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tixou0
696 abonnés
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4,0
Publiée le 29 août 2021
Une jeune femme est au chevet de son mari plongé dans le coma - dérisoire... ce chef de guerre afghan a reçu une balle dans la nuque à la suite d'une querelle privée. Même si "blanchi sous le harnois" prématurément, on voit d'emblée qu'il est beaucoup plus âgé qu'elle - il est fréquent de marier de très jeunes filles avec des barbons, dans ce pays où la femme n'est qu'une marchandise, un bien que l'on échange (son père avait donné en paiement à un créancier quadragénaire sa soeur aînée, alors âgée de 12 ans), "qu'un bout de viande", pour le plaisir du mari et l'assurance d'une descendance. Mâle, de préférence. La jeune femme n'a elle réussi qu'à engendrer deux filles, en dix ans d'union (mais deux ans effectifs tout au plus, tant les campagnes de son mari ont été longues). Abandonnée par sa belle-famille, sans argent, dans une ville bombardée, puis envahie par les miliciens, elle réussit à retrouver une tante qui lui a déjà été précieuse dans le passé, tenancière d'un bordel. "Elle" va faire des allées et venues entre la maison close où ses fillettes sont en sécurité, et sa demeure, proie des bombes. Se muant en Shéhérazade, elle raconte par le menu à son mari sous perfusion (qu'elle a installé dans un renfoncement mural, caché sous une tenture) non pas des contes comme la légendaire esclave de harem, mais, au fil de ses visites, tout en prenant soin de lui, avec un dévouement exemplaire, sa triste existence, ses souvenirs, ses douleurs, ses espoirs, ses secrets.... Jusqu'à ce que cette singulière "Pierre de Patience" arrive à saturation. Ce récit oriental est porté à l'écran par l'auteur du roman originel (goncourisé), un intellectuel afghan réfugié en France, Atiq Rahimi. "Elle", c'est la belle Iranienne (réfugiée en France aussi) Golshifteh Farahani ("A propos d'Elly"). Avec retenue (mise en scène), mais force (monologues). La condition de la femme musulmane est un enfer sur terre - surtout dans les pays les plus obscurantistes (dans cette région du globe, ce sont les pays à mollahs, talibans et tchadors, les "républiques islamiques", comme l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan). Le parcours personnel de l'héroïne sans nom de "Syngué Sabour", s'éveillant à la sensualité et à l'indépendance (à la vie, tout simplement) est d'autant plus exemplaire... Un superbe film.
Grand coup au cœur. Syngué Sabour - Pierre de patience, ou le combat, long et douloureux, que celui de cette jeune femme afghane qui va prendre le chemin de la vie et trouver sa liberté. Pour y arriver, il lui faudra franchir les barrages imposés. Ceux de la frustration. Des mensonges quasi obligatoires pour rester en vie. Et l'ensemble de tous les tabous imposés. Il est aussi, et surtout, question du corps féminin, et du plaisir lié à une relation choisie. Une relation vraie avec des sentiments partagés. Hassina Burgan, dans le rôle de la tante, "libératrice" est magnifique avec, entre autres, une scène de maquillage inoubliable, toute entière faite de douceur et de sensualité mélangées. Golshifteh Farahani est remarquable. Sa seule beauté et son talent suffisent à bouleverser, mais ici il y a plus, ce texte magnifique, fort et bouleversant sur lequel Golshifteh Farahani s'appuie pour en faire, à elle seule, un très grand moment de cinéma. La photographie est dure et magnifique à la fois. La réalisation minimaliste sied le propos d'une façon intelligente et parfaite. Un film difficile, mais à voir absolument.
Une des choses remarquables du dernier film d'Atiq Rahimi est la puissance formelle qu'il dégage. De par son sujet premièrement, de par son histoire -qui utilise habilement la fable de la pierre de patience, et de par sa mise en scène, qui colle au plus près du destin de cette jeune femme afghane qui survit au milieu du conflit qui déchire son pays. Golshifteh Farahani, femme tiraillée entre son spoiler: suite sur Plog Magazine, les Critiques des Ours (lien ci-contre)
Un film sans concession ! Ça fait du bien .... J'avais lu le roman il y a quelques années et je suis ravie que le film soit non seulement fidèle, mais surpasse l'imaginaire ce qui est très rare 😊
"Syngué Sabour" parle d'amour, du corps des femmes, du plaisir, du mensonge, de la frustration, dans un pays où tout ce qui touche au sexe est nié.. L'actrice iranienne Golshifteh Farahani porte sur ses épaules tout le film. Elle est belle, juste, bouleversante...la photographie est remarquable , le film relativement économe de ses décors puisque se déroulant dans un quasi huis clos, puise dans ce traitement de la couleur toute son ampleur...certainespoiler: s critiques ajoutent que Atiq Rahimi n'a dévoilé dans ce film qu'une partie de son beau roman...le film donne envie de s'y reporter...à voir absolument...
Film magnifique, très fidèle au livre, avec une actrice sublime, un scénario, de belles photos, vraiment un excellent film que je reverrai encore et encore.
Ne parlons pas de chef d'oeuvre mais de film absolument envoutant. On pourrait aussi écrire bouleversant, émouvant... mais surtout pas larmoyant. L'actrice principale est pour beaucoup dans cette impression d'authenticité et de réalisme...
Magnifique ! Un léger souffle épique en plus et on aurait frisé le chef d'oeuvre. Nous assistons á une approche intimiste du traitement réservé aux femmes dans ces sociétés musulmanes en guerre. Golshifteh Farahani illumine l'écran, qu'elle ne quitte pas, de bout en bout. Sa sensibilité, sa sensualité se révèle avec charme et cohérence tout au long du récit, servie par une photo remarquable.
La pépite de ce film c'est l'actrice principale, absolument magnifique. A travers son histoire, mise en scène comme un conte, il y a tant de choses qui sont dites: l'aliénation des femmes, le poids de la religion utilisée avant tout pour dominer et tuer, l'absurdité des guerres qui s'autoentretiennent et l'espoir aussi d'une évolution des esprits vers plus de lumière.
Atiq Rahimi adapte son propre roman, Prix Goncourt 2008 avec en tête d'affiche la magnifique Golshifteh Farahani (actrice iranienne en exil en France). Le titre vient d'une légende perse, la pierre de patience étant le moyen de pouvoir raconter tous nos secrets les plus intimes. Dans cette histoire la pierre de patience est l'époux, dans le coma suite à une bagarre stupide. Dans uen société afghane où la femme n'est qu'un objet presque sans âme l'épouse se retrouve dans une situation où elle peut enfin dire tout ce qu'elle a sur le coeur sans que son mari puisse réagir. la grande partie du film se déroule en huis clos, au sein d'une chambre où elle continue à soigner son mari tout en lui parlant. La jeune femme lui confie donc ses états d'âme, ses souvenirs de jeune épouse, petit à petit les confidences se font à la fois plus touchantes et à la fois plus intimes. On entre doucement dans ce qui est tabou, la sexualité et l'amour prend de plus en plus de place, dévoilant ainsi autant les désirs que les frustrations d'une femme, et par elle, de toutes les femmes afghanes. Evidemment on ne peut que saluer une oeuvre aussi audacieuse que féministe. Néanmoins le parti pris du monologue (du vagin ?!) peut paraitre rébarbatif. Les secrets toujours plus profonds tracent également une ligne droite dont on devine très vite la destinée. Les secrets restent au final trop focalisés sur la seule sexualité, la guerre reste secondaire bien qu'omniprésente, les deux fillettes n'ouvrent aucun angle de vision... Mais la vraie déception reste la fin. Le dernier plan est très beau mais l'épilogue prouve surtout que le réalisateur n'assume pas entièrement son film ; une conclusion réelle aurait dû clore une histoire si singulière. Cependant, la puissance d'interprétation de Golshifteh Farahani, le sujet féministe mais universelle, la très belle photographie, la sensualité sous-jacente font que ce film mérite qu'on s'y attarde.
Voilà maintenant quelques années que je suis cette actrice iranienne bannie de son pays (elle est réfugiée en France). Golshifteh Farahani, non contente d'être très belle, est aussi très talentueuse. Révélée dans le très beau A propos d'Elly, on a pu aussi la voir dans Poulet aux prunes et le méconnu Si tu meurs, je te tue. Aujourd'hui, elle est en tête d'affiche de Syngué Sabour, le deuxième film de Atiq Rahimi, franco-afghan qui adapte lui-même son livre (prix Goncourt 2008). Elle tient véritablement tout le film sur ses épaules...