J’ai 34 ans et je fais partie de la fameuse « Génération Albator » qui nous a permis de connaître l’âge d’or des dessins animés à la télévision (rien à voir avec les daubes débiles que se bouffent les gamins de nos jours !!) dont « Albator » était l’un des meilleurs, à tel point qu’aujourd’hui il est devenu culte !! Alors lorsque l’on nous a annoncé qu’un film d’animation en synthèse comme le superbe "Final Fantasy VII : Advent Children" portant sur notre cher capitaine allait voir le jour, j’étais plus qu’impatient et mon âme d’enfant m’a vite rattrapé. Alors, que vaut le bébé ? Tout d’abord, "Albator Corsaire de l’Espace" se détache totalement de toute autre œuvre déjà existante sur le héros (manga, séries, films, oav), nous proposant donc une histoire 100% inédite, plus sombre et adulte que la série de notre enfance mais tout en restant très proche de la vision de Leiji Matsumoto (il faut avouer que ce grand mangaka a toujours dessiné des univers assez pessimistes : toute son œuvre repose sur des personnages charismatiques affrontant ces mondes où l’espoir ne semble plus être un concept d'actualité…sans déconner, ne trouvez-vous pas que « Galaxy Express 999 » est super nihiliste ?!!). Il n’y a qu’à écouter et regarder attentivement l’introduction du film nous expliquant l’histoire de l’humanité jusqu’à présent pour se rendre compte que nous ne sommes pas ici pour rigoler dans un Wonderland !! Visuellement, "Albator Corsaire de l’Espace" est magnifique, à un tel point que l’on peut le considérer sans hésitation comme l’un des fleurons de l’animation japonaise : rarement le mot photoréalisme a eu plus belle représentation, la qualité de la synthèse distançant de plusieurs années-lumière toute production Pixar ou Dreamworks (désolé pour les fans de ces firmes, mais affirmer le contraire ne serait que pur MENSONGE !!). De plus, la remarquable direction artistique de Shinji Aramaki (habitué des films d’animation avec à son palmarès "Appleseed", "Appleseed Ex Machina", "Starship Troopers : Invasion" et "Halo Legends") est particulièrement stylée : elle nous en met plein les yeux, à grands coups costumes impressionnants, de décors grandioses et de batailles épiques. Car oui, je vous rassure : ce qui faisait le grand charme de la série « Albator » , c’est-à-dire des combats spatiaux vertigineux, est bien présent sauf qu’ici…ils sont tout simplement TITANESQUES !! Avec des effets spéciaux ahurissants, notamment au niveau des canons lasers, on suit avec délices les exploits du vaisseau Arcadia…ah l’Arcadia justement : mais PUTAIN qu’il est MAGNIFIQUE !!! Son nouveau design est génial : plus sombre, plus viscéral, plus agressif, c’est tout simplement l’une des plus belles réussites visuelles du film. Rien que la nouvelle proue avec la tête de mort est sublime, provoquant à la fois terreur et respect : les incroyables scènes d’éperonnage sont d’ailleurs absolument jouissives !!! Non, sans fausse modestie, c’est classe, super classe même : ce visuel ébouriffant parvient à abolir un peu plus la frontière entre l’animation et le cinéma live (oui car le film tout entier est comme un film live, dans sa construction comme dans son découpage). Mais maintenant, arrêtons nous sur LA vraie réussite du film, LE héros : Albator. Le personnage a été fortement repensé en profondeur : bien plus torturé que dans l’animé original, il ne nous n'est plus présenté comme un « banal » corsaire élégant et ténébreux, mais comme un leader torturé et secret dont le charisme plane sur tout le film même si, scénaristiquement, il est plutôt relégué au second plan. Personnellement, je trouve cette idée assez bonne car elle permet deux choses : 01) Albator nous est présenté comme une ombre, un personnage presque irréel et dont on dit de surcroit qu’il serait immortel : on en fait un véritable mythe quasi divin, et cela amène un formidable et intéressant contraste lorsqu’on nous le dévoile en tant qu’homme hautement faillible dont la quête incessante tient autant de la révolution contre le système établi par la Coalition Gaïa que de l’expiation d’un énorme sentiment de culpabilité issu d’un lourd passé trouble. 02) cette astuce de scénario permet ainsi aux personnes ne connaissant pas du tout Albator de découvrir petit à petit ce héros, pouvant ainsi provoquer chez eux une envie de s’intéresser à tous les supports existants sur notre ami corsaire. On est aussi content de retrouver d’autres personnages connu comme l’armurier Yattaran, la belle et forte Kei (avec laquelle nous aurons droit à une très sexy scène de douche totalement « fan service » !) et surtout l’un des personnages les plus populaires auprès des fans : l’énigmatique et charmante Mimay qui est très fidèle au personnage d’origine (dernière représente des Nibelungen, elle ne possède pas de pupille, se nourrit exclusivement d'alcool et est la confidente d'Albator). Et Toshirô me diriez-vous ? Il faut avouer qu’on attend un bon bout de temps avant d’entendre son nom…si vous connaissez le monde d’Albator, vous devez déjà avoir une idée du pourquoi, et si vous n’êtes pas familier du capitaine corsaire, et bien je ne dit rien pour ne pas vous gâcher la surprise de savoir qui est ce personnage et où il se trouve dans le film. Je terminerais en congratulant le compositeur de la bande originale Tetsuya Takahashi (habitué lui aussi aux animés : "Resident Evil : Degeneration", "Dragon Age : Dawn of the Seeker", "Halo Legends", "Iron Man : Rise of Technovore" et "Orbital") pour son très bon score totalement épique qui atteint l’apothéose lors des combats spatiaux ! Ah oui, une toute dernière chose, à mi-chemin entre un coup de gueule et un conseil d’ami : dans ma salle, des parents étaient venus avec leurs deux enfants (environ 8 et 5 ans)…quelle excellente idée. Non bordel, faut vraiment arrêter en France avec cette putain d’idée reçue débile que dessin animé = enfants !! Non, non et NON !!! Les japonais nous ont depuis longtemps prouvé que tous les dessins animés ne sont pas pour des enfants et que certains visaient directement les adultes : "Akira", "Millennium Actress", "Blood The Last Vampire", "Ghost In The Shell 1&2", "Manie-Manie", "Ninja Scroll", "Violence Jack", "Redline", "Le Tombeau des Lucioles", "Robot Carnival", "Metropolis", "Urotsukidoji", "Princesse Mononoke", "Memories", "Appleseed", "Perfect Blue", "Jin-Roh", "Steamboy", Sky Crawlers... sans déconner : laissez des gosses mater ces œuvres, vous m’en direz des nouvelles !! Alors, à tous les parents de France : n’emmenez aucun enfant de moins de 15 ans voir "Albator Corsaire de l’Espace" car c’est un film sombre, adulte, fleurtant avec le nihilisme dont le scénario est assez recherché et, en plus, il est long (presque 2h), donc vos bambins vont vite se faire chier, donc vous faire chier, donc faire chier les autres spectateurs de la salle (oui : c’est du vécu !!). Alors vu ce que coûte le cinéma, il vaut mieux éviter de passer un sale moment. Alors avec toute ma plus grande sincérité, ne venez pas voir ce film avec vos enfants, allez plutôt voir "La Reine des Neiges", "Belle et Sébastien", "Sur la Terre des Dinosaures", "L'Apprenti Père Noël 2" ou "Amazonia" : c’est bien mieux adapté pour eux et ils passeront un vrai bon moment...et vous aussi par la même occasion !!
Bilan : soyons franc, le pirate le plus populaire et charismatique de l’univers ne pouvait pas rêver meilleure adaptation que celle-ci. Nous livrant son meilleur film à ce jour, Shinji Aramaki revisite le mythe en apportant une note bien plus adulte sous la forme d’un formidable space-opéra sombre, osé mais d'une incroyable puissance : un très bel hommage à l’univers créé par Leiji Matsumoto (et c’est un fan qui parle !) dont le seul défaut est d’avoir été amputé d’une quinzaine de minutes par rapport à la version japonaise (et, comme c’est souvent le cas pour un film d’animation japonais, cela se traduit souvent par une perte d’explications du scénario au profit d’un meilleur rythme). Au final, une GRANDIOSE réussite !! Maintenant, moi j’attends avec impatience un film d’animation de même qualité sur l’univers « Macross » !