Sincèrement, cette note me fait presque mal au cœur. Car ce film, il avait tout pour être grand. Un bon sujet, un scénario a priori séduisant, une réflexion sur la surpopulation, un message politique à délivrer... Malheureusement, sur grand écran, on ne peut que deviner la réussite qu'aurait dû être « Seven Sisters ». Ce qui ne veut pas dire que tout est à jeter : le rythme est plaisant, il y a une noirceur inhabituelle dans ce genre de productions et le « Noomi Rapace show » façon « Orphan Black » est sympa à regarder, l'actrice dégageant comme souvent une sensualité, voire une sexualité qui sied bien au ton d'ensemble. À ce titre, je tiens vraiment à saluer l'audace des scénaristes,
faisant disparaître pas moins de cinq sœurs, sans nul doute les plus forts moments de l'œuvre, d'autant que Tommy Wirkola filme leur mort avec une sécheresse, une brutalité faisant assez froid dans le dos
. Et puis il y a... le reste. Je regarde partout et ne vois que des failles. Dans sa dimension politique, difficile de ne pas voir les trous béants concernant les propos du gouvernement, et que la population entière n'y voit que du feu paraît juste invraisemblable (et bonjour la discrétion dès lors qu'il faut supprimer les opposants ou simplement des personnes qui n'auraient pas dû se trouver là). Pour ce qui est de l'intrigue générale, beaucoup d'incohérences dans le parcours des héroïnes pour parvenir à la vérité, auxquelles s'ajoutent une musique un peu pompière et de nombreuses scènes d'action filmées de manière trop saccadée. Dernier problème : sept sœurs, c'était sans doute trop pour les développer de manière satisfaisante, chacune d'entre elle se limitant presque à un stéréotype (la geekette, la rebelle, la coincée...), enlevant une part du potentiel dramatique et émotionnel de l'œuvre. Et une fois encore : dommage, quoi ! Quand je vois le nombre de questions, d'interrogations, de dilemmes que soulèvent de près ou de loin le film (ne serait-ce que dans son dénouement!), c'est méchamment frustrant de se limiter à un « agréable divertissement », doté de quelques moments sympas (l'organisation du planning des sœurs durant leur enfance pour ne pas être repérées, l'univers visuel très « série B » rendant toutefois bien la dimension très grise et désespérée de la ville), mais qui ne sera nullement la grande œuvre de science-fiction qu'elle pouvait rêver d'être initialement.