déjà composé la musique de Max et les maximontres. Cette collaboration lui avait valu en 2009 une nomination aux Golden Globes et aux Grammy. Le titre "The Moon Song" est quant à lui nommé dans la catégorie Meilleure chanson originale aux Oscars 2014.
Avant son final cut, Spike Jonze a demandé conseil à des amis, notamment aux réalisateurs David O.Russell et Steven Soderbergh, pour que ces derniers confient leurs impressions sur la première version du film. Soderbergh, très impliqué dans sa mission, a rendu sa copie le lendemain avec des coupures radicales : "Il a eu le film un jeudi, et en 24 heures il a raccourci la durée de 2h30 à 90 minutes. (...) C'était incroyablement généreux de sa part, et il nous a donné la confiance de faire l'impasse sur quelques scènes que je n'étais pas prêt à abandonner auparavant. Bien que nous n'ayons pas utilisé l'intégralité de sa coupe, nous avons pu faire des connexions entre des scènes." La réorganisation des séquences par Steven Soderbergh a fait son chemin dans le final cut de Spike Jonze, même si la responsabilité revenait aux monteurs Eric Zumbrunnen et Jeff Buchanan.
Joaquin Phoenix et Olivia Wilde, qui joue le rencart de Theodore, une jeune femme exquise mais trouble, ne se sont pas rencontrés avant le tournage du film : "Spike tenait à ce qu'on ne se voie pas avant de nous retrouver sur le plateau pour qu'on conserve intacte la fébrilité liée à un rendez-vous avec un inconnu", raconte l'actrice.
Spike Jonze explique que le réalisateur Woody Allen a eu une grande influence sur le scénario de Her : "Un des films que j’ai visionné quand j’écrivais fût "Crimes et Délits" parce que ce script est incroyablement bien écrit".
Spike Jonze s’est tourné vers le groupe Arcade Fire pour la composition musicale de Her. Le réalisateur est un ami de longue date du groupe et s’est alors référé à Win Butler, le leader du groupe de rock montréalais, qui plus est passionné par le cinéma, la science-fiction et les musiques de films. Le réalisateur avait en tête une bande son électrique mais pas électronique, et surtout, qui n'incarnerait pas la technologie contemporaine mais plutôt un quotidien en ébullition : "Arcade Fire a commencé à écrire la partition pendant le tournage, si bien que je m'en servais parfois sur le plateau (…) J'envoyais aux musiciens des photos et des rushes, et ils me renvoyaient jusqu'à 50 morceaux à la fois, qu'on retravaillait ensemble. Du coup, la composition de la musique et le tournage du film se sont nourris mutuellement".
Pour incorporer les flash-backs de la relation entre Theodore (Joaquin Phoenix) et son ex-femme Catherine (Rooney Mara, avec qui il est en instance de divorce), Spike Jonze a rédigé une vingtaine de scènes représentant de petits morceaux de la vie d'un couple : "J'ai écrit sur quoi allait porter les scènes, ce que les personnages se disaient. Mais je n'ai cependant pas écrit un dialogue spécifique. Cette méthode m'a été inspirée par la façon dont Terrence Malick travaille, ou du moins les histoires que l'on m'a laissé entendre sur sa façon de fonctionner." Au final, le réalisateur a donné des pistes aux comédiens mais leur a laissé une marge de manoeuvre dans leur jeu d'acteur.
Le scénario de Her a eu le temps de mûrir dans la tête de Spike Jonze. Il y a une dizaine d’années, le réalisateur pianote sur Internet et tombe sur un article évoquant un programme d’intelligence artificielle : "Cela parlait de la messagerie instantanée générés par intelligence artificielle. Je me suis connecté à ce système (…) Nous avons discuté pendant un moment, et j'ai alors pris conscience que j'étais en train de parler à un ordinateur qui m'écoutait et qui me comprenait." Mais il se rend compte rapidement que le dispositif est primitif et son vocabulaire assez limité : "(...) Le système ne faisait que répéter ce qu'il avait entendu antérieurement, il n'était pas intelligent, il s'agissait uniquement d'un logiciel sophistiqué." Allant plus loin dans sa démarche, il s’est demandé ce qu’il se passerait si un tel programme était pourvu de sensibilité et pouvait développer des sentiments amoureux.
L’ambiance de Her mélange un futur rétro, un style des années 30 - le personnage de Theodore porte une moustache et des pantalons tailles hautes - conjugué à une vie moderne où un homme dialogue avec une intelligence artificielle. Selon Casey Storm, le costumier, Spike Jonze avait la figure de Theodore Roosevelt en tête quand il a créé les contours du personnage de Joaquin Phoenix : "Quand nous avons mis en place les règles de ce monde que nous avons créé, nous avons décidé qu’il serait préférable de puiser dans des choses déjà existantes plutôt que d’en ajouter." Au final, il n’y a aucun jean dans le film, ni casquettes de base-ball, ceintures et encore moins de cravates. Même les revers et les cols ont disparu : "Je pense que l'absence de ces choses crée un univers unique".
Le directeur de la photographie Hoyte Van Hoytema a déclaré qu'il s'était particulièrement attaché à faire disparaître la couleur bleue du long-métrage. En effet, le réalisateur souhaitait un rendu visuel bien spécifique, une identité propre traduite notamment à travers une gamme chromatique de couleurs chaudes, comme le rouge, quasi présent dans chaque image. Pour la photographie du film, Spike Jonze raconte s'être inspiré de l'ambiance chaleureuse et colorée d'un décor plutôt singulier : la chaîne de smoothie californienne Jamba Juice. Dans Max et les maximonstres (2009) déjà, le duo avait supprimé la couleur verte de la photographie.
Le chef décorateur de Her, K.K. Barrett, a eu pour mission de faire en sorte qu'aucune voiture ne figure à l'écran. Difficile quand on sait que le film a pour décor la ville bouillante de Los Angeles où la circulation est dense. C'est pourquoi ce dernier est allé chercher son inspiration ailleurs, dans le district de Pudong, le quartier des affaires de Shanghai, célèbre pour ses passerelles pour piétons qui surplombent les axes routiers : "On y trouve des gratte-ciels, les rues sont droites et larges, les bâtiments sont élégants et tout est flambant neuf. Il y avait donc là un mélange harmonieux, dont plusieurs éléments étaient récents. Et Los Angeles aime l'avant-garde. J'avais le sentiment que si la ville se développait dans cette direction esthétique, elle ressemblerait à ça", détaille Spike Jonze.
Malgré un sujet moderne et un personnage en forme d'intelligence artificielle, Her n'a quasi pas eu recours aux effets visuels : "On a ajouté des immeubles et on a enlevé quelques panneaux sur certains gratte-ciels, et on aperçoit un jeu vidéo holographique sur lequel Theodore joue dans son salon, mais sinon, on a utilisé peu d'effets, surtout pour un film qui se déroule dans le futur", a déclaré le réalisateur. La plupart des décors utilisés sont réels et l'équipe du film n'a pas abusé du fond vert, de sorte qu'il a fallu que l'équipe s'adapte à la météo : "On a cherché des intérieurs baignés de lumière naturelle. Cela a créé une difficulté supplémentaire puisqu'il fallait qu'on planifie le tournage en fonction de la lune et du soleil et que K.K. a dû aménager ces espaces existants."