Il est 20h, le journal de France 2 va commencer...
Après quelques reportages assez banals comme on en voit tout les jours, le chômage, les racailles en col blanc qui trafiquent des millions et les résultats sportifs, un document.
Ce document, ce sont des journalistes qui on suivi des jeunes d'une cité d'Aubervilliers, voler, en toute impunité et devant la police et la caméra des reporters, une motocross, la portant depuis le bas de l'immeuble où elle était attachée, jusque dans la cage d'escalier.
Les jeunes sont ensuite filmés visage floutés pour raconter qu'ils sont des vrais gangsters et n'ont peur de personne...
Des vrais gangsters? Qui volent une moto en bas de LEUR cité pour la rentrer dans l'un de LEUR immeuble?
Les habitants sont écœurés. Qui à bien pu vouloir tant salir l'image de la cité, des jeunes et de la ville d'Aubervilliers?
Nous sommes en Janvier 2004, et depuis ce jour, personne n'a jamais eu le droit de réponse à ce reportage bidon...
Jusqu’à aujourd'hui...
Aujourd'hui, dans la rubrique "j'ai testé pour vous", j'ai testé pour vous: Rue des cités!
Je me souviens j'étais là... J'y ai grandi dans cette cité... Et je ne suis pas si naïf... Dans ce document de France 2, rien n'avait l'air logique. Rien ne ressemblait à la cité où j'ai vécu.
Et quand les habitants ont compris comment les documents de France 2 étaient fabriqués pour véhiculer la peur dans les ménages, c'est peu dire que depuis ce jour les infos ont perdu leur crédibilité.
Un reportage bidonné, scénarisé de toute pièce et payé 200€ à chacun de nos acteurs d'un jour qui ont agi sans réfléchir...
C'est à partir de cette affaire que Hakim Zouhani et Carine May ont eu l'idée de répondre au "film" de France 2 par un film, le leur.
"Rue des cités" est un film au genre bien particulier comme il en existe très peu. En fait, de genre, il n'en a pas. Ce n'est ni une histoire, ni un documentaire, ni un reportage, ni une pièce de théâtre mais disons, tout ça à la fois.
Le film survole la vie d'Adilse, 20ans, jeune d'Aubervilliers qui tente simplement de vivre en paix en compagnie de son ami Mimid, rigolo et beau gosse autoproclamé.
Adilse à un cousin, qui serait l'une des "victimes" du fameux document de France 2 et vit avec sa sœur et son grand père qui ce jour là a disparu.
L'aventure d'Adilse et son pote est ponctuée d’anecdotes, d'histoires, de poèmes, racontés par des vrais gens de la vraie vie avec leur vrai cœur, sur leur avenir, leurs craintes, leurs souvenirs, leur ville.
Ce long métrage change radicalement la vision des films de banlieue qui sont souvent basés sur les mêmes sujets (violence, drogue et tout ce qui empêche les gens d'être finalement heureux).
Il empreinte les codes utilisés pour le célèbre "La Haine", tourné en noir et blanc avec des plans savamment choisi et une ambiance calme. Mais cela s’arrête là.
Le film est beau, on pourrait faire un arrêt sur image sur chaque scène pour en garder un cliché.
"Peut-être pour rendre la vue des bâtiments moins pénible, le noir et blanc lui confère une poésie que nulle couleur n’aurait su lui donner." (Le Figaro, en bonus)
Justement parlons-en du cliché. Enfin dans un film fait en banlieue, par des gens de banlieue, la musique passe outre de balancer du hip-hop à tout va!
Les personnages font passer des émotions comme rarement ressentis en tant que spectateur et les dialogues collent tellement à la réalité que l'immersion est totale. Ils sont parfois brutes, comme l'est parfois la vie en banlieue, ils sont souvent touchants, comme le sont souvent les gens en banlieue et ils sont toujours drôle, comme l'humour d’auto-dérision qu'ont les gens ici.
Les anecdotes tournées avec les albertivillariens (les habitants d'Aubervilliers) permettent de se rendre compte de ce qu'est "Auber" vu de l’intérieur. C'est beau, touchant, drôle et toujours poétique comme l'est cette œuvre.
Mention spéciale pour le slameur Hocine Ben, originaire d'Aubervilliers qui à écrit pour l'occasion le slam "Au bercail", ou comment avoir des frissons simplement avec une chanson...
En tout cas, chers lecteurs, je vous conseille vivement d'aller voir "Rue des cités". Il ne passe pas dans tous les cinémas mais faites le déplacement car je suis sûr que vous ne le regretterez pas.
Que vous soyez de banlieue ou non, vous vous reconnaitrez dans la vie de ces héros de tous les jours et vous savez pourquoi?
Parce que d'où que vous soyez sur Terre, les émotions humaines resterons toujours les mêmes!
Finalement, j'ai eu la chance de rencontrer les stars du film et de poser une simple question:
Quand est-il de la réponse de France Télévision à votre film devenu très médiatique maintenant?
Bizarrement, le film fait l'unanimité auprès des médias en tout genre.
Le Parisien a aimé, Radio Nova a adoré, Michel Gondry a admiré, MÊME TF1 en a parlé...
Et France télé? et bien France télé... a détesté...