Autant la jouer tout de suite carte sur tables : je ne vais jamais voir un film de Ben Stiller sans espérer me faire surprendre un peu. C’est que, non seulement ce gars me fait marrer à travers son humour assez varié l’air de rien, mais en plus je trouve que, jusqu'à présent, il a démontré un réel savoir-faire et une véritable diversité dans ses réalisations ("Disjonté", "Zoolander" et "Tonnerre sous les tropiques" quand même !) Or, j’avoue que très rapidement cette « Vie rêvée » m’a vite mis à l’aise. Dès l’introduction on a à faire à une présentation de personnage, d’univers et d’intrigue remarquablement minimaliste dans la forme, mais en même temps incroyablement maitrisée. Dès le départ le film me faisait sourire... Et je ne pensais pas qu’en plus il allait me faire rêver... C’est que – franchement – s’il y a bien une qualité que moi je retrouve dans ce film et que je vois très peu ailleurs, c’est la densité et la richesse. Que ce soit dans l’inventivité des plans, dans le développement des personnages ou bien encore dans la construction de l’intrigue, le film envoie beaucoup de quantité dès le départ. Et là où ça devient plaisant, c’est que tout ça est très bien huilé, organisé, orchestré... Souvent un réalisateur banal ne brasse pas trop de choses à la fois parce qu’il ne sait pas le gérer : Stiller lui, sait qu’il peut faire dire par les mots, par l’image, par la musique, par le montage... Sa maîtrise totale des codes du cinéma fait que cette histoire pourtant bien gentille et innocente dégage un véritable souffle. Et franchement : ouah ! Comme le film a de la densité, la maitrise de Stiller sait lui donner du rythme. Je me suis retrouvé happé dans ce tourbillon progressif qui avait pour but de m’emmener à la frontière du rêve et du réel et, en tout cas pour moi, ça a totalement marché. Cette remarque vaut d’ailleurs aussi bien pour l’histoire que pour les effets visuels : même si cette « vie rêvée » ne dispose pas d’effets numériques au-dessus de la moyenne, la science du cadre et de la mise en scène de Stiller parvient à leur donner de l’épaisseur, et rien que pour ça ce film apporte sa dose de fraicheur. Alors vous allez me dire, après avoir lu ces lignes, que toute cette critique ressemble plus à la déclaration amourachée d’un fan de Stiller qui lui attribue toutes les qualités, quoi qu’il fasse, jusqu’à lui attribuer le don de multiplier les pains. C’est vrai que cela peut donner cette impression là, mais voilà vraiment comment moi j’ai ressenti sincèrement ce spectacle, et le pire c’est que je pense que je pourrais décortiquer chaque scène pour chercher à vous convaincre que je ne m’appuie pas sur rien pour annoncer tout ça... Mais bon, je ne le ferais pas, d’une part parce que sinon cette critique risque de faire huit pages, mais aussi parce que, à mon sens, ce serait vous flinguer le plaisir de la découverte. C’est pour ça qu’au final je ne me limiterais qu’à ça : je me limiterais à vous dire que ce dernier Ben Stiller n’entend pas être un grand chef d’oeuvre parce qu’il parle d’une cause noble ou parce qu’il arbore les oripeaux des grands classiques. Mais je préciserais que, pourtant, ce dernier Ben Stiller est malgré tout un grand chef d’oeuvre, parce que son histoire a beau être simple, elle est tout de même touchante et envoutante. Or, cela il ne le doit qu’à sa parfaite maîtrise des codes du cinéma qui lui permettent d’intriguer, de transmettre, d’émouvoir. Pour moi c’est ça le cinéma véritable et entier...