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    Grand Central
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    benoitG80
    benoitG80

    3 428 abonnés 1 464 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 septembre 2013
    "Grand Central" crée à coup sûr un profond malaise avec le nucléaire comme toile de fond qui ronge complètement tous ces hommes qui essaient envers et contre tout de construire une vie amoureuse, une vie de famille même si l'amitié glisse vers la trahison et la rivalité.
    On frémit, on s'angoisse à chaque geste, chaque pas dès que la centrale nucléaire referme ses griffes sur ces cobayes exposés à tous les dangers et ceci dans le mépris le plus total de leur hiérarchie !
    Car ce réacteur trou béant tellement présent et réel tout au long du film semble l'élément central en devenant presque vivant, tel un individu monstrueux à lui seul !
    Si bien que le cadre de vie et même la vie tout court de ces employés est toujours liée à cette présence insidieuse comme s'ils étaient pris dans une toile d'araignée impitoyable...
    Les démêlés amoureux de nos deux héros auxquels on assiste pour l'histoire du film, apparaissent ainsi presque en décalage, voire même dérisoires tout en ayant malgré tout une grande importance face à ce danger imminent et permanent...
    Tahar Rahim joue avec une grande retenue ce rôle difficile en étant accompagné d'Olivier Gourmet toujours aussi saisissant de force et de vérité !
    Un grand film dont on ressort chamboulé, inquiet et même irradié jusqu'à la nausée...
    traversay1
    traversay1

    3 638 abonnés 4 875 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 août 2013
    Déjà, le lieu. Fixer l'action de Grand Central dans et autour d'une centrale nucléaire est insolite d'autant que le sujet en est la confusion des sentiments. Rebecca Zlotowski renouvelle l'éternel triangle amoureux, par son cadre, mais aussi par son style naturaliste, intense tout en étant elliptique, à l'opposé de la majeure partie des productions actuelles qui soulignent plus qu'elles suggèrent. Il faut de la maîtrise pour conjuguer chronique sociale -le travail des forçats de l'atome, la solidarité rugueuse, le danger permanent- et contamination amoureuse. La réalisatrice réussit en grande partie ce pari même si le bon dosage est parfois difficile à trouver. Comme dans Belle Epine, il arrive que le film pêche dans sa construction et donne trop d'importance au côté documentaire, négligeant la psychologie de ses personnages. Léa Seydoux et Tahar Rahim confirment leur talent, fait de présence physique et de fragilité affective. Et ils ont des atomes crochus. Olivier Gourmet et Denis Ménochet, loin d'être des faire valoir, irradient le film de leur charisme sombre. Subtil et ténébreux, réaliste et poétique, Grand Central impose une réalisatrice dont on pressent la grande place qu'elle pourrait occuper bientôt dans le cinéma français.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 4 septembre 2013
    Je ne vois pas beaucoup de films français au cinéma, mais ceux que je choisis me décoivent rarement. Le dernier en date, Grand Central, m'a tout particulièrement plu : comment résister à cette histoire de cœur -enfin, de cœur de réacteur ? Petite critique d'une romance radioactive.

    L'Ennemi invisible et invincible
    Dans son deuxième long métrage, Rebecca Zlotowski brosse le portrait des ouvriers du nucléaire, trop souvent absents du débat. Pourtant, ne sont-ils pas les premiers concernés ? Car tel que Gilles présente son travail à Gary, la nouvelle recrue, il consiste à apporter l’électricité dans les foyers au détriment de sa santé –et finalement de sa vie. Bon, la réalité est à l’image d’une Léa Seydoux transformée en camionneuse : bien moins sexy, bien moins glorieuse. En effet, nulle reconnaissance pour ces types qui ne sont pas des lumières mais sortent les autres du noir : ils vivent en marge de la société qu'ils éclairent, dans des taudis construits non loin de la centrale. Alors, comme pour compenser, il règne entre eux une extraordinaire fraternité : ensemble ils cassent la croûte, ensemble ils cassent la pipe. En témoignent d’ailleurs de nombreuses scènes, dont deux sont vraiment belles : la première se concentre sur Géraldine, toute gitane, qui interprète avec justesse « Maladie d’amour » (1), tandis que la seconde les réunit presque tous autour d’un repas de mariage. Celle-là, magnifiée par un travelling latéral, un ralenti et une restriction du son au son off, déborde de couleurs, de grâce et de chaleur humaine. C’est qu’ils veulent vivre, les galériens ! Mais ils viennent et restent pour l’argent, par amour ou par facilité ; ils restent pour toutes ces raisons ou parce qu’ils ne savent pas où aller. spoiler: Et lorsque Gary part enfin, son salaire de misère en poche et son amoureuse au bras, il est trop tard : la dose maximale a été dépassée.
    La dose : voilà bien un terme de junkie que la jeune réalisatrice place dans la bouche de ces amants maudits, contaminés par les sentiments comme par les radiations. Car elle établit une analogie très explicite entre l'amour et la radioactivité, que viennent paradoxalement renforcer quelques contrastes tant visuels que sonores. Ainsi, à la campagne verdoyante et chaude s’opposent les murs blancs et froids de la centrale ; au rythme lent et apaisant des scènes en extérieur s’oppose le rythme rapide des scènes en intérieur -dont la collaboration entre ROB, qui signe la bande son, et le saxophoniste Colin Stetson contribue grandement à l'atmosphère oppressante. Mais dans l’un et l’autre de ces lieux, Rebecca Zlotowski filme des corps, des corps qui tremblent, s’étreignent et suent, des corps incurables si fréquemment récurés. C’est de cette manière qu'elle rend perceptible l'ennemi invisible et invincible, à travers la souffrance physique et psychique qu'il inflige aux travailleurs condamnés. Aussi la centrale nucléaire n'est-elle guère montrée : seuls quelques plans fixes et souvent serrés donnent une idée de sa dimension. Peut-être le cadrage traduit-il un double manque de recul : difficile d'avoir une vue d'ensemble d'une telle construction comme d'un tel sujet. Mais surtout, ce hors-champ qui glace le sang rappelle La Terre outragée : car il ne fait aucun doute que le monstre de métal, même s'il n'apparaît pas beaucoup à l'écran, se tient là, immobile, imposant et menaçant.

    1) Henri Salvador.

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    selenie
    selenie

    6 331 abonnés 6 203 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 août 2013
    Après le remarqué "Belle Epine" (2010) la réalisatrice persiste et signe un beau film d'après une idée de sa scénariste, Gaëlle Macé, après avoir lu le roman "La Centrale" de Elizabeth Fithol... En résumé une histoire d'amour passionnel et d'adultère avec pour toile de fond les coulisses d'une centrale nucléaire, plus précisément sa face sombre. Rebecca Zlotowski retrouve Johan Libéreau (un petit rôle cette fois-ci) et surtout Léa Seydoux dans le rôle d'une fille "facile" (un peu plus compliqué que ça) qui se prend au piège des sentiments. Ce qui surprend surtout c'est le réel travail en amont, très documenté on est rarement entré dans une centrale nucléaire de façon aussi précise ; magnifique travail sur la lumière notamment, l'atmosphère pesante, presque empreint de mystère. Par contre si les personnages sont superbement écrits, tous plus ou moins attachants et intéressants la romance adultérine manque quand même d'un peu plus de passion (au sens premier) ; jamais je n'ai cru que Elise aime plus son amant Gary que son mari Toni... Tahar Rahim est parfait en Gary, Léa Seydoux est une nouvelle fois incandescente et sensuelle mais derrière ce casting idéal c'est bien Denis Ménochet qui suptilise l'intérêt au couple têtye d'affiche. Ménochet incarne un ours mal léché, frustré mais viril, fort mais blessé il est le point fort du film, sans aucun doute son meilleur rôle à ce jour. Déception pour la fin, sans doute parce que Toni... Un beau film, abouti et maitrisé auquel il manque juste une sorte de flou sentimental entre Elise et son amant.
    reymi586
    reymi586

    479 abonnés 2 444 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 septembre 2013
    Rebecca Zlotowski choisit pour Grand Central un cadre encore très peu utilisé au cinéma et pourtant très présent dans l'actualité, à savoir une centrale nucléaire. Je ne suis pas expert sur le sujet et je ne sais donc pas si c'est fidèle à la réalité mais c'est très intéressant et ça fait froid dans le dos. J'ai beaucoup aimé la réalisation avec beaucoup de messages qui passent dans le silence que cela soit sur le thème des centrales nucléaires ou que cela soit dans l'histoire d'amour qui lie les deux protagonistes. Ça parle beaucoup avec des regards et des gestes, on sent une grande complicité entre Tahar Rahim et Léa Seydoux qui sont définitivement deux des plus grands acteurs de leur génération.
    jeanjak
    jeanjak

    4 abonnés 30 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 décembre 2014
    Bluffé! Des comédiens (Tahar Rahim au niveau d'un prophète! Dennis Menochet premier grand rôle!!) a la musique en passant par l'image tout est Grand dans Grand Central. Et ce qu'on apprend sur les travailleurs des centrales est incroyable. Une originalité générale bien trop rare au cinéma ces derniers temps!
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 29 août 2013
    Magnifique histoire au coeur d'une centrale nucléaire.. Tahar Rahim et Léa Seydoux, magnétiques, troublants !!
    A voir absolument !
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 28 août 2013
    Bouleversant ! Enfin un film qui rappelle avant tout que le cinema est d abord un art avant d'être un produit!
    Nico591
    Nico591

    47 abonnés 800 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 janvier 2014
    Peu de films parlent de la classe ouvrière française, encore moins de celle qui travaille dans les centrales nucléaires, ces lieux secrets et dangereux qui sont souvent au cœur de l'actualité.
    La réalisatrice décrit très bien ce milieu populaire en y racontant le quotidien de ces hommes et femmes par le prisme d'une relation interprétés par deux excellents acteurs, Tahar Rahim et Lea Seydoux ainsi que de très bons seconds rôles comme Olivier Gourmet et Denis Menochet.
    La réalisation quant à elle, camera à l’épaule est nerveuse et proche des acteurs, et restitue à merveille le risque permanent de ces centrales.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 30 août 2013
    A la fois histoire d'amour et peinture sociale passionnante, un film tendu, percutant et magnifiquement interprété. Belle réussite
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 8 septembre 2013
    C'est un film d'une violence extrême! Non pas de fusillades, de courses poursuites, de sang et de sexe . Mais cela vous fait froid dans le dos. Le danger permanent du nucléaire se lit dans le regard, les gestes, les paroles des acteurs, qui sont tous excellents dans leurs rôles.
    A voir et à réfléchir....
    mazou31
    mazou31

    98 abonnés 1 285 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 septembre 2013
    Grand film, parfaitement maîtrisé par cette jeune cinéaste qui promet beaucoup. Une histoire d’amour mais aussi et surtout une histoire sociale, moderne, dans le monde redoutable et bien méconnu (par calcul) du nucléaire. Film maîtrisé donc, dans son scénario, sa mise en scène, ses dialogues, son interprétation (formidable Tahar Rahim). Film égal à un thriller tant il diffuse une angoisse sourde mais aussi parsemé de moments de grande luminosité. Un film également très attachant par son humanité, son réalisme authentique sur le monde de la sous-traitance, du nomadisme ouvrier. Une belle réussite.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 199 abonnés 4 182 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 septembre 2015
    Rebecca Zlotowski jeune réalisatrice sortie de la FEMIS s'en réfère pour son deuxième film au cinéma social et romantique français des années 1935 à 1955 des Carné, Grémillon, Duvivier, Renoir ou Becker. Son couple vedette et charismatique composé de Tahar Rahim et Léa Seydoux en évoque forcément d'autres plus célèbres comme celui formé par Jean Gabin et Michel Morgan ("Quai des Brumes", "Remorques") ou par Serge Reggiani et Simone Signoret ("Casque d'or"). Cet hommage rendu à une période dorée de notre cinéma national lui attirera fatalement les foudres de ceux qui feront des comparaisons peu avantageuses de "Grand Central" avec ses glorieux modèles. En s'inspirant du livre très documenté de d'Elisabeth Filhol, "La centrale", et en y ajoutant une histoire d'amour passionnelle, Rebecca Zlotowski a trouvé le terrain propice à son dessein. Gary, jeune homme solitaire et marginal s'intègre à la petite communauté des intérimaires qui constituent la main d'œuvre en charge des boulots les plus à risques au sein des centrales nucléaires. Zlotowski de façon très didactique profite de la période d'initiation de Gary au groupe pour nous présenter dans une veine très réaliste le quotidien de ces travailleurs de l'extrême dont on ne parle jamais et qui passent leur vie aux abords des centrales nucléaires françaises qu'ils sillonnent leur dosimètre présent dans leur poche comme pour leur rappeler en permanence le poison qui lentement se diffuse dans leur corps. Un peu opportunément, il faut bien le dire, la jeune réalisatrice tente de profiter du "moment" Léa Seydoux pour assimiler son sex-appeal à la force d'irradiation qui émane des réacteurs. Pour Gary qui succombe très vite au charme incendiaire de la jeune femme d'un chef d'équipe (Denis Ménochet) trop sage pour elle, le danger est désormais partout. A travers cette passion dévorante et son accomplissement sur les bords de la rivière qui longent la centrale toujours menaçante, Zlotowski offre un singulier mélange entre des films aussi emblématiques que "Le jour se lève" (Marcel Carné, 1939), "La belle équipe" (Julien Duvivier, 1936) ou "Une partie de campagne (Jean Renoir, 1936). Soixante quinze ans après le Gabin du "Jour se lève", Tahar Rahim porte en lui le même fatalisme qui veut que par déterminisme social, le bonheur soit inaccessible à ceux qui sont en charge d'alimenter en énergie la société industrielle. Les poussières qui rongent les poumons pour l'ouvrier sableur interprété par Gabin dans le film de Carné et les radiations invisibles de l'atome qui dérèglent l'ordonnancement fragile des cellules pour l'intérimaire de "Grand Central". Etrange hasard, Jean Gabin et Tahar Rahim avaient exactement le même âge dans les deux films. Au-delà de cet amour impossible fortement palpable n'en déplaise aux grincheux, Zlotowski se montre très à l'aise dans les scènes de groupe où se dessine la solidarité qui s'installe de fait dans ce type d'activité où la mort rôde. Il faut dire qu'avec Olivier Gourmet, Denis Ménochet et Johan Libéreau le risque de sonner faux était assez minime. S'appuyer sur le travail des anciens sans passer par le remake n'est pas infamant et peut permettre de trouver sa voie. C'est ce que l'on peut souhaiter à Rebecca Zlotowksi qui ne se montre pas maladroite du tout derrière une caméra.
    Clingo
    Clingo

    62 abonnés 128 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 septembre 2013
    La centrale sifflera trois fois ( ou plus ).

    La découverte de Grand Central apporte une interrogation sur la nationalité du dernier film de Rebecca Zlotowski : est-il français, ou américain ? Beaucoup des deux, français par la langue essentiellement, et américain par sa façon de raconter son histoire et sa capacité à s'inscrire dans des genres, en les traitant cependant d'une manière naturaliste. Car tout commence comme dans un western, avec l'arrivée d'un étranger par le train, se poursuit par une quête initiatique et prend finalement la forme d'une histoire d'amour sauvagement toxique. De Gary, on ne sait pas grand-chose, si ce n'est que son prénom n'est certainement pas le fruit du hasard. Ce prénom à la Cooper et son passé mystérieux en font donc un personnage westernien, et surtout, ce passé inconnu lui donne une virginité. En étant quasiment pur de toute projection précise de la part du spectateur, Gary peut être perçu comme au début d'une nouvelle aventure. Une position idéale dans un film qui dans ses grandes lignes dresse le portrait de ce personnage en pleine (re)naissance, et qui ne pouvait trouver meilleur acteur que Tahar Rahim, dans un rôle assez proche du Malik d'Un Prophète pour l'interpréter. Car personne ne semble jouer aussi bien que lui l'éveil au monde et l'observation pleine de candeur de choses qui lui sont inconnues. Grand Central, comme le film de Jacques Audiard, parle précisément de cela, d'un jeune homme dont on ne sait rien et qui va découvrir un nouveau microcosme et tenter de s'y adapter tant bien que mal. On pourrait prolonger la comparaison entre les deux films et dire que la centrale est aussi une prison, un lieu de tous les dangers. Par son caractère " naturellement " peu fréquentable, mais surtout parce que Zlotowski sait filmer, qu'elle possède un sens de l'espace sidérant et qu'elle établit une description clinique de la centrale qu'elle investit complètement. D'une manière plus générale, il y a dans Grand Central cette impression que la cinéaste prend du plaisir à filmer, qu'il s'agisse des décors ou des corps, des couloirs froids de la centrale nucléaire ( on est alors en pleine science-fiction ) ou des champs illuminés de(s) rapports intimes, de la naïveté de Gary ou de l'usure physique qui marque certains visages.

    La beauté plastique du film atteint régulièrement des points culminants, espèces de situations formelles paroxystiques qui naissent pour une seule et simple raison : Zlotowski a un intérêt pour son sujet, et ses personnages. C'est ce qui fait que Grand Central est parfois baigné dans une sensualité pure, comme cette scène où les corps de Karole et Gary se frôlent dans la voiture. Cette délicatesse du regard et cette capacité à voir ce qui anime les relations entre deux êtres vont à l'encontre d'un potentiel manque de subtilité que le film feint de posséder par moments. Et si les corps existent, c'est aussi grâce à la puissance des acteurs, qui saisissent leurs personnages pour les habiter complètement, à tel point qu'on a parfois le sentiment que Grand Central n'est rien d'autre qu'un documentaire qui filme des " vrais " gens.
    Parfois, la gourmandise cinématographique évoquée plus haut dénote même un peu parce que la cinéaste s'autorise des envolées formelles en plein milieu du récit. Mais qu'importe ! Il ne faut pas bouder son plaisir quand un film se permet d'être si généreux, surtout que les figures de style mises en place ne sont pas gratuites pour autant, et qu'elles disent quelque chose des personnages. Zlotowski se permet de faire de beaux plans, comme s'il s'agissait de " trahir " la conduite du récit pour subitement prendre des chemins de traverse. Mais quand le résultat est si intense, on ne peut qu'encourager la trahison, et se satisfaire qu'une jeune cinéaste française ait une telle gourmandise d'images.

    Dans ce film très masculin, apparaît soudainement une femme ( fatale, le cinéma américain toujours ) interprétée par Léa Seydoux, là aussi l'actrice idéale pour un tel rôle par sa façon si particulière de cristalliser l'attention et d'éveiller le désir ( de Gary, du spectateur et de la cinéaste ). Le couple que forment Karole et Gary est un exemple parfait d'un film qui a une propension à jouer sans détour sur les symboles. L'amour, c'est la dose, et un parallèle de se créer entre le contexte amoureux et la situation du film dans un environnement aussi dangereux que la centrale. A l'image de la mise en scène qui peut sembler gratuite sans l'être réellement, l'usage des symboles fonctionne sur le même principe d'une apparente facilité dans les choix opérés, rattrapée cependant par la profondeur des situations. Il y a quelque chose de très simple dans la manière dont le film parle au spectateur en produisant des images et du sens. En construisant son récit grâce à un filage de métaphores accessibles, le film gagne en réflexion et en intensité. Il ne se passe peut-être pas grand-chose dans Grand Central, mais tout ce qu'il s'y passe est immédiatement saisissable. Voilà un des nombreux mérites du film : être souterrain, profond, et en même temps d'une simplicité inouïe. Procurer une puissance sur l'instant, et hanter les esprits bien après la séance. Le film va piocher dans des registres et des tons différents, mais son identité lui est personnelle et le résultat est un pur plaisir de cinéma entre tradition naturaliste française et mythologie américaine.
    Xavi_de_Paris
    Xavi_de_Paris

    300 abonnés 2 854 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 novembre 2014
    Une évocation réaliste et épurée des conditions de travail et de vie de ces ouvriers du nucléaire qui risquent leur vie tous les jours. Le tout sur fond d'histoire d'amour interdit. Les acteurs sont formidables tous autant qu'ils sont, de Tahar Rahim à Léa Seydoux, en passant par Olivier Gourmet et Denis Ménochet, et ils subliment un scénario dont ils sont les héros, avec leurs forces et leurs faiblesses. Le caractère réaliste de la réalisation amplifie l'intensité des relations entre personnages, qu'elles soient fraternelles ou bien haineuses.
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