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weihnachtsmann
1 154 abonnés
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4,0
Publiée le 4 décembre 2021
Et si je m’étais mis à aimer la pièce davantage que le film? N’est-elle pas aussi le film?? Azema dit « On est bien dans vos bras, comme dans une petite maison fermée ». C’est l’impression que la pièce m’a faite. Magnifique texte et sublime interprétation. La pièce est la pièce, et le coffret est le film. Orphee est avec Eurydice et le film est un écrin subtil qui l’enjolive.
très émouvant.... le théâtre ainsi filmé est extraordinaire ; le jeu des acteurs est un vrai plaisir ; l'imaginaire du spectateur n'a plus qu'à se laisser aller.
Un auteur de théâtre rassemble, après sa mort, les comédiens qui ont joué sa pièce Eurydice. Il les rassemble pour les faire juger cette pièce jouée par une jeune troupe de théâtre. Fin à surprise. (texte de Anouilh, très beau
Très original scénario. Les acteurs sont tous très bons. Ils jouent leur propre rôle, et le rôle qu'ils ont interprété dans la pièce précédemment. Il y a donc deux niveaux de jeu, avec alternance des rôles. Le texte est très beau et la réalisation de très haute qualité. Lieu presque unique, des décors très originaux avec une mise en scène très inventive : maison de l'auteur, salle de spectacle, hall de gare... C'est très intelligemment filmé, l'émotion affleure souvent grâce à l'art dramatique des acteurs. (j'ai mis seulement 4/5 à cause de la chanson en anglais à la fin du film !)
Alain Resnais mêle habilement théâtre et cinéma car ce n'est pas du théâtre filmé mais réellement un film rendant hommage au théâtre. On suit avez intérêt les amours compliquées et passionnées d'Eurydice et Orphée. L'idée phare étant de faire jouer l'intégralité de la pièce à tous les comédiens l'ayant joué des années auparavant. Le texte revient peu à peu, puis le jeu et les émotions. Les dialogues s'enchaînent indifféremment entre les deux couples. Cependant, la répartition est peu équilibrée car au fur et à mesure le couple Arditti / Azéma prend de plus en plus de place voire trop de place et Sabine Azéma en fait des tonnes et surjoue. Un film très intéressant pour les passionnés de théâtre ou pour ceux qui le pratiquent.
Maintenant octogénaire, Alain Resnais se permet encore de titrer son film "Vous n'avez encore rien vu"... et de le prouver avec un film encore une fois étonnant et ludique, tout entier dédié à son exceptionnelle troupe d'acteurs.
Merci pour cet hommage à Jean Anouilh! Le couple Anne Consigny et Lambert Wilson sont magnifiques,ils font tout de suite naître l'émotion;ils SONT Orphé et Eurydice,ils ne "fabriquent" rien, contrairement à Sabine Azéma qui surjoue malheureusement (problème d'adaptation du théâtre à la caméra?) ! Quel dommage que ce soit elle (et Arditi -qui s'en sort plutôt bien-) qui interprètent le plus gros morceau de la pièce d'Eurydice...On est un peu frustré de pas voir plus A.Consigny et L.Wilson mais on est heureux tout de même, grâce à tous ces excellents comédiens qu'on a peu l'occasion de voir ensemble, d'entendre le "verbe" d'Anouilh servi par Alain Resnais. Chapeau bas l'Artiste!
On n'a effectivement encore rien vu avant d'entrer dans la salle et on n'a pas besoin d'en voir plus après. En confrontant par écran interposé ses acteurs fétiches (et d'autres, tout aussi confirmés) à des acteurs débutants, à un classique du théâtre ("Eurydice" de Jean Anouilh) et, quelque part, au sens de leur métier et à leur vocation, Alain Resnais propose une mise en abîme conceptuelle, originale et brillante et, surtout, fait une véritable déclaration d'amour enflammée aux comédiens. Un amour très communicatif qui crève l'écran. En même temps, difficile de ne pas être admiratif devant les performances de tous ces mastodontes des planches tout en restant attentif au jeu des jeunes comédiens filmés par Bruno Podalydès. "Vous n'avez encore rien Vu", ce n'est pas du théâtre filmé : Resnais expérimente, invente constamment et joue sur les passerelles et les différences entre l'exercice théâtral et l'exercice cinématographique. Il est bien aidé en cela par la photo superbe d'Eric Gautier et des effets spéciaux (oui, oui) discrets et efficaces. Au niveau du rythme, beaucoup de redondances parsèment le film puisque ce qui est joué par la troupe de la Colombe est souvent repris par les acteurs qui regardent la captation de la pièce, comme s'ils se régénéraient à cette vision, avec en plus un dédoublement du couple Orphée-Eurydice (Arditi-Azéma d'un côté, Wilson-Consigny de l'autre). Ces répétitions (dans tous les sens du terme) nous font trouver le temps un peu long mais elles contribuent aussi à donner un écho assez fascinant au texte et au jeu et un côté hypnotique au film, un peu comme des boucles en musique. Et puis, malgré le côté très sérieux de l'affaire, Resnais n'a pas renoncé pour autant à une certaine fantaisie (voir la fin du film et le destin du personnage interprété par Denis Podalydès, le seul acteur ou presque à ne pas "jouer" son propre rôle). Fantaisie dont il a fait preuve dans ses œuvres récentes avec des hauts ("On Connait la Chanson") et des bas ("Cœurs") mais dont il use ici avec parcimonie, comme un professeur qui ferait une petite blague de potache à la fin d'une leçon. Leçon magistrale, quoiqu'un peu élitiste.
Dans la sélection cannoise annuelle, un titre particulièrement audacieux sortait de la masse. Il sortait de la masse parce que, en bas des rideaux, nous pouvions remarquer la signature d’Alain Resnais – désormais l’un des doyens du cinéma français. Il sortait de la masse parce que, loin des Herbes folles, le long-métrage ici présent nous promettait l’inédit à travers ce fameux titre : Vous n’avez encore rien vu. Excès de narcissisme ou simple lucidité ? Le fait est que dès les premiers instants – où chacun des comédiens se voit annoncer la mort d’un proche, célèbre auteur dramatique – on nous sert un plat à la saveur atypique. À vrai dire, impossible de savoir où nous nous trouvons. L’arrivée des invités au manoir fait beaucoup penser aux Dix petits nègres d’Agatha Christie mais il n’en est rien. Même le simple mot « cinéma » se trouve dissocié de cette œuvre filmique où les acteurs ont conservé leur véritable nom. Comme si c’était bel et bien les comédiens en personne qui étaient venus assister à cette représentation d’Eurydice, par une troupe de théâtre de rue, la Compagnie de la Colombe. C’est donc après une ultime parole envers ses camarades qu’Antoine d’Anthac – Denis Podalydès, le seul à avoir changé de nom pour l’occasion – introduit cette représentation des temps modernes du mythe d’Eurydice, sur un grand écran de cinéma. Le mythe d’Eurydice revisité par un des maîtres de l’anachronisme dramatique : Jean Anouilh. Les jeunes jouent leur rôle comme il se doit quand soudain, une chose pour le moins inattendue se produit. Les mots s’échappent de l’écran et viennent directement se loger dans la bouche des fameux comédiens – chacun d’eux ayant joué dans la pièce d’Eurydice par Antoine d’Anthac. C’est alors une double-représentation qui se joue sous nos yeux de simples spectateurs indéniablement surpris par la tournure des évènements. Encore plus impressionnant, les personnages d’Orphée et Eurydice sont tous deux interprétés par deux couples d’acteurs différents : quand Pierre Arditi donne la réplique à Sabine Azéma, Lambert Wilson fait de même avec la charmante Anne Consigny. Une fois encore, les choses changent. Trois représentations se déroulent désormais dans cette espèce de grand manoir plein de mystères où nait un fabuleux moment dramatique. L’espace d’un instant, on pourrait même penser que la salle de cinéma où nous nous trouvons s’est étrangement volatilisée pour laisser place à un théâtre et ses superbes décors. C’est probablement ce qui se serait passé si l’ensemble était filmé par un seul et unique plan-séquence mais il n’en est rien. En fait, Vous n’avez encore rien vu est bien plus que cela. Vous n’avez encore rien vu s’avère être la fabuleuse rencontre entre l’univers du cinéma et celui du théâtre. Le devant des caméras et les planches. Comme si deux mondes strictement différents en venaient à se croiser pour donner un long-métrage effectivement inédit. Néanmoins, ce moment d’intense réflexion est loin de se résumer à cela. Il faut aller encore plus loin. Pourquoi Resnais aurait-il eu ce besoin de filmer trois différentes représentations ? Pourquoi si ce n’est dans le but de démontre par a + b qu’au fil des années jamais l’art ne meure et que le tout n’est en fait qu’un somptueux héritage. Une postérité que se livrent entre eux chaque personne ayant participé à l’enrichissement de cet art. Ce que l’on se doit de remarquer, c’est les trois générations qui sont représentées à travers les plus vieux comédiens : Michel Piccoli, Pierre Arditi, Sabine Azéma etc ; le juste milieu : Lambert Wilson, Anne Consigny, Mathieu Amalric etc. ; et enfin, les plus jeunes : la Compagnie de la Colombe. Jamais l’on ne cesse de percevoir un renouvellement, un changement, dans le jeu des différents acteurs. Chaque intonation – qu’elle soit fiévreuse ou nettement plus tragique – diffère d’un comédien à l’autre. Chaque mise en scène apporte à la pièce d’Anouilh un nouvel univers… Finalement, Vous n’avez encore rien vu ne serait-il pas un prologue pour nous dire que l’art n’en finira jamais de nous surprendre ? Tout cela demeure une fabuleuse déclaration d’amour au théâtre comme à ses représentants. De la même façon que Resnais proclame tout son amour à ses fidèles comédiens que sont ceux du film. Des acteurs brillants qui ont suivi ce dernier à de nombreuses reprises. Ils nous arrivent usés dans les murs du manoir et finalement, parviennent à trouver une seconde jeunesse leur permettant de dire : je n’en ai pas fini. Si l’on pourra constater que les dialogues ont hélas été inéquitablement répartis auprès des comédiens, leur interprétation n’en demeure pas moins toutes aussi fabuleuses les unes que les autres… Vous n’avez encore rien vu est la preuve formelle que non, nous n’avons encore rien vu. Nous, cinéphiles et amateurs de théâtre, n’en avons pas fini avec l’art de jouer. Nous n’en avons pas fini car l’art est éternel.
Bien sûr, il faut se laisser prendre et amener par le film. Bien sûr le jeu des acteurs est remarquable, de grands comédiens, Bien sûr il y a ceux que l'on aime et ceux que l'on aime moins. Le plus surprenant est comment ce jeu à trois générations renforce l'universalité de la pièce, et sert le texte. Moi j'ai plongé, la réalisation est parfaite, le décorum et la mise en scène renforcent le propos... Et pourtant j'ai quelques regrets. Pourquoi cette fin sans intérêt, alors que j'attendais le mélange des générations et la propulsion des jeunes acteurs (mais ceux là s'estompent au fur et à mesure) au profit du jeu des anciens. La dernière scène et un contre sens, à mon sens. Mathieu Amalric est le meilleur !
Alain Resnais a 90 ans et nous sommes heureux de découvrir aujourd'hui un film qui sent bon la jeunesse. Quelque chose comme "L'année dernière à Marienbad" avec moins de solennité dans le ton mais tout autant de profondeur. Profitant de deux pièces de Jean Anouilh, Alain Resnais revisite le mythe d'Orphée et Eurydice par le biais de nombreux acteurs - et quels acteurs! - qui ont tous interprété un rôle dans la pièce "Eurydice" d'un certain Antoine d'Anthac qui les a rassemblés dans un adieu posthume. Inutile de dire qu'il s'agit de la pièce d'Anouilh, "Eurydice", mais chez Alain Resnais les pièges sont monnaie courante - et c'est bien cela qu'on aime. La mise en abyme, chère à Anouilh, devient la règle du jeu dans le film. Mais ici un même rôle est joué par deux ou trois acteurs de générations différentes. Bien sûr le film convoque des thèmes chers à Alain Resnais: la mort, l'illusion théâtrale, "l'amour à mort"... Mais il s'agit avant tout d'un hommage à tous ces acteurs et actrices que le réalisateur aime tant. Les fidèles d'abord: Pierre Arditi et Sabine Azéma, Lambert Wilson; les nouveaux venus, remarqués dans un des derniers films du maître: Mathieu Amalric, Anne Consigny, mais aussi ceux et celles qui n'ont pas eu l'heur d'entrer dans l'univers d'Alain Resnais. Et quel plaisir d'assister à une démonstration virtuose de l'art de la comédie! Arditi superbe et raffiné, Azéma excessive - c'est son péché mignon -, Consigny parfaite dans sa théâtralité, Piccoli toujours grand seigneur malgré le grand âge, Vuillermoz dont on apprécie l'humour (il lui suffit de si peu pour exprimer beaucoup) et tous ceux que l'on aime et que l'on ne peut citer tant le casting est riche et impressionnant. Un film par conséquent sur le théâtre et évidemment sur le cinéma, les deux étant liés comme on le sait.
C'est un film très original tant sur les lieux très beaux et aussi austères et aussi minimaliste pour la pièce. L'auteur Peut se permettre cette performance risquée parce qu'il l'experience de la mise en scène et celle des acteurs avec qui il à déjà tourne. Il en ressort une œuvre étrange mais très réussie qui previligie de formidables acteurs et actrices. Merci Mr Resnais
Je n'avais pas très envie de le voir . Pourtant je suis fasciné par le travail de ce réalisateur et certains films sont pour moi inoubliables ( smoking/ no smoking en particulier ) . Mais là : peur de m'ennuyer , la pièce d'Anouilh m'était tombé des mains à la lecture. Le côté vieillot ne m'effrayait pas car je suis sensible à l'ambiance quelque peu surannée et mortifère des oeuvres de Resnais mais je craignais de devoir me raccrocher uniquement à la facture technique pour apprécier ce film. Au final, une heureuse surprise ! Certes, le matériau d'Anouilh n'est pas le plus passionnant du monde mais il distille un charme envoûtant et peut même par instants, émouvoir! Cet étrange climat, entre le funérarium et la gare de province, les lumières irréalistes d'Eric Gautier et les accords de Mark Snow , m'a totalement séduit. Le jeu d'écho avec la captation de Bruno Podalydès m'a procuré un vif plaisir : intellectuel celui-là, moins nourrissant de prime abord que le rire ou l'émotion, mais plus consistant ! De même que la pluralité des lectures possible : l'idée selon laquelle ces comédiens sont en fait tous morts ( accentuée par la dimension sépulcrale du décor de Saunier ) me séduit beaucoup . Tout comme l'idée , assez bouleversante, d'un ( dernier ? ) hommage de Resnais à ses comédiens. Les acteurs ? Excellents, surtout Amalric, génial en émissaire de la mort. Et je défends Sabine Azéma, dont le jeu parfois plus outré ( et encore !) me semble tout à fait adapté à la comédienne aux airs de diva qu'elle incarne.