Killer Joe est l'adaptation d'une pièce de théâtre éponyme écrite par Tracy Letts en 1991. C'est le dramaturge lui-même qui a adapté sa pièce pour le cinéma, et ce n'est pas la première fois qu'il s'adonne à ce genre d'exercice. En effet, il était déjà derrière le scénario de Bug (2007) de William Friedkin, d'après l'une de ses pièces. Les deux hommes se sont donc retrouvés sur Killer Joe qui a, lui aussi, été mis en scène par l'incontournable réalisateur de L'Exorciste.
Le réalisateur William Friedkin a comparé son film au classique Disney Cendrillon ! Avec quelques variations, tout de même : "C’est une version un peu tordue de l’histoire de Cendrillon. Juno Temple joue une jeune fille dont le frère et le père monnayent les charmes auprès d’un tueur à gages chargé d’assassiner leur mère. Cendrillon veut se libérer de cette famille, et la seule solution qui s’offre à elle pour y parvenir, c’est de tomber amoureuse de son prince, un flic qui est aussi tueur à gages", explique-t-il.
Killer Joe se déroule à La Nouvelle Orléans, dans le sud des États-Unis, et pour l'occasion, tous les acteurs, dont l'Anglaise Juno Temple et les Californiens Thomas Haden Church et Emile Hirsch, ont dû adopter l'accent spécifique de la région. Matthew McConaughey n'a, quant à lui, pas eu besoin de faire beaucoup d'efforts, étant d'origine texane.
Avec Killer Joe, le réalisateur William Friedkin nous fait part d'une vision plutôt sombre de notre existence : "Avec tous leurs travers, les personnages de Killer Joe nous offrent une sorte de peinture sociale tragique. Le film délivre des vérités immuables, même si elles sont gênantes. Il se passe dans le monde d’aujourd’hui où plus rien ne me choque. Nous maîtrisons si peu les choses qui nous arrivent dans la vie ; en fait, tous les personnages de Killer Joe cherchent à contrôler leur existence, sans y parvenir", déclare-t-il.
Tracy Letts, qui a écrit la pièce de théâtre d'origine et le scénario de Killer Joe, a été très présent pour l'équipe du film. Il a notamment rédigé un mémo détaillé qu'il a fait parvenir aux acteurs et à tous les membres de la production. Chacun a ensuite eu l'occasion de s'entretenir avec lui, ce que le réalisateur William Friedkin a fait avec plaisir : "Nous avons suivi les indications de Tracy à la lettre, tant elles constituaient une véritable révélation sur les motivations profondes de ce dont nous traitions", déclare-t-il.
Chaque réalisateur a une politique différente sur le nombre de prises qu'il fait faire à ses acteurs lors du tournage d'un film. William Friedkin est de ceux qui font le moins de prises possible, comme l'explique le producteur Nicolas Chartier : "Billy Friedkin sait ce qu’il veut et comment l’obtenir. Le plus incroyable sur le tournage, c’est sa règle des "deux prises, c’est tout". Il permet aux acteurs de se plonger à fond dans leurs personnages. Avec une caméra qu’il souhaite "invisible", il offre aux acteurs une atmosphère qui leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes."
Matthew McConaughey interprète le rôle-titre du film, Killer Joe, policier le jour, tueur à gages la nuit. Un personnage ambigu, donc. Le comédien raconte : "La première fois que j’ai lu le scénario, je n’arrivais pas à bien cerner mon personnage. Ensuite, j’ai rencontré Billy Friedkin, et son enthousiasme pour l’histoire d’amour et l’humour irrévérencieux de cette famille méchamment dysfonctionnelle m’a aidé à l’envisager sous un angle plus drolatique."
Dans Killer Joe, Emile Hirsch interprète le jeune dealer Chris Smith : "Il est bourré de défauts, mais il a aussi de grands rêves et des aspirations. Je dirais qu’il est à la fois un entrepreneur et un perdant magnifique", déclare le comédien à propos de son personnage. Ce que confirme le producteur Nicolas Chartier : "Il manque de sens moral, et il est très, très malchanceux. Mais au fond je ne pense pas qu’il soit malveillant… si l’on omet le fait qu’il essaye de tuer sa mère, de prostituer sa sœur et de vendre de la drogue à son père !"
Juno Temple déclare à propos de son personnage, l'innocente Dottie : "Elle a un côté très enfantin, mais elle est aussi incroyablement mûre pour son âge. J’ai rarement incarné un personnage aussi honnête. On dirait une poupée de porcelaine prise dans un tourbillon de violence et de folie."
Matthew McConaughey parle de son personnage, le policier et assassin Joe : "De toute évidence, Joe a depuis longtemps perdu toute notion de ce qu’est une famille, et son travail est la seule structure qui lui reste". Il ajoute à propos de la relation qui se crée entre son personnage et la jeune Dottie (Juno Temple) : "Sa famille s’est servie de Dottie comme d’une vulgaire prostituée (...). Au fond, Joe trouve cet acte abject. Il veut donc aider la jeune fille à se libérer, et réalise qu’il pourrait se sauver lui-même par la même occasion. Il n’agit pas ainsi par suffisance, mais plutôt dans l’esprit de l’Ancien Testament, d’une façon quasi apocalyptique, pour donner une leçon à Chris, à Ansel, et surtout à Sharla."
A l'origine, la pièce de Tracy Letts se déroulait au Texas, mais la production du film a décidé que la Louisiane, et notamment la ville de La Nouvelle-Orléans, serait plus appropriée pour un long métrage de cinéma : "Le décor devait refléter l’ambiance et le ton de l’histoire, et La Nouvelle Orléans a tellement de facettes différentes que c’était la toile de fond parfaite pour notre film", déclare le producteur Scott Einbinder.
Trouver l'actrice pour incarner la jeune et innocente fille de la famille Smith a été une tâche ardue. Le choix du réalisateur s'est finalement porté sur la jeune actrice britannique Juno Temple. La comédienne n'en est pas à son premier rôle au cinéma, même si elle n'a que rarement été vue en tête d'affiche. En 2012, elle a donc tenu un rôle clé dans le modeste Killer Joe, mais a également participé, dans un rôle mineur, à la superproduction The Dark Knight Rises.
2012 a définitivement été l'année de Matthew McConaughey. Présent à Cannes avec deux films en Compétition (Mud et Paperboy, qui se déroulent tous deux dans le sud des États-Unis), le comédien a passé l'été dénudé dans Magic Mike avant de retrouver la moiteur du sud des États-Unis pour Killer Joe, laissant ainsi son accent texan s'exprimer pleinement.
Killer Joe a été présenté en Compétition à la Mostra de Venise 2011, d'où il est reparti bredouille. Sur le continent nord-américain, l'avant-première du film s'est tenue lors du Festival de Toronto de la même année. En 2012, il a été présenté, en avant-première toujours, lors du Festival de Deauville, qui rendait également un hommage spécial à son réalisateur, William Friedkin.
Le tournage du film a duré un peu plus d'un mois, et s'est déroulé entre novembre et décembre 2010.