Film qui m'a beaucoup déçu. Pleins d'évènements, de scènes, ne sont pas claires, sans raison.
Attention, détails généraux et d'ambiance spoilés
Son valet se fait bouffer par des chiens d'attaque mais il s'en sort, mais on ne voit ni ses blessures ni son retour à la propriété donc on croit qu'il a canné jusqu'au moment où il réapparait par enchantement.
L'attaque d'une caravane dans les montagnes : qui ? quoi ? Comment son fidèle second ancien soldat se fait-il tuer par de simple paysans ?!
Pourquoi, dans la scène précédente, le méchant baron échange t-il ses vêtements avec un valet ? Quel est cet édifice où il semble avoir trouvé refuge ?
Pourquoi l'incendier en surface seulement ? Pourquoi nous infliger une séance d'imprégnation des têtes de flèches aussi longue alors qu'ils n'incendient pas tout l'édifice et s'en vont (je crois) sans chopper le baron ?
Pourquoi la mère abbesse (?) est-elle si amorphe tandis que le feu prend sous ses yeux ?
Où dorment ces rebelles ? Que mangent-ils ? Qui les renseigne ? Qui combattent-ils à part des "Seigneurs" (méchants on suppose) devant lesquels même des hommes comme Kohlhass doivent incliner la tête ?
Tout cela, on ne l'apprend jamais. On se croit dans un film onirique. Surjoué, peuplé de scènes solitaires et austères mal éclairées et sans lien direct entre elles. La musique (?) ne soutient rien. Ni les chevaux ni les paysages magnifiques ne sont mis en valeur.
Les personnages sont des ombres :
- La gamine n'apporte rien au scénario, selon moi (à part interrompre le coïtus des parents et faire comprendre que la maman exige que sa fille soit honnête -et chiante comme son père-)
- On est dans un élevage de chevaux mais on ne voit jamais de plan large, on ne sait pas d'où sortent ses employés quand il les enrôle pour partir se venger. D'ailleurs ces employés sont sans émotion.
- La mère se fait tuer mais on ne sait pas quand, comment, où, sauf un peu à la fin. On devine qu'elle revient dans un chariot, conduit par qui ?
- Un de ses valets ne rend pas les armes (on ne saura pas lequel) et il ne le sait même pas alors qu'il tient une liste et qu'il est sensé avoir des réseaux qui le renseignent (ben oui, pour mener une révolte, il faut avoir des yeux et des oreilles partout).
- Il fait tuer un de ses fidèles serviteurs au cours d'une parodie de justice dans un silence sépulcral où personne ne moufte même pas le gars qu'on trucide ni son frère jumeau (dont j'apprends en lisant le casting qu'il était son "frère jumeau", ce qui m'a surpris car ce n'était ni flagrant ni important pour l'histoire).
- Personne n'a de nom dans ce film à part quelques titres comme "le baron", "la princesse" et le héros du film (et sa fille).
Les dialogues : «- Et mes fesses, tu les aimes , mes fesses ? [Musique en arrière-plan, Brigitte Bardot, Et Dieu créa la femme] - Oui, je les aime. - Et mes seins, tu les aimes mes seins ? - Oui, je les aime. - Et mes cheveux, tu les aimes mes cheveux ? - Oui, je les aime. - Et mes .. etc .» Bon, transposez le principe de ce dialogue "nouvelle vague" à deux balles (ciné français, quoi) dans une histoire de vengeance dans les Cévennes au moyen-âge et vous avez une idée de la qualité des dialogues du film. Mais sans musique ni brigitte.
Les dialogues : sont difficiles à comprendre (chuchotés ou avec accent). En plus, ils ne servent à rien, même pas à faire avancer l'histoire. (on nous raconte que "le voisin est prêt à racheter ses terres" et on nous le redit "dix" fois dans le film mais en définitive ce détail n'a strictement aucune importance pour l'histoire).
La réalisation & mise en scène : l'attaque du châtelet du baron est un désastre : on ne sait pas qui tire sur qui, ils se ressemblent tous, on monte des escaliers, on croise des gens on ne sait pas qui c'est, certains sont tués, d'autres pas, sans parler de l'obscurité (forêt, escaliers,..). Tout est suggéré, quoi. Tout le temps. Mais mal suggéré. On ne sait jamais vraiment où ça se passe.
Les acteurs : Mikkelsen n'est pas mauvais mais ne casse pas des briques. Zéro scène de combat. La psychologie de ses valets est plus intéressante que lui (sont-ils heureux de se venger, le font-ils par devoir, ont-ils même remarqué que la maîtresse de maison était morte ?) Le prêtre croisé dans la forêt incarne bien son personnage de guide proposant une autre voie ; il est profond et me fait penser à Torreton avant qu'il se lance en politique... Bruno Ganz fait son travail mais est sous-employé. La princesse est intéressante mais pas assez de profondeur ; on ne sait pas vraiment si la rupture de l'amnistie est une fourberie de sa part ou est justifiée. La fillette fait la tronche tout le temps. Le méchant baron a l'air d'un débile et ne prononce pas un mot important ; sa petite bande a la couleur du sol et on a du mal à les en différencier (d'ailleurs ils se font trucider dans l'anonymat, déchets évacués derrière quelques couinements malgré leur rôle important joué auparavant). Le confident-confiance-ami-valet qui se charge de sa fille et qu'on voit tout le temps, on ne sait pas qui c'est.
En fait, je crois que c'était un film où le spectateur devait comprendre tout seul l'histoire voire l'inventer (même pas sûr qu'il y avait une histoire). En terme d'ineptie des dialogues, ce film ressemble beaucoup au "Guerrier silencieux" fichefilm_gen_cfilm= , c'est dire, avec le même Mads Mikkelsen. On a envie de lui coller des baffes, d'en coller à sa fille, sa femme, ses serviteurs, le baron. "Boite à baffes", voilà le vrai titre du film. Je ne peux que lui souhaiter de bien mûrir et peut-être que j'aurais un flash dans 20 ans.
La critique est dure, à la hauteur de ma déception !