Un 4/5 attribué par les allocinéens, je crois que c’est effectivement la note qui convient au film de Tommy Wirkola. Pourtant le scénario cumule les déjà-vus, entre le problème de la surpopulation, la régulation de celle-ci, et le fait d’avoir des jumeaux en personnages principaux. En effet, ce n’est pas la première fois qu’un acteur ou une actrice joue deux personnages différents à l’écran jusqu’à apparaître deux fois sur le même plan. Mais là, ce ne sont plus deux personnages mais, comme le titre l’indique, bien sept ! Et en cela, avant de se lancer à la découverte de ce long métrage, c’est bien là le seul intérêt de cette production quoique le piège du ratage intégral fût tendu. Non seulement cet écueil a su être évité, mais en plus le staff technique a réussi à dupliquer Noomi Rapace autant de fois que nécessaire. L’actrice a beau être omniprésente, le résultat est confondant de réalisme malgré les différences psychologiques des sept sœurs jumelles. Alors certes, des fois on se perd un peu à vouloir en reconnaître une alors que ça en est une autre. L’agent Adrian Knowles, campé par Marwan Kenzari, en fera d’ailleurs les frais à son insu ! On notera au passage l’ingéniosité relative aux prénoms aux sept filles de la fratrie, véritable idée lumineuse quant à l’organisation future de la maison dans un contexte situé dans un avenir relativement proche. A propos de ce contexte, je ne peux rien vous dire de plus afin de ne pas spoiler mais en y réfléchissant un peu, c’est un avenir auquel on peut malheureusement s’attendre un jour ou l’autre. L’univers décrit est donc assez sombre, en proie au chaos car il y règne une tension permanente, surtout quand on ne respecte pas les règles édictées par la classe politique. Et pour établir le contrôle, tous les moyens sont bons, des plus classiques à la haute technologie. Encore fallait-il immerger le spectateur dans la condition des sept sœurs. Le réalisateur y a réussi en sachant prendre le temps de planter le décor : présentation concise mais efficace de la situation mondiale, et focus mis sur les sept sœurs dès leur plus tendre enfance élevées par un grand-père aimant. Willem Dafoe remplit son contrat à la perfection, Le but recherché est atteint : faire éprouver au spectateur de la sympathie, voire même de l’empathie, et du même coup le rallier à leur cause. A partir de ce moment-là, on passe sur trente années par le biais d’une ellipse pour aboutir à la veille du jour où tout bascule. Et c’est avec tout l’intérêt du monde que le spectateur suivra leur combat, jusqu’à ressentir de fortes tensions, en particulier lorsque leur appartement se fait investir. On notera d’ailleurs quelques petites incohérences, ou quelques petites facilités scénaristiques, mais on mettra ça sous le coup d’une envie de vivre décuplant les forces à l’infini
(scène où un agent se fait malgré lui sauter la tête)
. J’ai décelé également une erreur lors d’un radio guidage : on dit de tourner à gauche, mais une des sept Karen Settman vire à droite. Bon j’admets avoir vu le film en version française, alors je préfère attribuer cette erreur à une faute de doublage. Pas de quoi cependant gâcher le plaisir du spectateur, ça reste tout à fait anecdotique. Le tout fonctionne (bien, très bien même) malgré une certaine prévisibilité dans le déroulement de l’histoire, du moins dans ses grandes lignes car le rebondissement final reste tout de même surprenant car impossible à prévoir. Encore que certains la trouveront illogique si on tient compte de l’éducation reçue, d’autres tout à fait plausible si on retient le fait qu’il y a des choses qu’on ne voudrait pas revivre ou faire revivre
, à savoir le manque de liberté
. Tout est une question de point de vue en fait. Un très bon film donc, d’autant qu’il met en garde sur ce que l’avenir nous réserve, avec en prime la pose des problèmes d’éthique. Un film de science-fiction pas si fictionnel que ça en fin de compte, la surpopulation étant un problème de plus en plus grandissant, et la mesure de l’enfant unique ayant déjà été prise en Chine.