Bon, Miller passe à côté de son film. Un métrage boursouflé, à la narration chaotique pour faire savant, où est donc la qualité du regard de l’auteur, celui qu’il avait mis au service de L’Effrontée ?
Ici on a un film sur la jeunesse aussi, mais sur une tonalité plus dramatique, enfin, encore aurait-il fallu que Miller ne rate pas son coup. Car au fond, La Classe de neige ce n’est pas grand-chose. L’histoire avait des idées, mais le résultat est décevant. Comme je l’ai dit, la narration est horrible, le manque de rebondissement frappant, tout étant dans l’implicite, l’ombre, rien n’ait jamais dit, et c’est redoutablement ennuyant d’être continuellement au bord de la route pendant que tout se passe ! L’histoire finit donc par être bien longue, bien pesante, et le film baigne dans une constante artificialité. Hormis la qualité des acteurs pour sauver la crédibilité de cette histoire, il n’y aurait pas grand-chose. D’ailleurs la fin, elle aussi bien ouverte est à l’image du film, c’est-à-dire que le réalisateur préfère ne pas se mouiller, laissant le spectateur devoir tout faire ! A noter aussi les moments délirants du milieu du film de grands passages de n’importe quoi tant ça vire au grand-guignol !
Le casting est bon, et c’est bien le seul intérêt notable de ce film. Pas de grosses stars ici, mais deux très belles prestations des jeunes Clément Van Den Bergh et Lokman Nalcakan. Ils sont les deux piliers du film, entourés de seconds rôles à la présence parfois anecdotique mais jamais invisible. Dommage que l’écriture du personnage de Van Den Bergh frôle le tarabiscoté, avec tout autant de relief mais une écriture plus appliquée, plus évocatrice, ça aurait pu être réellement très bon !
Formellement Miller n’est jamais aussi bon que pour les ambiances froides et glacées, son dada, et c’est heureux de le revoir ici se faire plaisir de ce côté-là, et en bien mieux que dans certains de ses films postérieurs. La mise en scène est appliquée, la photographie froide assez appréciable si on aime le style. Déçu cependant par des décors bien faibles alors que La Classe de neige pouvait offrir de belles étendues enneigées. Pareillement, la musique tout en minimalisme, ce n’est pas désagréable, mais bon, de là à dire que ça a un vrai sens.
Franchement La Classe de neige c’est un film qui laisse entrevoir le bon Miller, celui qui est capable de distiller de belles images, et une belle ambiance, mais pourquoi offrir un fond aussi inintéressant ? Enfin, que le traitement surtout, lénifiant, rend trop souvent inintéressant. Je donne 2, car il y a des choses de bonnes dans l’interprétation et dans la forme, mais quel dommage !