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leobis
59 abonnés
252 critiques
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2,5
Publiée le 11 juin 2012
Si vous connaissez pas mal de films de Woody Allen, ce documentaire vous rappellera certaines de ses meilleures scènes, par contre vous n'apprendrez pas grand chose de nouveau.Si vous n'êtes pas un fan de Woody Allen, ce documentaire malheureusement ne devrait pas vous séduire.
Globalement, ce documentaire sur l'un des maîtres du cinéma est très instructif et plaisant (j'entends par là, on rit), mais on peut regretter que le dernier âge d'or du Maître soit un peu bâclée : son Europe fantasmée.
Qui est vraiment Woody Allen ? Réalisateur prolifique, il a longtemps incarné les personnages principaux de ses films, des personnages qu'on pourrait présumer qu'ils ne sont que des variations de lui-même. « Stardust Memories » raconte l'histoire d'un réalisateur de comédies qui veut tourner des oeuvres plus sérieuses : le rapport avec la carrière d'Allen semble évident. Dans « Maris et femmes » : Allen joue le rôle d'un homme quittant sa femme (jouée par Mia Farrow) pour une autre bien plus jeune ; sachant qu'à la même époque, il se séparait de Farrow pour vivre avec la fille adoptive de cette dernière, le lien avec sa propre vie paraît irréfutable. Woody Allen martèle depuis des années que ce n'est pas le cas, libre au spectateur de le croire ou pas. Toujours est-il : que nous apprend le réalisateur et documentariste Robert B. Weide à propos d'Allen ? La réponse est simple : pas grand chose qu'on ne sache déjà. « Woody Allen : A documentary » s'avère être une simple illustration de la page Wikipedia du concerné : elle en suit en tout cas le développement linéaire. La vie dans les années 40, les débuts comme gagman, humoriste, scénariste, l'échec de « What's up, pussycat ? », les premières comédies loufoques, « Annie Hall », les films plus sérieux des années 80, etc. Le néophyte apprend l'essentiel de la biographie d'Allen en moins de deux heures tandis que le fan s'amuse à reconnaître des extraits de tel ou tel film. Sans grande surprise, le documentaire se regarde cependant agréablement, grâce à des archives déterrées par Weide (un fou rire d'Allen et Diane Keaton sur le tournage de « Sleeper ») ou des faits moins connus (le travail avec Gordon Willis, le chef-op du « Parrain », engagé sur « Annie Hall »). Malgré tout, on a l'impression d'assister à une hagiographie filmée : les différents interviewés nous dressent un portrait idéalisé d'Allen. On les comprend, ils lui doivent beaucoup : qu'aurait été la carrière de Keaton sans sa collaboration fructueuse avec Allen dans les années 70 ? Larry David aurait-il connu le succès avec les séries « Seinfeld » et « Curb your enthusiasm » s'il n'avait pas été influencé par Allen ? Quand Weide aborde les sujets qui fâchent, il le fait brièvement : l'affaire Soon-Yi est effleurée (tout a déjà été tellement dit à ce sujet, à quoi bon même en parler ?) et les mauvais films du début des années 2000 sont excusés (on insiste sur la claque « Match Point » qui a effacé les précédents flops). Les acteurs sont tous ravis, Sean Penn et Scarlett Johansson s'expriment devant la caméra de Weide comme s'ils étaient en conférence de presse, et seul les confidences de Josh Brolin, mal à l'aise sur le plateau du médiocre « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu », nous éclairent vraiment sur la méthode de travail d'Allen avec les acteurs. Les images sont dignes d'un making-of, et comme il n'en existe pour aucun de ses films, on ne peut qu'être surpris de voir Allen déambuler devant Naomi Watts pendant les prises. Malgré le plaisir certain de retrouver Woody et l'intérêt indéniable de certaines séquences de ce documentaire, on peut néanmoins se poser la question de la pertinence de sa sortie en salles en France. Documentaire en deux parties pour HBO, il a été raccourci pour les cinémas français. Il serait intéressant de savoir ce qui a été enlevé : quitte à adopter un ordre chronologique, pourquoi effleurer certains des meilleurs films (« Hannah et ses soeurs », « Harry dans tous ses états ») et en ignorer totalement d'autres (« Radio Days », « Tout le monde dit ''I love you'' »). On a certes affaire à un bon documentaire télé, (trop) appliqué, mais dont la sortie française n'a guère d'autre raison que la côte d'amour incomparable dont jouit Allen dans l'hexagone et le succès inattendu de « Minuit à Paris » l'année dernière. Biographie respectueuse et publicitaire, ce documentaire en dit moins sur la vision de Woody Allen sur monde et sur le cinéma qu'un autre documentaire, tourné en vidéo en 1986 par Jean-Luc Godard : « Meetin' WA ». Allen n'y paraissait par particulièrement à l'aise, mais le fond était passionnant. Le titre du film de JLG souligne clairement ce qui manque à celui de Weide : une vraie rencontre avec le cinéaste.
Voilà un documentaire propre et classique, trop long et sans surprises mais qui, quelque part, a le mérite d'être un peu plus intéressant que les œuvres récentes de l'artiste auquel il est consacré. Woody Allen, puisque c'est de lui dont il s'agit, est ici assez sagement décortiqué. On attendait un "Deconstructing Woody", on est déçu. Bon, c'est vrai, le gros problème, c'est qu'une grande partie de sa filmographie parle déjà pour lui, si bien que si on a déjà vu ses films, on n'apprend pas grand chose... Et puis surtout, contrairement à un Stanley Kubrick, par exemple, pour lequel chaque tournage mériterait sans doute un documentaire entier, ce qui se passe sur un film de Woody Allen est bien peu passionnant : rythme de production hyper-régulier (un film par an), genèse d'un projet à partir d'idées griffonnées sur des bouts de papier, pas de difficultés de financement, des acteurs de premier plan aux ordres et qui tueraient père et mère ne serait-ce que pour une figuration, tournage en vitesse parce qu'il faut finir tôt le soir pour pouvoir voir le match des Knicks... C'est plus métro-boulot-dodo que la traversée de l'Atlantique à la rame ! En fait, le principal intérêt du documentaire réside dans sa première partie, consacrée à la vie du Allen humoriste et artiste de stand-up, avant son entrée dans l'industrie cinématographique. Forcément, là, on connaît moins et les nombreuses images d'archives tirées de ses apparitions dans les tv-shows des années 60 valent le coup. Et puis, il y a assez d'humour et de traits d'esprit tout au long des deux heures du film pour qu'on ne passe pas complètement un mauvais moment.