Ah ce bon vieux George Coppola, un génie cinématographique indiscutable même si je n'ai pas tout vu de son œuvre, le dernier en date pour moi c’est « Coton club » que j’ai trouvé très réussi sur la forme et les personnages mais qui m’a un petit peu déplu sur le fond avec son happy end théâtral. Peu être était ce voulu ? Enfin c’est un peu tout le contraire avec les Parrains ou encore son incroyable adaptation intemporelle de Dracula et bien évidement l'originalité percutante d'Apocalypse Now que j'adore, ce dernier par ailleurs offrais sûrement de son temps, la meilleur investigation de la psyché égocentrique des américains fou de guerre, de culte et de domination. Et puis Coppola c’est aussi indéniablement un génie qui a le sens du sublime et de l'expérimentation, le tout dans une mise en scène toujours plus fascinante.
Je n'ai pas encore découvert ce fameux Tetro et voilà que je tombe sur Twixt qui m'évoque rien que par son titre : Twist x Twist (coefficient multiplicateur). Intéressant et puis ça parle de vampire et rien que pour le souvenir de Dracula, difficile d’y résister alors je saute le pas sans réfléchir. Il faut dire que depuis sa sortie, j'ai entendu un peu tout et son contraire : cheap, daube, génie, lent, pas terrible, raté, visionnaire... Bon ben ça annonce la couleur, ce film n'est pas comme les autres, parfait ! Plongeons dans ce qui s’apparente très vite à un Stephen King version Francis Ford Coppola.
Alors Twixt de quoi ça parle ?
Il était un fois, un écrivain alcoolique de roman fantastique dont la carrière semble s'embourber dans un vrai cul de sac, à l'image de la petite ville ou il vient d'arriver : Swann Valley. Joué par Val Kilmmer, Hall Baltimore était à ce qu’il semble un auteur plutôt connu mais en perte sèche ces dernières années, la voilà qui promouvoir son dernier ouvrage sur les sorcières et cherche, seul avec sa voiture et sa petite carte routière, la librairie du coin pour y faire ses dédicaces. Très vite un habitant lui apprend qu'ici, le seul endroit où l'on vends des livres c'est à la quincaillerie : Tout un symbole ! À la fois sûr la vision du livre dans l’Amérique profonde, comme la vision de l'auteur sur lui même à ce moment là. Car oui c'est bien de cela qu'il va être question dans "Twixt" : de symbolique imbriqué sur eux même. On passe devant un cloché bizarre, aux sept cadrans, tous indiquant une heure différente...
Arrivé à bon port, c'est donc entre le rayon tournevis et marteaux que Hall essaye temps bien que mal d’intéresser les rares clients sur son ouvrage. Il se retrouve rapidement face au vieux shérif de la ville qui semble plus intéressé par une petite collaboration romanesque que pour la dédicace, en effet lui aussi écrit des histoires fantastiques et il à de nombreuses idées notamment une sur des vampires. Hall n'est pas très chaud, jusqu'au moment où, le shérif lui parle d'un cadavre à sa morgue, celui d’une fillette retrouvé avec un pieu planté dans le toraxe. Devant l'instance du Shérif et le manque de fan dans la quincaillerie, Hall fini par accepter de venir voir le cadavre. Après cette introduction, Hall retourne à son hôtel et à l’accueil il apprends qu'Edgar Allan Poe en personne (Un des pères inspirateur du fantastique littéraire moderne) a séjourné dans un autre hôtel de la ville maintenant abandonné.
Hall décide d'aller y faire un tour et devant cette relique d'un passé trouble (on apprendra plus tard que des meurtres terrible ont eu lieu dans ce lieu), Hall sur le porche trouve une plaque commémorative du passage d'Edgar Allan Poe. Il trinque avec lui spirituellement en versant de son breuvage sur la plaque qui s'apparente à du sang qui sur la pierre préfigurant la thématique du retour à la vie, qui fait forcement penser à Dracula. C'est l'autre dimension de Twixt : Un récit méta avant l'heure. Sur ceux, Hall retourne à son hôtel et se dispute avec sa femme en visio-conférence sur le fait qu'ils n'ont plus un rond, au point que pour tenir elle propose de vendre les livres les plus côté de sa librairie. Celà énerve Hall qui s'y refuse, sa femme s’énerve également car au bout d'un moment il va bien falloir trouver une solution.
Voilà, maintenant le tableau est alors posé et c'est à ce moment précis, quand le romancier/coppola/artiste se sent complètement acculé que le récit ouvre la porte de son concept génial : Alors que Hall se sert un petit verre pour noyer cette réalité aussi pathétique que sordide, le son du clocher retenti (vous savez celui à plusieurs cadrans vu au début) attirant son attention, le cadre bascule doucement et Hall marche soudainement dans cette bourgade la nuit qui semble avoir un nouveau visage, presque un autre monde, un monde de rêve et fantasme : le monde de la création et de l'imaginaire.
Si certain spectateur trouve cette partie bien plus belle et attractive par rapport à la vision de la réalité, qui n’est pas très bien filmé et assez moche, ce n'est pas un hasard.
Spoiler "On"
Alors, y’a tellement de symbole dans le film que je ne pourrai tous vous les citer sans écrire quelque chose de bien trop lourd, mais la symbolique principale est très claire : le monde réel c'est moche et malheureusement on vis dedans, heureusement il est possible de partir dans le monde des rêves, un reflet inversé qui permet de tout remettre en question y compris, soit même. C'est le terrain des possibles et des meilleures version de nous même comme des pires.
En s'aventurant dans nos parts les plus obscures de notre âme, chaque personne essaye de ramener un bout de ce monde avec lui, ici l’auteur essaye de l'écrire dans la réalité pour son roman. Mais ce chemin offre aussi la possibilité d'en revenir meilleur, car ici le jugement des autres n'a pas sa place. Nous sommes toujours seul avec nous même dans nos rêves, nos interprétations et nos fantasmes, le subconscient fait son propre cinéma avec nos propres acteurs.
Et bim, on se prends ça en pleine face, c’est la puissance du récit de Coppola, dans cet habillage aussi bizarre que peu l'être humain lui même. Selon moi, Twixt est une auto analyse mais pas seulement de l’auteur, qui le reflète en temps qu'homme comme réalisateur et créateur mais aussi du spectateur. En soit tous le monde est concerné mais ce message ne sera en définitive accessible, comme souvent, qu'aux personnes ayant la réflexion de faire agir le récit sur lui même et d'en faire, je vous le donne en mille, de même.
Je m’explique, voilà comment ça marche en détail : Deux mondes, le réel moche et le rêve onirique. Le clocher est la croisé des mondes, des mondes réel et imaginaire qui ce mélange qui nous fait perdre la notion du temps (le clocher), comme dans les rêves, l'imaginaire ou le cinéma. L'écho de l'un agit sur l'autre en permanence, par exemple : La jeune fille morte renvoi à la réalité de jeune fille assassiné, qui renvoi à la fille de Hall morte dans un accident, qui renvoi à la véritable mort du vrai fils de Coppola dans la réalité. C’est le lien le plus évident mais qui résume si bien le ping pong contents de l'âme pour ce parler à elle même dans ce théâtre de marionnette.
C'est fort quand même, non vous trouvez pas ? Et la où c’est encore plus fort c’est que c’est appliqué sur tout le réçit. Tous est double : L’hôtel est double, les personnages du réel de l’hôtel qui se retrouve dans l’hôtel abandonné, la jeune fille est un vampire qui renait, messager du fantasme de l'histoire de l’hôtel qui parle de massacre d'enfant (et donc au final toujours de son fils). Un autre personnage, le religieux (double jeune du shérif qui à sûrement tué la fillette dans la réalité), qui se révèle être le fanatique qu’il dénonce en tuant les enfants de ce que l'on préfigure comme un refuge, c’est un écho à la perte de contrôle de ce prêtre, qui préfère massacrer tout le monde que de perdre le contrôle. Il agit par opposition au message qu'il transmet avec sa soit disant religion, qui fait écho à tout être humain dans le message : qui ne règle pas ses propres problèmes et ses peurs, dont celle de perdre le contrôle, on finit mal et on fait le mal.
Devant ces images, la jeune fille le mène dans sa fuite à une lanterne jaune : le soleil, le lien avec notre réalité (opposition jour/nuit, réel/imaginaire) le menant à son guide fantasmé : Edgar Allan Poe. C’est lui, le seul qui respecte de toute son âme, qui peut le guider à son propre exorcisme au travers de cet univers fantastique, le seul qui lui permettra de devenir meilleur. Et c'est qu'en devenant une meilleur version de lui même, en se pardonnant mais tout en regardant en face sa responsabilité qu'il pourra redevenir lui même un artiste. Evidament tout cela ce passe dans la reflextion de l’eau. En soit, si l'on ce fuit sois même, on ce condamne à l’érrance, mais si l'on s'affronte sois même, on devient meilleur. Et c’est ici, sur ce bout de pellicule numérique, bien plus dure que la pellicule argentique, que Coppola détruit son plus grand mal : l'ego, tout en montrant son parcourt au spectateur pour en faire de même.
Spoiler "off"
Pas mal non ? Bon je suis passé sur certains détails, il a l'histoire de Flamingo (le flamant rose) et des vampires, le final avec le retour à la morgue, les maisons des pigeons, bref même si tout est utile et fascinant à analyser, on peu facilement s'y perdre, à l’image des rêves... Mais en gros ça touche au paternalisme et à la boîte de pandore, à vous de vous amuser avec ! Mais sinon quel coup de maître !
Du coup Twixt ou pas ?
Alors c'est sûr que pour quelqu'un qui débarque devant ce film et qui attend un film de vampire classique premier degré, ça sera la douche froide mais pour quelqu'un qui prends le temps de remarquer les échos constant du récit avec toute sa dimension meta, il verra tout autre chose.
Voilà personnellement vous vous en doutez, moi j'ai adoré, même si en premier temps, je lui est un peu reproché d'avoir fait les dernières inscriptions à la fin qui raconte ce qu'il advient de son roman et de l'histoire (car du coup on pouvait ce dire, qu'on ne savait pas vraiment ce qui était réel et imaginaire) finalement, avec le recul je trouve que choisir le camps de la réalité reste bien plus cohérent avec son message. Bref, même avec un petit budget Coppola tire à balle réelle dans notre monde en utilisant le cinéma, comme souvent, comme avant et une nouvelle fois il faut du temps pour que l’œuvre d'un artiste avant-gardiste soit comprise.
Et pourtant Coppola n'en n'est pas à ces début, c'est peu être le plus remarquable chez lui, il est encore et toujours, en avance sur son temps. Cette fois il semble avoir passé son étape personnelle la plus importante pour véritablement renaître en temps qu'homme et temps qu’artiste bien sûr, j'attends donc son prochain film (oui !! il est en tournage !!) avec une terrible impatience !