Michael Kohlhaas : j’ai beau savoir que, statistiquement, il y a peu de chances qu’un bon film sorte la semaine du 15 août, je n’ai pas résisté, j’y suis allée. Eh bien… ça dure deux heures et on les sent passer, à tel point qu’à un moment, j’avais envie que tout le monde crève, là, tout de suite, et qu’on en finisse, ENFIN !
Dieu que c’était mauvais… Voilà un film où, à l’époque de François 1er, les personnages sont satinés de crasse façon terracotta de Guerlain, où les robes se vendent en prêt-à-porter (au cas où l’on voudrait faire une surprise à sa femme), où la lumière dans l’obscurité tombe toujours pile poil en un rai dramatique sur le blanc des yeux très profonds des acteurs (et ce, où qu’ils soient, dans une porcherie, une chambre, au beau milieu de la forêt… les acteurs sont toujours idéalement placés), où l’on peut croiser Luther himself dans les bois, comme ça (de surcroît dans une région traditionnellement calviniste, c’est très fort !), où l’on constate à sa grande surprise que la peine de décollation (à l’épée, c’est plusss bô et théâtral) s’applique également aux roturiers, où la reine de Navarre parle comme une Parisienne (qu’on a envie de gifler), et j’en passe… Alors oui, Mikkelsen a toujours un regard aussi intense, ses chemises de paysan tombent décidément pile poil en plis élégants sur son dos magnifique d’ancien danseur, il est entouré de quelques acteurs également excellents (Denis Lavant, Bruno Ganz) mais on ne comprend malgré tout pas bien ce qu’il vient faire là, à vendre des chevaux en Navarre, avec ses difficultés d’élocution et son accent danois à couper au couteau… On ne sait pas bien non plus ce qui le pousse réellement à l’action (une petite armée pour récupérer deux chevaux que le baron local lui a volés ?), ni pourquoi tous ces plans traînent en longueur tandis que les péripéties les plus importantes sont systématiquement escamotées au profit de scènes insignifiantes (ou qui tombent comme un cheveu sur la soupe, comme la scène de sexe inutile et idiote du début), lesquelles n’apportent rien à l’histoire ni n’inspirent rien au-delà, à croire qu’on se trouve placé là face à une série d’exercices de style boursoufflé. On ne comprend pas non plus pourquoi on nous impose de passer autant de temps à contempler les cimes des pins qui défilent quand les personnages voyagent en charrette (une sorte d’évocation mystique à la Terrence Malick dans Le Nouveau Monde ?), pourquoi les gens se mettent soudain à parler comme au théâtre au milieu de nulle part, pourquoi on multiplie les gros plans de regards scrutant l’horizon ou un voisin sans que rien ne finisse jamais par se passer, ni donc pourquoi il y a autant de calme mais jamais de tempête… etc. etc. etc.
Bref, ce film est chiant comme la mort, prétentieux et surfait, et je vais de ce pas chercher le classique allemand dont il s’inspire et dont, malheureusement, Arnaud des Pallières a fait un fatras pénible et sans intérêt.