Aya de Yopougon est, à l'origine, une BD en 6 volumes traduite dans 15 langues et adaptée par ses créateurs : l'auteur Marguerite Abouet et le dessinateur Clément Oubrerie.
Clément Oubrerie, Joann Sfar et Antoine Delesvaux, producteurs délégués de Aya de Yopougon, ont également produit le film Le Chat du Rabbin en 2011. A noter que Marguerite Abouet est l'une des voix dans le film.
C'est le surnom de Yopougon, la plus grande des 13 communes du district d'Abidjan, capitale économique ivoirienne où est née Marguerite Abouet et où l'action de Aya de Yopougon se déroule.
Cette maison de production, spécialisée dans les films d'animation, a été fondée par Clément Oubrerie, Joann Sfar et Antoine Delesvaux. Elle se cache également derrière Le Chat du Rabbin.
Passer d'une BD à un film n'est pas chose facile. Il y a plusieurs enjeux et paramètres à prendre en compte. L'un des points principaux est la musicalité. En Afrique, les mots sont prononcés de manière spécifique de même que la gestuelle y est différente qu'en Europe. Il a fallu éviter les stéréotypes. Clément Oubrerie explique : "Marguerite a non seulement assuré la direction d’acteurs, mais elle a aussi mimé et joué les personnages qu’on a filmés et qui ont ensuite servi de références pour les animateurs". Par ailleurs, le rythme est essentiel et a donné une véritable musicalité au film. Les dialogues accompagnent des dessins davantage complexifiés que dans la BD. Enfin, les couleurs du film sont issues de la BD bien que plus atténuées.
Aya de Yopougon comprend de vrais spots publicitaires qui, selon Clément Oubrerie, influent sur le long métrage car le spectateur ne peut s'empêcher d'avoir ces images en tête : "Elles coïncident avec l’arrivée de la télé à Yopougon (l'action se déroule en 1978) et elles donnent un côté drôle et décalé à l’histoire. Dès le départ, on se demande où on débarque car le film démarre sur une publicité. C’était aussi un clin d’oeil à une époque où on avait plus de liberté qu’aujourd’hui", explique Marguerite Abouet.
Yopougon, la ville, est un personnage à part entière du film. La réalisatrice Marguerite Abouet confie : "J’aime me définir comme appartenant à un groupe, mais aussi à une communauté cosmopolite. Car j’estime que c’est à moi de me faire accepter dans l’endroit où je vis. Et Yopougon, c’était ça – un lieu où vivaient des Sénégalais, des Ivoiriens, des Camerounais, des Burkinabés etc., et où chacun trouvait sa place. Le héros de ce film, c’est avant tout ce quartier qui me fait penser à Paris, où se côtoient des populations de toutes origines et de toutes classes sociales. Du coup, je ne pouvais pas concevoir ce film avec des voix ivoiriennes uniquement."
En Afrique, la BD n'a pas eu de succès. Cela s'explique par le fait qu'elle ne fait que raconter le quotidien de ses personnages. Il n'y a donc pas d'effet de surprise. Pour autant, la communauté africaine en France connaît très bien la BD. Marguerite Abouet explique : "Certains de mes lecteurs, très déçus que la BD s’arrête, vont même jusqu’à me donner des sujets sur lesquels plancher ! Du coup, ils me confient des anecdotes et des histoires personnelles qui leurs sont arrivées."