Le film est sous-titré : Les histoires n'existent que si l'on s'en souvient. C'est le premier film de fiction, après un documentaire, de cette cinéaste, diplômée des Beaux-Arts et fille de réalisatrice, très connue dans son pays, au moins dans son immeuble. Une voie de chemin de fer désaffectée, un cimetière qui n'accueille plus les morts, une boutique que personne ne fréquente et dont les deux responsables se querellent tous les jours, la messe quotidienne, un repas partagé par toute la communauté de ce qui n'est plus qu'un village fantôme. Le temps semble figé, les habitants ne meurent plus. Une jeune fille, touriste/photographe va faire bouger ce monde endormi. Julia Murat filme la mémoire et les souvenirs à travers des gros plans sublimes et des images éclairées à la bougie et à la lampe à pétrole. Des photos en noir et blanc, extraordinaires, se mêlent avec une grâce infinie au lent mouvement des êtres, comme sclérosés dans leurs habitudes. Le rythme est doux, répétitif, mais peu à peu une magie poétique opère, d'une émotion qui transporte jusqu'aux larmes. On en saura pas beaucoup sur les personnages, quelques bribes, seulement, comme celui de cette vieille femme qui écrit tous les soirs une lettre d'amour à son mari défunt. Peut-être que le film n'est qu'un rêve, celui de la jeune photographe, dans ce récit qui évoque Borges et Garcia Marquez.