Les Voies du destin : les secrets du tournage

Le film est inspiré de la véritable vie d’Eric Lomax, officier de l’armée anglaise qui pendant la Seconde Guerre mondiale, fut capturé par les Japonais en 1942, lors de la campagne de Singapour. Il fut alors forcé de travailler sur la construction d’un chemin de fer entre la Thaïlande (nommée Siam à l'époque) et la Birmanie. En 1995, il publie "The Railway Man", un roman autobiographique dans lequel il relate son expérience. L'équipe du film rencontre Eric Lomax pour la première fois, en 1997, soit deux ans seulement après la sortie du livre en librairie.

Rachel Weisz était initialement pressentie pour jouer le rôle de Patti Lomax. Finalement, pour des conflits d’emplois du temps entre les tournages de Jason Bourne: L'héritage (2012) et du Monde fantastique d'Oz (2013), c’est finalement Nicole Kidman, suggérée par Colin Firth, qui incarne l'infirmière dont tombe amoureux le lieutenant Eric Lomax.

Le tournage des Voies du destin a débuté en avril 2012 à Edimbourg, la ville natale d'Eric Lomax, et dans une maison de bord de mer à North Berwick en Ecosse, à Ipswich en Angleterre, dans la jungle thaïlandaise ainsi que sur la Gold Coast du Queensland en Australie. Quelques scènes ont même été tournées sur la vraie voie ferrée de l'époque reliant sur 415km la ville de Bangkok en Thaïlande à Rangoon en Birmanie.

Le réalisateur Jonathan Teplitzky n'a pas souhaité lire le livre d'Eric Lomax, qu'il a ouvert seulement deux mois avant le tournage du film, pour la simple et bonne raison qu'il voulait laisser la parole à Eric et Patti Lomax, dont le film relate la rencontre. En effet, tous deux se sont entretenus avec le réalisateur et ont nourri le scénario avec leurs souvenirs.

L'adaptation cinématographique du roman autobiographique d'Eric Lomax est un projet qui ne date pas d'hier. En effet, au cours des quinze dernières années, Sean Connery, Geoffrey Rush ou encore Ian McKellen auraient été impliqués dans le projet. Pour le rôle de Patti, l'actrice britannique Helen Mirren aurait également été suggérée.

Décédé le 8 octobre 2012, Patti Lomax n'aura pas vu le film inspiré de son histoire achevé. En effet, Les Voies du destin était alors dans sa phase de montage : "Pour quelles raisons aurait-il eu envie de revivre cela en dolby stéréo et en technicolor ? Qu’aurions-nous pu lui apprendre qu’il ne savait déjà ? Sa plus belle victoire est d’avoir réussi à se libérer des démons qui le hantaient et d’être mort en homme heureux, aimant et aimé, sa passion pour les gâteaux et les locomotives intacte", confie le scénariste Frank Cottrell Boyce.

Nicole Kidman et Colin Firth avaient déjà collaboré séparément avec l'acteur suédois Stellan Skarsgård, qui incarne ici le personnage énigmatique de Finlay. En effet, la première partageait l'affiche avec lui en 2003 de Dogville de Lars von Trier, le second à l'occasion de Mamma Mia ! en 2008.

Pour les besoins du long-métrage et pour prendre davantage corps avec le personnage d'Eric Lomax et ce qu'il a vécu, Colin Firth est allé à la rencontre d'un ancien ouvrier qui avait travaillé à l'époque sur la voie ferré dite "voie ferré de la mort" : "Il s’agissait du candidat du Parti travailliste local pour les législatives. J’ai souvent entendu dire que c’était quelque chose qui faisait partie de lui et qu’il avait réussi à faire la paix avec cette période de sa vie. Jouer ce rôle était une évidence."

Si la plupart des acteurs n'ont pas souhaité consulter le roman autobiographique écrit par Eric Lomax, l'acteur britannique Jeremy Irvine - qui joue le personnage d'Eric jeune à l'écran - avait quant à lui déjà lu le livre, avant même de recevoir le scénario des Voies du destin. L'acteur se serait même rendu à sa première audition accompagné d'une cinquantaine de pages annotées.

Au cours du tournage, l'équipe du film s'est rendue en Thaïlande, là où en 1942, Eric Lomax avait été fait prisonnier par les Japonais et mis à contribution pour travailler de force à la construction de la voie ferré. 70 ans plus tard, ils ont marché sur les traces des dizaines de milliers d'hommes qui ont participé à ce chantier, devenu aujourd'hui une ligne principalement utilisée par les touristes. L'acteur Jeremy Irvine explique comment, avec le consultant militaire du film, Rod Beattie, et l'acteur Sam Reid, ils en sont venus à déblayer une partie du chemin de fer, aujourd'hui englouti par la jungle : "Nous l’avons aidé à en défricher une partie avec les mêmes outils que les prisonniers de guerre de l’époque. Il faisait 40°C, l’air était saturé d’humidité et au bout d’une heure et demie environ, j’étais épuisé. On était trempés de sueur dès qu’on sortait de la voiture alors que nous n’avions même pas tout notre matériel avec nous. Imaginer devoir faire ça 16 heures par jour avec très peu de nourriture et d’eau m’a vraiment bouleversé ; j’ai alors pris conscience de la souffrance que ces hommes avaient dû endurer."