Biopic assez contrasté. L'interprétation est assez bonne, mention bien sur pour Sveva Alviti qui interprète avec une immense fougue et un grand réalisme Dalida, mais aussi Riccardo Scamarcio qui joue un Orlando plus vrai que nature. Ils sont leurs personnages. Deux grand acteurs.
Le reste du casting est bon, comme JP Rouve, qui apporte tout le contraste nécessaire au 1er mari et producteur de la chanteuse.
La reconstitution est soignée, les costumes et les décors splendides, la musique est entraînante, caractéristique d'une époque, mais bien dans nos têtes encore : on aurait presque envie de danser et chanter!
Seulement cela ne suffit pas à faire une bio palpitante et surtout réaliste. Visuellement, la réalisation reste limitée, le plus souvent aux plans serrés (sur les émotions de la chanteuse - oui l'actrice est magnifique, oui elle pleure bcp et bien, oui c'est très triste!).
On parle de la réalisatrice de LOL dc hum hum...On parle de TF1 Productions également. Désolée, on reste dans le formatage. Pas de passion à "la Môme", pas de personnage présenté dans toute sa complexité et ses contradictions (voir Cloclo). Dalida est une femme qui aura souffert toute sa vie (de femme), l'amenant comme irrémédiablement vers son suicide. Elle pleure des torrents de larmes, c'est dc assez triste et plombant à la longue ; même s'il y a des moments vraiment splendides (comme son retour à l'Olympia). La réal le dit elle-même : elle voulait comme réhabiliter la chanteuse et expliquer son choix final. Mais elle le fait de manière bcp trop linéaire, pas d'équilibre dans le film entre sa vie d'artiste et celle de femme (on passe complètement à côté de la chanteuse ?!) : le seul (presque) rappel à son succès est fait par les nombreux tubes qui jalonnent ce biopic, comme représentatif d'un morceau de vie ("Il venait d'avoir 18 ans" narre sa soit-disant liaison avec un jeune étudiant, "parole parole" narre sa liaison avec son dernier compagnon assez atypique, "je suis malade" quand elle perd son 1er mari etc etc.). C'est dc assez poussif et démonstratif (mon Dieu cette fin : obligé de pleurer!) : un tube, une histoire (d'amour). Car Dalida en a eu des histoires passionnées ! On découvre une vraie amoureuse, jusqu'au boutisme, entière, dévouée, courageuse, émotive, sensible, brisée. Donc comment pouvait-elle s'en sortir ? La fin est dès la départ inéluctable. Mais pourquoi cette sensation de devoir lui pardonner ce choix ? La réal a un parti pris assez plat et inefficace. Il manque LA scène déchirante (comme dans la Môme quand Edith cherche son Marcel qui vient de mourir). Ou il manque le lien entre l'artiste et la femme (comme on le ressentait clairement dans Cloclo où tout était lié chez le chanteur et là, les chansons prenaient judicieusement sens entre l'homme de scène et l'homme privé).
Peu de moment purement artistique donc, pas d'explications sur sa vie d'artiste, ses spectacles, sa carrière de 30 ans presque balayée.
C'est un choix de la réal certes de privilégier cet axe; mais on sent surtout qu'elle a comme rempli son cahier des charges de la bio, sans utiliser avec intelligence son choix d'angle de vue justement.
Et que dire du trauma initial de Dalida expédié en des flash back grotesques et sirupeux (ouh la petite Dalida qui hurle son malheur d'être moquée par ses camarades!). Les 40 premières minutes ressemblent d'ailleurs un épisode de Un jour un Destin.
Enfin, dernier élément qui plombe et font douter de l'ensemble : la présence au générique de Orlando him-self, gage de qualité et d'authenticité. Pour moi, c'est surtout une seule et unique vision qu'il affirme réaliste, mais semblant aseptisée par l'amour fraternel et l'importance de maintenir l'image d'icône de la femme sacrifiée car amoureuse absolue. Il semble se donner un beau rôle (non dénoué de répliques assez drôles, car ce film contient de vrais moments "drôlatiques" aussi), presque révolutionnaire alors qu'il n'a rien fait, sauf Dalida et Hélène Segarra !! Au secours!
On se sent donc obligé d'aimer cette femme qui tient debout tout au long de sa vie. Elle est montré tjs sublime, triste mais digne, recevant constamment des preuves plus terribles les uns que les autres. Qui y résisterait ? Comment ne pas la trouver d'autant plus touchante ? Limite.
Il manque donc un contre-poids avec, par exemple, l'aspect icône gay, disco, femme hautement sexuelle avec une féminité exacerbée, et comme aucune autre chanteuse de son époque ne l'avait, La femme artiste tout simplement, comme si elle n'avait pas aimé son art.
Cependant, malgré tout, on en sort véritablement émus d'avoir retrouvé une chanteuse qui fait parti du patrimoine français (merci Sveva !!), de mieux la cerner (si c'est la réalité), de redécouvrir ses tubes ringards mais sur lesquels on chante et bouge. On a les stars qu'on mérite !