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stanley
66 abonnés
756 critiques
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3,5
Publiée le 12 décembre 2012
Vu à la télévision hier soir sur Planète +. Ce qui séduit dans Le voyage de Monsieur Crulic, c'est surtout l'inventivité de sa forme narrative et des différentes techniques employées dans ce film d'animation. Le ton de ce film très court est celui de l'humour noir, très triste, limite masochiste, accentué par la voix off à l'accent des Carpathes mais dont le contenu est souvent drôle. Le prologue met le cinéphile en face d'une terrifiante et kafkaïenne histoire, pourtant récente (2008). La très bonne idée retenue est celle de faire raconter les évènements spoiler: par un mort (dispositif magnifié dans le superbe Sunset Boulevard) avec ce ton de l'ironie qui s'adresse (trop ?) au spectateur. Arica Damian choisit judicieusement de laisser le cadavre du jeune homme hors champ. La vie du pauvre homme, son enfance sans mère, ses petits jobs en Roumanie, son aventure et rencontres en Pologne constituent les meilleurs moments d'un film alors très maîtrisé, bousculant la narration habituelle des films d'animation. Par la suite, le film baisse un peu de régime et se ralentit jusqu'à un épillogue un peu pénible. La qualité des dessins est stupéfiante et les travellings, osés (voir celui dans les prisons, magnifique, on dirait du relief) sont stupéfiants. Rares sont les films qui font se rencontrer animation et documentaire. Le film mêle humour, émotion et poésie. Si Le voyage de Monsieur Crulic n'atteint pas le niveau du chef d'oeuvre qu'était Valse avec Bachir (plus axé sur des éléments psychanalytiques) mais qui comme lui fait interpénétrer réalité documentaire et fiction, le résulat est parfois palpitant.
Ce film d’animation, qui s’inspire d’un fait divers authentique, nous relate le parcours et les raisons qui ont conduits un homme à se laisser mourir en prison. Si l’originalité de la mise en image de ce récit douloureux se révèle être particulièrement inventive et multiple, il serait toutefois mensonger d’affirmer que l’intérêt que l’on porte à cette sinistre histoire soit permanent malgré seulement 72 minutes de film. Rappelons aussi que le mois de novembre ne compte que trente jours.
"Le Voyage de Monsieur Crulic" et son destin tragique suscitent forcément et fortement l'empathie. Citoyen roumain injustement emprisonné en Pologne où il réside, il entame une grève de la fin qui connaîtra une issue fatale. Si on a laissé mourir Claudiu Crulic et s'il s'est lui-même laissé mourir, ce n'est pas pour des raisons politiques (comme les prisonniers de l'IRA au début des années 80, par exemple) mais par négligence ou par incompétence. Ou alors à cause de lourdeurs administratives, lourdeurs qui s'épanouissent très bien dans n'importe quel environnement mais qui trouvent semble-t-il un terreau assez favorable dans des sociétés marquées récemment encore par un demi-siècle de régime essentiellement bureaucratique, comme peuvent l'être la Pologne ou la Roumanie. A moins encore que ça ne soit un drame de l'isolement, ce qui peut sembler paradoxal vu la vie de Crulic telle qu'elle nous est contée : trimballé de famille en famille pendant son enfance (parents séparés, oncles et tantes...), collectionnant visiblement les petites amies, sociable... bien que solitaire de tempérament, le bonhomme a toujours semblé entouré mais pourtant, personne ne s'est soucié de lui pendant son agonie ! Cette mésaventure kafkaïenne a donc tout pour séduire d'autant qu'elle est servie sur la forme par une animation superbe à partir de techniques variées et inventives. On aime aussi le ton du commentaire, teinté d'ironie et de fatalisme. Malheureusement, malgré toutes ces qualités, on n'arrive jamais à vraiment rentrer dans le film. La voix-off a beau nous interpeller à de multiples reprises, on ne se sent jamais vraiment concerné. Et puis la dernière partie du film, en décalage avec tout le reste -ce qui en même temps n'est pas complètement illogique vu la tournure des évènements-, est assez empesée et nous laisse finalement repartir sur une impression mitigée. Dommage.
Fin 2007, un Roumain est arrêté en Pologne pour un vol qu'il n'a pas commis.Lla direction de la prison, les services médicaux et son consulat resteront sourds à ses protestations. Il entame une grève de la faim et se laisse mourir. Le scandale a entraîné la démission du ministre roumain des affaires étrangères - même si le ministre polonais de la justice était autant sinon plus responsable.
La réalisatrice Anca Damian raconte ce fait divers avec une ironie douce qui parvient à éviter à la fois le pathos larmoyant et la vindicte revancharde. Surtout elle opte pour une forme d'une incroyable inventivité : un documentaire d'animation qui, comme "Valse avec Bachir" ou "Couleur de peau : miel", mélange les images réelles et animées, la couleur et le noir et blanc, le crayon et l'aquarelle .... Elle raconte ainsi par la voix off du défunt la vie d'un pauvre hère, balloté de familles d'accueil en petits boulots, citoyen de seconde zone d'une Union européenne où les droits de la personne peinent à être partout aussi bien respectées qu'ils devraient l'être.
Alors que son scénario semble tenir plus du documentaire tel qu'on en retrouve sur Arte en seconde partie de soirée, ce film d'animation surprend par son ton et par sa construction. Si l'issue de Crulic n'en reste pas moins tragique, le ton employé par la narration entre humour noir et ironie nous donne envie de nous attacher au personnage. Côté réalisation, la découpe en scénettes utilisant chacune des techniques d'animation très variées rend le film "beau" (à sa façon) et techniquement très intéressant. Un Festival d’animation à lui tout seul...
Dur et exigeant, LE VOYAGE DE MONSIEUR CRULIC n'est assurément pas à mettre devant tous les yeux de spectateurs. Si pour vous l'animation se résume aux films "grand public" passez votre chemin. Le cas échéant, si un peu de réflexion et l'envie d'une expérience originale vous tente, ce film vous attend. En prime, vous pourrez vous prévaloir d'avoir vu le Cristal du Festival international du film d'animation d'Annecy 2012!
Un sujet lourd et profond en quelque sorte inhabituel pour un dessin animé. Une grande originalité dans le dessin, le traitement et le schéma narratif. Finalement un thème touchant mis en beauté par le travail artistique qui fait que l’on reste bouche bée à chaque instant.