The Cut concourt en Compétition au 71ème Festival de Venise. Un lieu où Fatih Akin a remporté le Grand Prix du Jury grâce à Soul Kitchen en 2009.
Attendu au Festival de Cannes 2014, The Cut a été mis hors-course par son réalisateur un peu avant l'annonce officielle de la sélection, et s'est ensuite retrouvé en compétition à Venise. La raison ? Fatih Akin a expliqué avoir présenté le film aux deux festivals en même temps, et que la réaction vénitienne a été nettement plus enthousiaste que la cannoise, motivant ainsi son choix.
Décrit par Fatih Akin comme une évocation de son cheminement dans le cinéma, The Cut a, de l'aveu de son réalisateur, été influencé par America, America d'Elia Kazan, les travaux de Martin Scorsese et Bernardo Bertolucci, la science du cadrage de Sergio Leone, et l'utilisation de la lumière de Terrence Malick.
The Cut est le troisième volet d’une trilogie ayant respectivement pour thèmes l’Amour, la Mort et le Diable. Le premier volet, Head on, sorti en 2004, suivait le parcours d’une Allemande d’origine turque qui luttait pour vivre sa vie amoureuse en toute liberté. De l’autre côté sort au cinéma en 2007 et s’intéressait quant à lui aux destins de six personnages que la mort va réunir. The Cut se centre sur le diable et à la fragile frontière qui peut exister entre bien et mal.
The Cut est le premier script de long-métrage que Mardik Martin signe depuis 34 ans. Son dernier scénario était celui de Raging Bull, film réalisé par Martin Scorsese en 1980. Mardik Martin a d’ailleurs collaboré pendant de nombreuses années avec le cinéaste puisqu’il est à l’origine des scripts de Mean Streets, New York, New York, et des traitements des documentaires Italianamerican et La Dernière valse.
The Cut a été tourné en arménien, arabe, turc, espagnol, anglais et kurde.
Le réalisateur et scénariste Fatih Akin est allemand d’origine turque et le scénariste Mardik Martin est américain d’origine arménienne. C’est la première fois qu’un Turc et qu’un Arménien collaborent ensemble sur un film qui traite du génocide arménien, sujet de discorde entre les deux pays.
Nazaret Manoogian, le nom du personnage joué par l’acteur français Tahar Rahim contient de multiples références historiques et religieuses. En premier lieu, le prénom est une référence directe à Jésus de Nazareth, la religion chrétienne étant majoritaire en Arménie. Le nom de famille fait lui référence à deux immigrés arméniens emblématiques aux Etats-Unis. Le premier, Alex Manoogian a dû fuir l’Arménie pour les Etats-Unis à la suite du génocide et devint un brillant ingénieur et entrepreneur. Milliardaire, Manoogian fit énormément pour la communauté arménienne aux Etats-Unis et devint un héros national dans son pays d’origine. Le deuxième, Haig Manoogian fut un brillant professeur de technique cinématographique à l’université et comptait Martin Scorsese parmi ses élèves. Le film Raging Bull lui est d’ailleurs dédié.
Le réalisateur Fatih Akin a dédié The Cut au journaliste arméno-turc Hrant Dink qu’il qualifie comme son « professeur » dans le générique du film. Éminent représentant de la communauté arménienne en Turquie et défenseur des Droits de l’Homme, Hrant Dink fut assassiné en 2007 par un nationaliste turc.
Dans The Cut, le personnage de Tahar Rahim vit dans la ville de Mardin à la frontière de la Syrie. Ce n’est en rien un hasard puisque la ville était l’un des points de départ de ce que le cinéaste Fatih Akin appelle « Les marches de la mort », ces longues marches dans le désert pour fuir le génocide. Fatih Akin et son équipe ont d’ailleurs refait le périple en voiture pour s’imprégner des paysages et ainsi avoir une meilleure idée de l’enfer que ces hommes et ces femmes ont pu endurer.
Si le film traite du génocide arménien, le réalisateur Fatih Akin précise que ce n’est pas le sujet central du long-métrage. Le cinéaste indique que le génocide n’est que le point de départ du film et qu’il voulait traiter à travers The Cut des sujets plus vastes tels que "la guerre et les migrations forcées, mais aussi la puissance de l’amour et de l’espoir."
Le cinéaste Fatih Akin déclare que le choix de Tahar Rahim pour le rôle de Nazaret Manoogian a été motivé par la vision du film Un Prophète de Jacques Audiard: "À mon avis, c’est l’un des meilleurs films européens de la dernière décennie. Tahar Rahim est présent dans toutes les scènes et c’est lui qui porte le film", indique-t-il.
Fatih Akin et son chef opérateur ont travaillé l’esthétique du film afin qu’elle soit la plus sobre et naturaliste possible. « En retenue », tel était le mot d’ordre du réalisateur à son chef opérateur Rainer Klaussman : "Il n’était pas question de chercher artificiellement à donner une couleur différente à chaque lieu", ajoute le cinéaste.
Au commencement du projet, Fatih Akin avait rédigé simultanément plusieurs scénarios et le film d’origine devait contenir douze fils narratifs différents. Le réalisateur a ensuite montré le script au réalisateur Costa-Gavras qui lui a conseillé de ne garder qu’une intrigue principale. Le réalisateur décida alors de se concentrer sur l’histoire des déportations suite au génocide arménien.