Dire de ce film du duo Carné/Prévert, qu'il est beau, sonne comme une banalité, a raison. Toutefois, je crois, qu'il y'a dans cela une forme d'héritage, à la fois une petite contestation par nuance pour un film qui se façonne par difficulté, par sa démesure également qui officie tel un croissement. Alors oui, dire que ce film est beau n'a rien de difficile, il y raconte un éloge de la vie !
Un peu de grandiloquence dans cet intro, pourtant le film se rapproche de son Paradis, ne si raconte qu'à travers de regard tendre et âpre en même temps, une vie de théâtre en somme. Des affres des artistes, connus, reconnus ou plus discret, l'on entrevoit les silhouettes, les cœurs, les ambitions ou non. Trois heures qui filent, à toute vitesse.
Comme une habitude, Prévert écrit à ravir, Carné capture ses mots, les acteurs et actrices s'en imprègnent et deviennent ses corps, ses visages, les voix de la gaieté et de la tristesse confondu dans cette ville qui prend de cela essence et devient témoin à distance des comédies et drames. Le rêve par consolation aux malheurs qui de surcroit devient grandeur ramené par les coups de ceux qui veulent en extraire la moindre de ces petites parcelles, pour diverses raisons, frustrations, désirs, jalousie, raisonnent encore par l'éloquence de Baptiste dans son aveu, lors de cette magnifique nuit.
Arletty, Maria Casarès, Jean-Louis Barrault, Marcel Herrand, Pierre Brasseur et consorts sont divins ! Vraiment, je me permet encore d'en attester, ils et elles portent ses personnages, les font devenir tangibles, proches de nous, même éloigné par les temporalités, les époques, on est là, avec eux.
Une déclaration d'amour à ses pauvres qui ne rêvent pas tant que cela de nouvelle richesse, de gloire, mais qui veulent rires, vivres, croisé des regards et arpenter les rues pour découvrir et retenir les émotions qui s'y cachent au-delà des apparences. Un chassé croisé en deux parties, une première aventureuse, une seconde plus douloureuse.
Un Classique du Cinéma.