Hiver nomade a reçu de nombreux prix dans plusieurs festivals prestigieux, dont le Prix du meilleur documentaire aux European Film Award 2012, le Prix du jury et le Prix Etudiant au festival du film d'Arras 2012 ou le Prix du meilleur documentaire suisse 2012 au festival Visions du Réel à Nyon.
Le réalisateur Manuel von Stürler est à la base compositeur de musique et musicien pour le théâtre. C'est pendant ses voyages, notamment au Moyen-Orient, en Islande et au Chili, qu'il a redécouvert sa passion pour l'image. Hiver nomade est son premier long-métrage.
C'est après être rentré de ses voyages que Manuel von Stürler a rencontré les bergers Pascal et Carole, ces derniers passant près de sa maison, en Suisse, pour la transhumance : "Ce fut une incroyable rencontre : tout d’abord avec le spectacle inouï du flot des moutons, mais surtout avec les bergers, Pascal et Carole. L’aventure de la transhumance m’a passionné, elle m’a ouvert les yeux sur la mutation du paysage et la « los-angelisation » du Plateau suisse. L’idée d’en faire un film s’est immédiatement imposée", confie le cinéaste.
Une transhumance (migration périodique du bétail en fonction du temps) dure à peu près quatre mois et la distance parcourue est d'environ 600 km.
Au départ, les bergers Pascal et Carole étaient assez sur la défensive ; plusieurs films amateurs avaient déjà été réalisés sur eux et ils étaient réticents à l'idée de remettre le couvert : "Quand ils ont compris que mon projet était plus ambitieux et que j’étais déterminé, ils ont pris le projet au sérieux", révèle Manuel von Stürler. Développer le projet a ensuite pris deux ans, pendant lesquels le cinéaste a pu effectuer une transhumance entière en compagnie des deux bergers.
Les bergers Pascal et Carole possèdent un cheptel de près de 1000 moutons. On peut dire qu'ils ne doivent pas avoir de soucis pour s'endormir.
Manuel von Stürler a voulu mettre en avant la virtuosité et l'exigeance dont il faut faire preuve afin de bien mener les moutons : "Guider un troupeau de huit cents bêtes sur un chemin de trois mètres de largeur bordé de champs ensemencés qu’aucun mouton ne doit fouler n’est vraiment pas à la portée du premier venu. Il faut un doigté de chef d’orchestre !", affirme le metteur en scène.
Pendant ce long voyage, la seule distraction que peuvent avoir les bergers est la lecture ; dans le film, on peut voir Carole lire "Cantique de l’apocalypse joyeuse" d’Arto Paasilinna.
Les conditions de tournage particulières ont demandé une mise en place spéciale et il a fallu s'adapter au rythme des bergers : "Le chef opérateur, Camille Cottagnoud, est un habitué des tournages en montagne et la prise de son était assurée par mon frère, Marc von Stürler, également aguerri. Il a évidemment fallu s’adapter au rythme de la transhumance, et non l’inverse !", déclare Manuel von Stürler.