Le Jour de la grenouille semble être un titre énigmatique, sans rapport apparent avec cette histoire d'amour et d'archéologie. Mais pour la réalisatrice, il signifie beaucoup de choses : "C’est une histoire de métamorphose (...). Anna et Peter sont en apesanteur dans leurs mondes solitaires, comme ces têtards qui les fascinent", explique-t-elle.
Dès le début du projet, la cinéaste voulait raconter une histoire d'amour s'inscrivant dans un cadre bien précis : "L’archéologie, c’est l’étude des restes du passé. C’est comprendre comment les choses se sont passées, comment la vie s’est déroulée", explique Beatrice Pollet. Ce choix de profession n'est pas gratuit, puisqu'il a inspiré la nature même des personnages : "Anna décortique toujours tout, chaque événement de sa vie. Sa profession d’archéologue y est pour quelque chose."
Pour raconter son histoire, Beatrice Pollet s'est inspirée d'une nouvelle datant de 1903 : "J’ai lu "La Gradiva" de Wilhelm Jensen. Il y a dans ce texte l’idée d’un lien qui vient de loin fabriqué bien en amont, dans le passé (...). Il y a aussi l’archéologie dans cette nouvelle, le site de Pompéi", explique-t-elle. Ce texte a également été une source d'inspiration pour de nombreuses autres personnes célèbres, telles que Freud ou André Breton.
Beatrice Pollet a fait le choix de mener la narration du film d'une manière singulière et personnelle : "Fragmentation et continuité, j’ai tenté d’utiliser ces deux extrêmes pour créer un rythme et une correspondance avec les sensations d’Anna, avec les fragments de souvenirs et d’émotions qui l’habitent", explique-t-elle. Selon la réalisatrice, ce choix de narration ne doit pas déranger le spectateur, mais le stimuler : "Je n’ai pas envisagé ce film comme un objet intellectuel mais comme un objet de plaisir, avec des rythmes différents."
En plus de l'archéologie, la réalisatrice explore différents univers dans Le Jour de la grenouille, comme celui de la musique tzigane : "(...) ils nous amènent ailleurs, dans un monde à la fois très présent, vivant, et toujours empreint d’une certaine nostalgie", décrit la cinéaste, qui s'est également tournée vers le monde de la magie : "(...) elle s’adresse à l’enfant qui est en nous, elle rouvre les portes de la découverte, du songe."
Pour des raisons économiques, Le Jour de la grenouille a été tourné avec un Canon 7D. De plus en plus de cinéastes font le choix de cet appareil photo (ou d'un autre de la gamme Canon) qui offre une qualité d'image proche de celle de la pellicule cinéma. On peut citer comme exemples des films comme Tomboy de Céline Sciamma ou Rubber de Quentin Dupieux, qui fut l'un des premiers films tournés entièrement avec un Canon 5D.
Le Jour de la grenouille a été nominé dans plusieurs catégories au Festival international du film de la Roche-sur-Yon. Il y a remporté le Prix du public. Le film a aussi été nominé au Festival du film romantique de Cabourg pour le "Prix premiers rendez-vous" qui récompense la meilleure interprétation d'un rôle.
Après deux courts métrages : Le Singe (1992) et Qui sommes-nous ? (2006), Beatrice Pollet réalise avec Le Jour de la grenouille son premier long métrage. Avant cela, elle avait été scripte sur une quarantaine de films, dont trois réalisés par Philippe Lioret : Welcome (2009), Je vais bien, ne t'en fais pas (2006) et Mademoiselle (2000).