Après le (peut-être) surestimé Shakespeare in Love, John Madden avait eu le vent en poupe sur la « scène » Hollywoodienne. Essuyant de nombreux échecs, même The Debt paraissait bien fade, le cinéaste devenu un « faiseur » à la vision de sa filmographie. Il revient avec l’adaptation d’un roman à saveur anglaise, il aurait pu être l’homme de la situation, hélas c’est dans l’amateurisme et la paresse que le film commence et finit son voyage.
John Madden se veut presque plus metteur en scène de théâtre que réalisateur. Tout semble figé dans son film. Les premières minutes semblent d’un autre âge par une mise en place lourde et répétitive. La réalisation prend alors des accents de téléfilm à la saveur bien pâle. Il ne convainc pas plus par sa mise en scène que dans sa volonté de diriger ses comédiens. Seules les couleurs chaudes, dorées, la chaleur humaine de l’Inde transparaît lors de rares séquences. Presque rien ne fonctionne, oscillant entre la comédie et le drame, rien durant ces deux heures ne réussira à sortir de sa torpeur le spectateur.
Tout est ancré, cliché, maladroit ; sous l’ode d’un film choral aucun des personnages ne réussit à emporter un tant soit peu d’empathie, seule la voix-off de Judi Dench, hors propros, réussit à nous séduire par parcimonie durant plus de deux heures, c’est donc long, très long. Le jeu des comédiens, résonne comme une obligation de jeu en temps et place sur un tempo, haché et dénué de toute improvisation. On sent que tout est écrit, très, trop et ne déborde jamais.
La classe sur la papier que le casting proposait n’est pas du tout mise en valeur. La faute principale à des rôles sans intérêt, sans relief où aucun aspect psychologique n’est développé. Bill Nighy, Judi Dench et Tom Wilkinson sont sous-exploités, à la limite de la perdition, étant bridé autant par l’espace dans lequel ils jouent que par l’inconsistance de leur rôle. A la fin, seule reste la minceur d’une idée que la vie n’est jamais figée et finit. L’inverse de propos du film en soit, qui confirme que Madden n’a su donner ne serait-ce qu’un semblant de relief et d’ambition à son long-métrage.
The best exotic Marigold Hotel (titre original à rallonge) n’est pas forcément un mauvais film mais un film au public ciblé et à l’exigence mesurée. Là où Madden nous inflige bons sentiments et désirs d’une vie, nous voyons clichés et facilité sur un tel sujet. Tout cela paraît plus fade qu’original et dépaysant au final.
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