Encore plus âpre que son précédent "Daniel y Ana", il ne lâche rien le Michel Franco... Si vous voulez une excellente interview explicative du film, après avoir été dans une salle de cinéma recevoir votre claque, tel un pratiquant de Systema avec Ryabko, allez sur le site "Comme au cinema.com", où tout en bas dans la case interview le réalisateur dévoile et débloque très simplement tout le déluge d'émotions qui va vous tournebouler dans la tête et les tripes. Tout le monde ne le supportera pas, et voudra effacer ce film d'un "bof" indifférent ou d'un banal "oui pas mal mais c'est too much quand même"; ne vous laissez pas prendre au piège, ce n'est pas tous les jours qu'on a la chance de voir un authentique chef'd'oeuvre au cinéma lors de sa sortie réelle, et non longtemps après comme un vieux Orson Wells. Il suffit d'être capable d'ouverture sur soi-même et de jugement pertinent sur ses propres sentiments: si c'est o.k, si c'est votre portrait, allez-y sans faute. Tout au long des plans, on a envie de sauter dans l'écran, aller dans le film, mettre des claques aux bons moments, aux personnes qui le méritent, balancer des coups de pieds dans le ventre, fendre du crâne judicieusement choisi, plier des ligaments en sens inverse, et qu'est-ce que ça changerait au fond du problème, à l'essence vide des problèmes des personnages? Rien, nom de Dieu, rien. On pourrait envoyer tous les cars de CRS de France dans ce film froid, son silence glacial ne prendrait pas feu, et continuerait à distiller son venin, sa faiblesse, ses tendances à chercher/trouver un bouc émissaire, ses volontés de se poser en coupable de la situation du bouc-émissaire, ses abîmes de manque d'amour. C'est anti-romantique, anti faux réel, anti festif, anti jeunes, anti vieux, pro humain sans le célébrer mais en cernant sa densité éternelle normale qui ne demande rien à personne que d'avoir la paix, la notre, c'est réel, chaotique comme nos désirs et nos pensées, fiction vraie.