J’avoue que, me concernant, il n’est pas très évident d’écrire sur ces "Brasiers de la colère", tant au final j’ai pour lui des sentiments mitigés. Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai l’impression que les raisons qui expliquent que je ne m’y suis pas trop ennuyé sont les mêmes qui expliquent que je ne m’en suis pas trop imprégné non plus. Bah oui, c’est que Scott Cooper ne va pas chercher bien loin au fond : il nous fait le coup du cinéma bien naturaliste avec ces bons vieux stéréotypes sans rien apporter de bien neuf. Alors oui, c’est vrai, c’est beau ce joli paysage de Rustbelt bien dans la déche, mais qu’est-ce que c’est lourd comme peinture ! Dans l’ordre on empile les dettes de jeu ; les problèmes de famille ; l’alcoolisme ; la prison ; le chômage ; les gangs ; la drogue ; la fatalité... Heureusement que la réalisation ne sombre pas dans le misérabilisme, parce que le déroulement presque didactique de l’intrigue donne déjà un aspect trop artificiel pour que ça ne me gène pas. Et, me concernant, c’est le même problème avec les personnages. Leurs traits de caractère, leurs motivations et leurs lignes de dialogues sont pas mal simplistes et parfois vraiment caricaturales. Là encore, de voir des personnages aussi tranchés, sans ambiguïté morale et sans réelle originalité dans les questionnements, ça me les a totalement désincarné. Alors après, bon revers de la médaille, cela permet aussi à des acteurs de premier choix de se faire plaisir en cabotinant sans trop se prendre la tête. C’est aussi à ça qu’on reconnait les vrais bonhommes : Christian Bale se révèle bien basique finalement et pas très intéressant dans ce film, tandis que Casey Affleck a vraisemblablement découvert son pouvoir d’invisibilité... Par contre, de l’autre côté de la barre, William Dafoe s’en sort avec les honneurs et SURTOUT Woody Harrelson a su imposer ici sa gueule comme rarement on peut le faire dans un film. Il a beau lui aussi être un stéréotype sur pattes (notamment dans cette scène d'intro qui dans un premier ne m'avait pas trop rassuré sur la profondeur du film) et pourtant, la prestation remarquable de l'ami Woody m'a donné envie de voir jusqu'où il pouvait aller avec son personnage. Sans lui, peut-être n’aurais-je vu que ce qui me déplaisait sans le film sans faire preuve de véritable ouverture d'esprit sur ce que Cooper faisait de pas trop mal à mon goût. Or, c'est justement l'inverse qui en fin de compte s'est produit. En fin de compte, je me dis que l’univers de ce film et les autres personnages ne sont pas si mauvais que ça et on suffisamment d’épaisseur pour AU MOINS rendre cette opposition à l’ami Woody captivante. D’ailleurs, je trouve que sur la fin, Cooper se risque un peu plus, notamment dans quelques effets assez audacieux et beau plastiquement (on sent l’inspiration du « Old Man » des Coen qui n’est pas loin), ce qui a contribué à me faire sortir de la salle pas mécontent à défaut d’être ravi. Certes, c’est pas grand-chose, mais après tout, de nos jours au cinéma, c’est toujours mieux que rien...